"A un certain moment, j’ai stoppé les troupes" (Medvedev)

© RIA Novosti . Vladimir Rodionov / Accéder à la base multimédiaDmitri Medvedev répondait aux questions de l’animatrice de Russia Today (RT) Sofia Chevardnadze et la rédactrice en chef de la chaîne Pervyi Kavkazskiy (Première Caucase, PIK) Ekaterina Kotrikadze.
Dmitri Medvedev répondait aux questions de l’animatrice de Russia Today (RT) Sofia Chevardnadze et la rédactrice en chef de la chaîne Pervyi Kavkazskiy (Première Caucase, PIK) Ekaterina Kotrikadze. - Sputnik Afrique
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L’interview du président Dmitri Medvedev, consacrée au troisième anniversaire du conflit russo-géorgien autour de l’Ossétie du Sud, est un scoop, ne fût-ce qu'en raison des interlocuteurs choisis par le président.

L’interview du président Dmitri Medvedev, consacrée au troisième anniversaire du conflit russo-géorgien autour de l’Ossétie du Sud, est un scoop, ne fût-ce qu'en raison des interlocuteurs choisis par le président. Le président russe répondait aux questions de l’animatrice de Russia Today (RT) Sofia Chevardnadze et la rédactrice en chef de la chaîne Pervyi Kavkazskiy (Première Caucase, PIK) Ekaterina Kotrikadze.

La PIK, diffusée en russe dans les pays de la CEI et créée quelques mois auparavant par Ekaterina Kotrikadze et l’ancien journaliste de la BBC Robert Parsons, se positionne comme un média géorgien indépendant. Néanmoins, le fait que le lancement de ce projet ait été activement salué par le président géorgien Mikhaïl Saakachvili a suscité des doutes auprès des experts sur la capacité de la PIK de critiquer le chef de l’Etat géorgien.

Si de telles craintes existaient, la PIK peut mettre à son actif l’interview du président russe.

Le format de la discussion non convenue auparavant a donné à Medvedev la possibilité non seulement de formuler sa position, mais également de fournir certains détails du conflit peu connus auparavant. Il s’avère que Medvedev a pris la décision de lancer une riposte armée contre Saakachvili sans s’être longuement concerté avec le premier ministre Vladimir Poutine: selon le président, il a contacté le premier ministre, qui se trouvait à cet instant à Pékin, le lendemain seulement du début des opérations militaires.

"J’avais déjà donné tous les ordres. L’action était déjà lancée. Vladimir Poutine a simplement déclaré que nous y étions catégoriquement hostiles, et évidement il a bien fait. Le lendemain seulement nous avons parlé sur une ligne protégée car, comme vous le comprenez, les questions de ce genre ne se discutent pas au téléphone", a déclaré le président russe pendant l’interview.

Le second détail important expliqué par Medvedev est la reconnaissance qu’en août 2008 il avait pris personnellement la décision de stopper les troupes russes qui progressaient en territoire géorgien.

"Saakachvili devrait m’être reconnaissant pour avoir stoppé les troupes à un certain moment.

Si elles étaient entrées dans Tbilissi, une autre personne serait actuellement au poste de président géorgien", a déclaré Medvedev. Il est à noter que de l’interview ont apprend que Moscou voit le changement du gouvernement géorgien comme une évolution souhaitable des événements. Or ce n’est pas une ingérence militaire étrangère, mais le peuple géorgien qui doit contribuer à de tels événements pendant l’élection présidentielle.

Il convient de noter que le président russe a cité beaucoup d’arguments réfutant les principales versions du conflit, peu flatteuses pour la Russie, exposées dans les questions posées par les journalistes. Il s’agit de la version d’une préparation anticipée du conflit selon le
"modèle de Chypre du Nord", la comparaison avec les événements en Tchétchénie en 1999 et les questions de l’incohérence des communiqués sur les pertes parmi les Ossètes dans les médias russes et dans les rapports des procureurs et des commissions internationales.

Selon Medvedev, la guerre a été provoquée par la mort de citoyens russes (rappelons qu’au début du bombardement de Tskhinvali par l’artillerie géorgienne dans la nuit du 7 au 8 août 2009, 90% de la population d’Ossétie du Sud possédaient la citoyenneté russe). Ce fait, selon les affirmations de Medvedev, est à l'origine du début du conflit, et pour cette raison il ne "pardonnera jamais" à Saakachvili ce qui s’est passé.

Dans la discussion avec les journalistes, Medvedev s’est positionné comme un "jeune président libéral". Il est à noter que son adversaire, Mikhaïl Saakachvili, se positionne de la même manière. L’élection présidentielle l’année prochaine en Russie et en Géorgie montrera à quel point la jeunesse et le libéralisme sont compatibles avec le réel respect de la loi au cours des procédures démocratiques.

En livrant ses impressions sur l’interview, Alexeï Venediktov a déclaré dans une émission sur sa propre radio que les questions sur le second mandat étaient inutiles dans ce contexte : elles n’auraient pas été appropriées au thème de l’interview et le président n’y aurait tout simplement pas répondu.

Une incertitude similaire entoure également l’avenir politique de Saakachvili. Toutefois, la majorité des experts ne doutent pas de sa survie politique. Pour l’instant les électeurs n’ont jamais (à l’exception de l’élection de Boris Eltsine en 1991) eu la véritable possibilité d’élire un candidat inapprécié par le gouvernement, ni en Russie, ni en Géorgie.

"Après l’effondrement de l’Union soviétique, la présidentielle véritablement libre s’est tenue seulement en Abkhazie, que Saakachvili a promis de faire rentrer dans le giron de la Géorgie "démocratique". En 2004, un représentant de l’opposition y a été élu, a fait remarquer dans un entretien avec un commentateur de RIA Novosti Felix Stanevsky, ancien ambassadeur russe en Géorgie en 1996-2000. Et en Géorgie, dès l’arrivée au pouvoir, après la révolution des roses en 2003, Saakachvili a été élu avec 96% des voix, résultat qui peut sembler inapproprié s'agissant d'un jeune libéra".

Toutefois, même les adversaires les plus radicaux du président russe en Géorgie s’accorderont avec Medvedev sur une chose : les conflits armés ne règlent jamais les problèmes.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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