Un haut diplomate russe parle de la situation au Maghreb

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Le Proche Orient et l'Afrique du Nord restent les points chauds de la planète. La guerre civile continue de faire rage en Lybie alors que le scénario analogue se dessine en Syrie. Pour savoir le point de vue de Moscou sur ces événements d'actualité l'agence RIA Novosti a organisé un communiqué de presse de Serguei Verchinine, directeur du département du Proche Orient et de l'Afrique du Nord du ministère des Affaires étrangères russe. Notre commentateur Alexei Grigoriev vous propose d'apprendre des extraits de ce communiqué consacrés à la situation au Maghreb. Première question: quelle est l'attitude de la Russie face aux événements dans la région?

"Nous ne prétendons pas à des bases dans cette région, n'y envoyons pas nos troupes. Nous parlons de la justice, de la nécessité de permettre aux gens de résoudre leurs problèmes eux-mêmes. Nous disons qu'il ne faut pas imposer aux pays du Maghreb des solutions qui contrarient leurs traditions, leur histoire et leur mentalité. Mais la Russie est prête à appuyer ces pays dans leurs aspirations à la démocratie. En même temps on voudrait que les relations entre la Russie et le Maghreb ne se limitent pas au niveau politico-officiel mais se développent par le biais des organisations non-gouvernementales, par la voie de la démocratie populaire", insiste Sergueï Verchinine.

Deux pays du Maghreb, l'Algérie et le Maroc ont pu échapper au scénario des émeutes du "printemps arabe". Comment y sont-ils parvenus?

"La région est toujours en ébullition. En ce qui concerne l'Algérie, un grand rôle appartient à la décision du président Bouteflika de mener des réformes radicales. Et puis n'oubliez pas que l'Algérie possède un important "filet de sécurité" sous forme de ressources pétrolières et gazières qui permettent de mettre en place des réformes. Et encore, depuis les années 90 l'Algérie vit en état d'urgence nécessaire imposé par une confrontation politique et la menace d'arrivée au pouvoir des islamistes fondamentalistes en présence des foyers clandestins de terrorisme", note Sergueï Verchinine.

Et le Maroc?

"Il faut rendre le dû à Rabat et au roi du Maroc que des réformes révolutionnaires ont été proposées. Mohammed VI a proposé de renoncer à la monarchie absolutiste et d'attribuer un grand rôle au parlement où le premier ministre soit élu compte tenu des élections et où les pouvoirs du roi soient sensiblement limités. Ces décisions courageuses ont été approuvées par la majorité de la société marocaine. Qu'en sera-t-il demain, il est difficile de présager. Mais ce qui est sûr c'est que le Maroc a réussi à en finir avec la stagnation des structures du pouvoir et les gens ont reçu la possibilité d'exprimer leurs intérêts", souligne Sergueï Verchinine.

Et finalement la guerre civile en Lybie avec la participation de l'OTAN dont le point de mire est l'avenir du guide de la Jamahiriya Mouammar Kadhafi.

"Il y a une approche commune du groupe des huit qu'il n'y a pas de place pour Kadhafi dans une Lybie démocratique de demain. La question est comment va se développer la situation actuelle en Lybie car on y voit une impasse qui n'a pas de solution militaire. Des mois sont passés depuis l'intervention de la coalition occidentale réalisée par les forces de l'OTAN mais il n'y a toujours pas progrès. Il faut donc revenir à l'essentiel et passer par la voie des négociations. La Russie rappelle que la Lybie doit rester indivisible même s'il existe une menace de division du pays. Nous voulons que la Lybie soit démocratique. Mais à cette fin il faut cesser l'effusion de sang et arrêter l'intervention de l'OTAN. Les Libyens doivent eux-mêmes décider de l'avenir de leur pays. Voilà pourquoi Moscou entretient des relations dans le même temps avec Tripoli et Benghazi. Nous appuyons le plan de l'Union africaine sur le règlement du conflit libyen et sur la fin de l'intervention étrangère en tant que condition principale au cessez-le-feu. Il sera certainement difficile de chercher ensuite un compromis mais c'est ça l'objectif des diplomaties des pays à qui incombent la responsabilité du déclenchement des hostilités", a déclaré le chef du département du Proche Orient et de l'Afrique du Nord du ministère des Affaires étrangères russe Sergueï Verchinine.

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