Un plan secret pour faire partir Mouammar Kadhafi

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L’espoir de voir les hostilités cesser en Libye est apparu à l’issue des pourparlers menés à Moscou par l’émissaire de Mouammar Kadhafi, le ministre libyen des Affaires étrangères Abdoul Ati Al-Obeidi.

L’espoir de voir les hostilités cesser en Libye est apparu à l’issue des pourparlers menés à Moscou par l’émissaire de Mouammar Kadhafi, le ministre libyen des Affaires étrangères Abdoul Ati Al-Obeidi. Les négociations à Moscou ont duré toute la journée de mercredi, jusque tard le soir, et se sont poursuivies jeudi 21 juillet en début de journée, jusqu'à ce que le ministre gagne l’aéroport. Les communiqués de presse officiels relatant les résultats de la visite ne contiennent que peu de détails. Cependant l’auteur de ces lignes a pu avoir connaissance des détails du plan secret de règlement du conflit libyen dont les participants à cette réunion ont débattu.

Le quintet dirigeant de la future Libye
Les médiateurs internationaux, dont la Russie, ont obtenu des belligérants l’accord de discuter ensemble de l’avenir politique de la Libye. Ce sujet a été abordé mercredi lors de l’entretien du ministre libyen des Affaires étrangères avec son homologue russe. Selon nos informations, le gouvernement libyen, d’une part, et les rebelles, de l’autre, sont parvenus à un accord de principe prévoyant la mise en place conjointe d’un conseil dirigeant provisoire. Le conseil devrait se composer de deux hommes politiques prestigieux délégués par chacune des parties, et ces quatre membres éliraient le cinquième, un personnage neutre mais influent qui prendrait la tête de cet organisme de transition.

L’initiative émane des principaux médiateurs, l’Union africaine et les Nations unies. La Russie a adhéré à ce plan. C’est pour cela que le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a eu mercredi un entretien téléphonique urgent avec l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU pour la Libye, Abdul Ilah Al-Khatib. Il y a deux semaines à peine, après s’être rendu à Tripoli, ce fonctionnaire international a exprimé une vision pessimiste de la situation déclarant que le règlement ne se profilait pas à l’horizon. Une opinion qu'il s'est forgée au terme de ses pourparlers avec le premier ministre et le ministre des Affaires étrangères libyens.

Depuis, les positions des parties en conflit ont connu une nette amélioration. Les Libyens aspirent désormais à la paix. La mission principale des médiateurs est de les aider à y parvenir. Et ce serait une bonne chose que d’autres acteurs de l’échiquier mondial ne leur mettent pas des bâtons dans les roues. Malheureusement, on a l’impression que certains membres de l’OTAN impliqués dans la guerre souhaitent que le conflit s’éternise jusqu’à l’effondrement définitif du régime de Kadhafi et jusqu’à l’élimination physique du Guide de la révolution libyenne.

Le problème de Kadhafi n’est pas insoluble
A Moscou, l’émissaire du leader de la Jamahiriya ne se montrait plus hostile au plan proposé par la Russie. Qui plus est, le ministre libyen des Affaires étrangères agissait avec l’aval du colonel Kadhafi, alors que l’une des conditions sine qua non posées par l'opposition exige que ni le colonel lui-même, ni son fils Saif al-Islam ne puissent participer au futur conseil provisoire.

Respectant les règles du jeu diplomatique, le ministre libyen a certes évité de reconnaître publiquement que le futur départ de Kadhafi de l’arène politique était une question qui pouvait très bien être résolue de manière pacifique. Il faut seulement du temps et des garanties de sécurité pour le colonel. Dans une interview, Abdoul Ati Al-Obeidi a déclaré que ce plan n’avait même pas été discuté. Et il n’a pas menti étant donné que ce genre de choses est davantage sous-entendu et lu entre les lignes plutôt que débattu. D’autant plus que ce qui compte vraiment le plus aujourd’hui, c’est de mettre un terme aux hostilités.

Mercredi également des déclarations émanant de certaines capitales occidentales ont été faites dans le but de donner l’impression que ces pays étaient prêts à fournir des garanties pour une retraite pacifique de Mouammar Kadhafi. "L'une des hypothèses envisagées, c'est qu'il (Kadhafi) séjourne en Libye, mais à une condition, c'est qu'il reste très clairement à l'écart de la vie politique libyenne", a expliqué pour sa part le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé, ajoutant que la France s’attendait à ce que cette condition soit remplie afin de pouvoir initier le processus politique menant à un cessez-le-feu.

Le ministre français a même insinué que dans un cas de figure favorable, le problème du mandat d’arrêt délivré contre Kadhafi par la Cour pénale internationale pourrait être réglé. Il a précisé que des procédures seraient poursuivies mais les conclusions à en tirer seraient déterminées lors des négociations. Le porte-parole de la Maison blanche, Jay Carney, s’est pourtant exprimé avec moins d’ambages: "Kadhafi doit être écarté du pouvoir ou l’abandonner de son plein gré. C’est au peuple libyen qu’il appartiendra ensuite de décider de son sort", a-t-il déclaré.

Le schéma idéal de la cessation des hostilités
Le début des progrès provient notamment du fait que les pourparlers entre les participants à la guerre civile libyenne ont déjà commencé. Ainsi, le représentant spécial du président russe pour l’Afrique, Mikhaïl Marguelov, a déclaré mercredi que les parties en conflit étaient en train de mener des négociations importantes en Ethiopie. "Les parties en conflit ont accepté de s’asseoir à la table des négociations sans conditions préalables, et c’est un succès indiscutable. C’est le résultat de plusieurs mois d’efforts de médiation de la part de la Russie et de l’Union africaine." Le représentant spécial du président russe a confirmé que l’on avait réussi à mettre au point "le schéma idéal de la sortie du conflit en Libye."

Il est à noter que Moscou met désormais en évidence ses contacts avec les deux parties en conflit, et pas plus tard que mercredi dernier, la Russie a envoyé à Benghazi (ville à l’Est de la Libye contrôlée par les rebelles) un avion du ministère russe des Situations d’urgence avec une cargaison de riz, de sucre et de conserves de poisson. C’était la troisième livraison russe depuis le début de la guerre. L’avant-dernière a eu lieu en juillet, également à destination de Benghazi, alors que la toute première avait été expédiée à Tripoli, la capitale du pays contrôlée par le gouvernement.

Certes, la fin de la guerre en Libye nécessite non seulement la réconciliation entre les Libyens eux-mêmes, mais également l’administration de calmants aux fonctionnaires de l’OTAN qui cherchent à poursuivre cette guerre jusqu’à une victoire incontestable, en dépit de toutes les difficultés qui ont surgi lors de l’opération.

"Dans ce cas, les hostilités risquent de continuer encore longtemps", a déclaré dans une interview Anatoli Egorine, expert pour la Libye et professeur de l’Institut d’études orientales de l’Académie des sciences de Russie. "Les Libyens doivent décider eux-mêmes de la politique à venir de leur pays", estime-t-il en affirmant qu’il est insensé de leur imposer quoi que ce soit de l’extérieur.

Il est à noter que mercredi dernier le ministre libyen des Affaires étrangères devait quitter Moscou pour l’Inde où il était sensé poursuivre des consultations sur le règlement pacifique du conflit. Le gouvernement libyen estime que les pays asiatiques influents pourraient rejoindre la Russie et l’Union africaine dans leur effort de convaincre les membres de l’alliance occidentale de mettre un terme aux hostilités.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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