Le sondage effectué par un portail Internet russe bien connu a révélé que le fumeur moyen quittait son poste de travail plus de 5 fois par jour pour aller fumer dans un fumoir réservé en perdant chaque fois entre 1 et 5 minutes.
Au sondage ont pris part 1600 fumeurs dans toutes les régions russes et un sur deux a avoué qu’aller au fumoir lui permettait de régler des problèmes de travail. Notre radio a demandé aux psychologues russes en vue de dire pourquoi la plupart des Russes pensent au travail même pendant ces pauses improvisées.
« Fumer une cigarette, c’est avant tout un rite de communication, - a dit le membre de l’Académie Sergueï Klioutchnikov.
- Pendant qu’il fume, le fumeur échange des informations avec d’autres fumeurs. C’est une sorte de signe de reconnaissance, une façon de dire « je suis comme vous parce que j’avale la même fumée ». Le tabac permet de se soulager temporairement du stress qu’on a et qui ne fait que s’accentuer après coup. Alors les gens qui font cette pause cigarette continuent à parler travail parce qu’ils ne changent pas de registre ».
« Les mauvaises habitudes sont parfois indirectement utiles », - pense le psychothérapeute Marc Sandomirski et précise que le tabac n’est pas du tout la condition sine qua non pour régler les petits problèmes au travail.
Généralement, quand on parle aux fumeurs du caractère nuisible du tabac, ils le nient en bloc et essaient de se faire une bonne conscience. Or, en réalité il y a d’autres possibilités qui vous aident à renoncer à la cigarette. On peut, par exemple, apprendre à se calmer et à se destresser sans recourir à la cigarette qui devient dès lors inutile. Fumer n’est non plus le bon moyen de régler les problèmes de travail. Si les gens apprenaient à bien communiquer entre et étaient plus motivés, ils se passeraient bien du tabac.
« Pour renoncer au tabac, il fait faire preuve de volonté et de caractère », - rajoute Sergueï Klioutchnikov. On peut, par exemple, arrêter tout de suite ou réduite progressivement le nombre de cigarettes. Il est généralement plus facile de renoncer au tabac quand on commence à faire du sport ou si on veut changer radicalement son image. « Quand j’explique aux femmes qui fument qu’elles le font uniquement à cause d’une frustration et qu’elle veulent l’annoncer au monde entier, beaucoup d’entre elles finissent par renoncer à cette mauvaise habitude ». Mais il est assez difficile de le faire d’un seul coup, surtout au sein de collectivité. En fait, quand vous arrêtez de fumer, vous vous coupez psychologiquement de la collectivité et vous en éprouver un sentiment de malaise » - constate le psychologue.
La politique de l’employeur et même de l’état dans son ensemble s’avère bénéfique dans ce domaine. Bien des pays développés interdisent désormais le tabac dans les lieux publics, cafés et restaurants. Dans certaines sociétés les non fumeurs reçoivent même des primes. Mais c’est au royaume de Bhoutan et au Honduras que les autorités sont allées le plus loin. Il y est interdit de fumer partout, même chez soi. La police veille à l’application de la loi anti-tabac au point qu’elle a le droit de fouiller à domicile et de confisquer les cigarettes.
La lutte contre le tabac prend également de l’ampleur en Russie en même temps que la propagande du mode de vie sain. Le ministère de la santé a même l’intention de répercuter sur les paquets de cigarettes des images de poumon et de dents noircies de fumeurs. Reste à savoir si ces mesures permettront aux 44 millions de fumeurs russes de se débarrasser de cette dépendance néfaste.