Le festival Tchekhov au carrefour des genres

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« Vous n’avez pas fini d’être surpris », les critiques de théâtre de Moscou pensent que cette expression peut servir d’exergue au programme du Festival de théâtre Tchekhov qui se tient dans la capitale russe du 25 mai au 31 juillet.

« Vous n’avez pas fini d’être surpris », les critiques de théâtre de Moscou pensent que cette expression peut servir d’exergue au programme du Festival de théâtre Tchekhov qui se tient dans la capitale russe du 25 mai au 31 juillet.

C’est le spectacle espagnol « Perséphone » dans la mise en scène de Juan Font et interprété par la troupe « Les comédiens » de Barcelone qui est devenue la note finale de ce marathon théâtral long de plus de deux mois. Le sous-titre du spectacle – « les variétés mortelles » en dit long sur le sens de l’humour des barcelonais  à l’endroit de la mort ou plutôt sur leur façon de tourner en ridicule les traditions et les superstitions liées à la mort chez les différents peuples. Le spectacle dans son ensemble est un mélange de « comedia del arte », du théâtre des masques et de comédie musicale, le tout  assaisonné d’installations vidéo. « Cet enchevêtrement de genres est typique du théâtre contemporain et le dixième édition du Festival  nous l’a fait pleinement sentir, - affirme dans une interview à la Voix de la Russie le critique de théâtre Roman Doljanski.

Il n’est pas facile de passer en revue ce festival parce qu’il se trouve au carrefour des genres. Il suffit de jeter un coup d’œil sur son programme pour comprendre que la moitié sinon plus de spectacles relèvent du registre de la danse. D’ailleurs, on parfois du mal à délimiter les genres dans le théâtre contemporain. Prenons par exemple le magnifique spectacle français « Le goudron et les plumes ». Quel genre peut-on lui attribuer? C’est la danse avec des éléments de cirque, de pantomime et de quelque chose d’autre. Il en va de même des spectacles du  chorégraphe espagnol de renom Nacho Duarte qui se rangent plutôt dans la catégorie des ballets contemporains.

A propos, note le critique, de nombreux metteurs en scène sont familiers pour le public russe, comme le Britannique Declan Donnellan qui a présenté au festival son spectacle « Orage » inspiré de Shakespeare et interprété par des comédiens russes. On a l’impression qu’il s’est définitivement établi en Russie! -s’exclame Roman Doljanski avant de continuer :

La politique du festival consiste tirer le meilleur parti des spectacles bien accueillis par le public. Mais, d’un autre côté, -ajoute-t-il, le festival avait en son temps fait découvrir plein de choses nouvelles pour le public russe ne doit pas hésiter à aller de l’avant, à prendre des risques, à faire connaître des noms nouveaux.

Et du nouveau, il y a bien eu cet été à Moscou pour n’évoquer que le spectacle « Projet « j ». Sur la conception de la Face du Fils de Dieu » dans la mise en scène du maître italien de l’épatage Romeo Castelluccini. Le metteur en scène dit avoir été inspiré par l’image du Christ peinte par l’artiste italien du XVème siècle Antonello Messina qui vous regarde droit dans les yeux en retournant votre âme. C’est aussi la mission dévolue au théâtre, pense le maître. Au-delà de regarder simplement le spectateur, il doit le surveiller comme dans ce spectacle ou le fils surveille son père décrépit. « C’est réellement un spectacle expérimental qui ne cesse de se perfectionner, - raconte Roman Doljanski, - si bien qu’en le visionnant, nous avons vu le laboratoire de Romeo Castellucci».

Castellucci est réellement le meilleur des décorateurs italiens existants et  on a bien fait de l’inclure au programme. Son spectacle est très controversé au point qu’il a provoqué une réaction de rejet chez de nombreux spectateurs. Il s’adresse plutôt aux connaisseurs du théâtre. C’est un art très personnalisé, fait sur mesure et les organisateurs du festival ne peuvent qu’être complimentés sur leur audace. On aimerait avoir à l’avenir plus de spectacles de cette trempe qui sont préférables à ceux dont le succès est quasiment assuré.

Et le critique de théâtre cite comme exemple de réussite programmé d’avance le spectacle « Cendrillon » dans la mise en scène du Britannique Mattew Bore qui a transposé l’action du conte connu de tous dans Londres du temps de la Seconde guerre mondiale en conservant heureusement la musique du célèbre ballet de Serge Prokofiev.

Je n’ai rien contre Mattew Bore, c’est un spectacle remarquable et hautement intéressant. Il n’en reste pas moins qu’il s’agit là d’un produit commercial de grande qualité qui est une leçon originale pour nous tous, - pense Roman Doljanski. – Et puisque nous avons décidé d’apprendre à vendre l’art à un bon prix, il doit, comme n’importe quel produit commercial posséder un certain nombre de « qualités d’usage ».

D’ailleurs, les « leçons », c’est aux spécialistes de les tirer. Quant aux spectateurs, le festival Tchékhov restera pour eux une rencontre impressionnante avec tout ce que le théâtre mondial a de meilleur.

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