Anders Behring Breivik : malade mental ou néonazi ?

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Anders Behring Breivik, accusé d'attentat à Oslo et de massacre dans l'île d'Utoya, a revendiqué son crime. Il a déclaré que ses actions étaient "effrayantes mais nécessaires" et a promis de raconter en détail les motifs de son acte lundi lors de la première audition de son affaire. Breivik affirme qu'il a agi seul mais la police vérifie la version selon laquelle il y avait au moins deux terroristes. Dimanche, le nombre de victimes a été porté à 97, plusieurs personnes sont portées disparues, il y a une centaine de blessés hospitalisés.

Anders Behring Breivik était un membre actif du principal forum nazi scandinave comptant plus de 22 000 adhérents. Le Norvégien avait une page personnelle sur Facebook et Twitter. Dans son microblog, il avait laissé un seul commentaire, une citation du philosophe John Mill: "une personne avec une conviction est aussi forte que 100.000 autres n'ayant que des intérêts".

Selon les médias norvégiens, Breivik a raconté ses préparatifs aux attentats dans son manifeste intitulé "Déclaration de l'indépendance de l'Europe de 2083" comportant 1.500 pages et publié sur Internet. Le texte recèle notamment le mode d'emploi pour fabriquer les bombes artisanales. Breivik raconte aussi comment il recevait l'autorisation pour acheter une carabine: "En tant qu'objectif  de l'achat j'ai cité la "chasse au cerf" bien que je voulais écrire la vérité: "l'exécution des marxistes culturels et des traitres multiculturels". Le dernier message a été posté vendredi, à trois heures de l'attentat.

Selon la police, Breivik avait servi dans l'armée, été membre d'un club de tireurs et de la loge de maçons. Ces derniers mois Breivik passait à la ferme occupé à des travaux agricoles. Les enquêteurs pensent qu'il se préparait à l'attaque.

L'expertise mentale devra statuer si Breivik peut être poursuivi en justice ou s'il est un dément criminel. Pour l'instant, tout porte à croire qu'il s'agit d'un malade mental, estime Mikhaïl Vinogradov, psychologue-criminaliste:

"C'est une attaque d'un malade mental qui se préparait depuis longtemps à un sacrifice. C'est une réaction hystérique d'un dément qui a longtemps caché sa haine envers d'autres gens, différant de lui, et qui voulait montrer son pouvoir, sa domination", estime Mikhaïl Vinogradov.

En même temps, les motifs nationalistes des actions de Breivik sont évidents. La veille de l'attaque il a posté sur Youtube une vidéo de 12 min appelant à arrêter les flux d'immigrants. On ne peut pas ignorer ces faits, note Lev Voronkov, chef du département de l'Europe du Nord au Centre de recherches de l'Europe du Nord et des pays baltes à MGIMO:

"L'afflux des immigrants est relié aux problèmes sur le marché du travail. En Union européenne il existe une libre circulation de la main d'œuvre et les Etats accueillant les travailleurs immigrants doivent leur offrir les mêmes garanties sociales que celles des travailleurs natifs. Quant aux immigrants des pays ne faisant pas partie de l'Union européenne, ils provoquent souvent une "allergie" sociale et certaines forces tentent d'utiliser la croissance de ces sentiments à leurs propres fins politiques", estime Lev Voronkov.

Breivik a affirmé dans sa vidéo sur Youtube qu'il fallait "décimer le marxisme culturel". Les attaques de Breivik étaient dirigées contre les sites ayant rapport au Parti du travail au pouvoir que Breivik semble considérer comme porteur du marxisme norvégien. Cette logique démontre une personne peu instruite, estime Lev Voronkov:

"Lorsqu'une personne considère la politique du Parti du travail norvégien comme le marxisme, alors on s'interroge sur l'érudition de cette personne. Si on considère toute idée de gauche comme le marxisme, c'est bien là une idéologie mais une idéologie de petite intelligence", estime Lev Voronkov.

Breivik est accusé de "terrorisme et actes terroristes" et encourt 21 ans de prison.

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