La crise américaine se terminera bientôt car tout le monde en a assez

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Vendredi 22 juillet, date à laquelle expire le dernier "ultimatum" de Barack Obama pour le règlement de la situation relative au budget et à la dette (soit le Congrès américain trouve un moyen d’augmenter le plafond de la dette publique, soit les Etats-Unis connaîtront un défaut technique de paiement) ne semble plus aussi sombre.

Vendredi 22 juillet, date à laquelle expire le dernier "ultimatum" de Barack Obama pour le règlement de la situation relative au budget et à la dette (soit le Congrès américain trouve un moyen d’augmenter le plafond de la dette publique, soit les Etats-Unis connaîtront un défaut technique de paiement) ne semble plus aussi sombre. Bien qu’il faille reconnaître qu’il ne semble pas clair non plus. Pour l’instant. Mais l’espoir d’éviter la tempête a fait surface.

Le demi-produit de sauvetage budgétaire

La matinée du 20 juillet a marqué la reprise à Washington des rencontres du président américain Barack Obama avec les leaders du Congrès pour examiner un nouveau compromis budgétaire proposé par un groupe de républicains et de démocrates du Sénat (ils sont six, d'où leur surnom le Gang des Six). Obama l’a même qualifié de pas dans la bonne direction.

Cela ne convient pas à tout le monde mais permet de s’accrocher à quelque chose pour dévier de la voie qui conduit vers un défaut technique de paiement évident. La première question qui se pose: pourquoi un plan de sauvetage ne pouvait-il pas être proposé plus tôt?

Car en réalité ce projet n'est qu'une légère modification d'une proposition de la commission financière du Congrès pour les problèmes budgétaires créée il y a plus de six mois.

Dans l’ensemble, le nouveau plan d’urgence prévoit la réduction des dépenses budgétaires de 3.700 milliards de dollars durant les 10 prochaines années grâce à la diminution des dépenses du Pentagone, des systèmes d'assurances maladie Medicare et Medicaid et grâce à des réformes de la sécurité sociale. 1.000 milliard de ce montant devrait être dégagé en supprimant des lacunes dans la législation fiscale ou renonçant aux avantages fiscaux liés aux hypothèques ou encore dans les assurances maladies. On peut observer ces mesures sous tous les angles, mais dans la réalité, il s’agit bel et bien d'une augmentation d'impôts présentée dans un autre emballage.

Pourtant, des plans similaires antérieurs avaient été rejetés: Obama désireux d'augmenter les impôts s'est heurté au refus catégorique des républicains.

Désormais chacun pourra voir ce plan du côté qui lui plaît, en éludant que l'autre côté se compose de concessions faites à son adversaire politique. Dans ces conditions, il est possible d’augmenter le plafond de la dette publique des 2.000 ou 2.500 milliards de dollars nécessaires, par rapport aux 14.300 milliards de dollars actuels.

Mais ce compromis n’est pas une bouée de sauvetage, ce n'est pour l'instant qu'un fétu de paille. Il s'expose sur 4 pages seulement, ne définit pas de réductions concrètes, n’a pas été expertisé par les spécialistes budgétaires et n’a pas non plus le statut d’un projet de loi. Si le Congrès ne travaille pas du matin au soir, il pourrait ne pas réussir à augmenter le plafond de la dette publique avant le 2 août. Bien que cet espoir existe et croisse chaque jour.

Le Congrès et les jeux avec le marteau

Ce n’est pas cette "nouvelle version", mais plutôt les exercices politiques l’accompagnant "en coulisses", qui donnent des indications sur le règlement probable du problème. Le 19 juillet, les républicains ont réussi à faire approuver par la Chambre des représentants du Congrès (où ils sont majoritaires) un projet de loi pour la réduction des dépenses et l’augmentation du plafond de la dette fédérale. Mais cette dernière, selon leur version, doit être accompagnée par un amendement à la constitution exigeant que le budget américain soit obligatoirement à l'équilibre: chose improbable à court terme.

Tous étaient parfaitement conscients que cette proposition n'avait aucune chance de devenir une loi: tout ce qui se rapporte aux amendements à la constitution doit être approuvé à la majorité des deux tiers. Les républicains ne pourraient pas obtenir autant de voix au Sénat. Et les amendements à la constitution ne sont jamais adoptés aussi rapidement. De plus, Obama avait pour sa part promis d’opposer son véto à ce projet de loi, s’il parvenait à passer la rampe.

Généralement, au Congrès, de telles absurdités législatives servent à marquer les positions idéologiques et à donner la possibilité de faire marche arrière. Les républicains ont annoncé ce qu’ils auraient voulu faire, et tout le reste n’est pas de leur faute, mais un concours de circonstances fatal.

Comme l’a fait remarquer un avocat de Washington, tout se qui se passe au Congrès ressemble fortement à une procédure de divorce, lorsque les parties cherchent à se causer l’une à l’autre des dommages irréparables et, en fin de compte, perdent toute leur fortune dans leur combat.

Apparemment, les républicains ont commencé à réaliser que la situation était proche du "point de non retour." Avant tout, pour eux. Il s’agit plutôt de considérations égoïstes à la veille de la présidentielle que de se préoccuper des intérêts nationaux. Et personne ne parle sérieusement de la catastrophe, au seuil de laquelle pourrait se retrouver le monde financier. Bien que la probabilité et l’ampleur d’une telle catastrophe aient été exagérées dès le départ.

Mais à la suite de tels jeux politiques, plusieurs sondages d’opinion publique récents ont montré que le Congrès avait déjà battu ou était sur le point de battre un nouveau record d'aversion de la part de la population envers les législateurs. The Washington Post a rappelé que dans les années 1930, l’idole des américains "ordinaires", l’acteur, le cowboy et le grand humoriste Will Rodgers avait noté que "le pays en était arrivé à ressentir la même chose à l’égard du Congrès en session qu’en voyant un marteau dans les mains d’un bébé". Au sens: qu’est-ce que il pourrait encore réduire en miettes?

Aujourd’hui, selon les résultats du sondage réalisé par Washington Post-ABC, 63% des électeurs souhaitent que leur élu soit remplacé en 2012 (un record). Selon le sondage publié par la CBS, 58% sont mécontents des actions des démocrates, et 71% désapprouvent les actions des républicains. Le sondage de la société Gallup a montré que seulement 12% des électeurs faisaient suffisamment confiance aux actions entreprises par le Congrès. Cela ne dépasse que d'un point le résultat de l'été dernier, lorsque les démocrates étaient encore majoritaires.

On ne plaisante pas avec de telles statistiques. Surtout ceux qui veulent rester au Congrès après les élections. Le phénomène de la volonté des politiciens à travailler de manière persistante au Congrès, organisme qui effraye les électeurs davantage que l’administration fiscale, les banques ou les compagnies d’assurance, devrait faire l’objet d’une analyse séparée. Mais seulement après le règlement des problèmes de la dette américaine: d’autant plus que ce processus n’est pas encore sorti du tunnel, même si on voit déjà tout au bout, poindre quelques rayons de lumière.

 

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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