Moscou pourrait geler le projet South Stream

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Aujourd’hui, le président russe Dmitri Medvedev et la chancelière allemande Angela Merkel discuteront à Hanovre de l'éventuelle construction de la troisième tranche du gazoduc Nord Stream entre la Russie et l’Allemagne sous la mer Baltique.

Kommersant
Moscou pourrait geler le projet South Stream

Aujourd’hui, le président russe Dmitri Medvedev et la chancelière allemande Angela Merkel discuteront à Hanovre de l'éventuelle construction de la troisième tranche du gazoduc Nord Stream entre la Russie et l’Allemagne sous la mer Baltique.

La nécessité de commencer à discuter de la construction de cette troisième tranche du gazoduc Nord Stream est apparue en raison des problèmes rencontrés depuis quelques mois par un autre mégaprojet de Gazprom: le gazoduc South Stream. D’une capacité totale de 63 milliards de mètres cubes de gaz par an, South Stream doit relier la Russie à la Bulgarie en passant sous la mer Noire, puis traverser la Serbie, la Hongrie, la Slovénie, l’Autriche et l’Italie du Nord et desservir l'Europe, explique une source du gouvernement russe.

En août 2009 à Ankara, le premier ministre russe Vladimir Poutine a convenu avec son homologue turc Tayyip Erdogan de faire transiter la partie sous-marine du South Stream par le territoire turc. En échange, Moscou a accepté de construire le pipeline Samsun-Ceyhan, qui est avantageux pour la Turquie, au détriment de son propre projet Bourgas-Alexandroúpolis et la première centrale nucléaire turque qui sera construite par l’Agence fédérale russe de l’énergie atomique Rosatom à des conditions favorables pour la Turquie. Cependant, la Russie n’a pas encore obtenu le feu vert turc pour faire passer le pipeline dans ses eaux territoriales, même si Ankara s'était engagé à donner son accord le 10 décembre 2010. Aujourd’hui, la Turquie promet de donner son accord le 1er novembre 2011, mais selon une source au gouvernement russe, "il est très probable que la Russie n’obtienne pas l’accord à l’échéance de ce délai."

Selon une source au sein du gouvernement russe, Moscou pourrait alors geler provisoirement le projet South Stream et augmenter ses exportations de gaz en Europe grâce au soutien du partenaire de confiance qu’est l’Allemagne.

Si Gazprom renonçait à South Stream, ou au moins réduisait la capacité de ce gazoduc, ce serait une bonne nouvelle pour les investisseurs de Gazprom, déclare l’analyste Valeri Nesterov de la banque d’investissements Troïka Dialog, car la rationalité économique de ce projet est "plus que discutable." Il existe des doutes que le pipeline qui coûte 15,5 milliards d’euros soit amorti. Mikhaïl Kortchemkine de East European Gas Analysis ajoute que les banques pourraient refuser de financer Gazprom pour un projet dont la rentabilité est faible.

Valeri Nesterov estime que grâce aux réseaux intra-européens, il est possible de rediriger vers le Sud de l’Europe le gaz fourni à l'Allemagne via Nord Stream. D'après les experts, cette troisième tranche de Nord Stream, coûterait bien moins au géant gazier russe: de l'ordre de 3 à 4 milliards d’euros.

De plus, Nord Stream dispose déjà du statut de projet transeuropéen, ce qui lui permet de prétendre à une série d’avantages (avant tout, il ne sera plus concerné par le Troisième paquet énergétique), alors que la Commission européenne ne souhaite pas octroyer ce statut au projet South Stream.

Mais les analystes ne croient pas que Gazprom renoncera concrètement à South Stream au profit de la troisième tranche de Nord Stream. Gazprom avait déclaré que South Stream serait mis en œuvre indépendamment de la conjoncture, rappelle Mikhaïl Kortchemkine. Valeri Nesterov ajoute que Gazprom construira au moins une tranche de South Stream, car sinon Nabucco, son concurrent direct, sera construit à coup sûr.

D'autre part, certains experts doutent même de l’utilité de la troisième tranche de Nord Stream. Les capacités des gazoducs russes à destination de l’Europe (200 milliards de mètres cubes) dépassent aujourd’hui largement la consommation annuelle de gaz russe (moins de 160 milliards de mètres cubes en tenant compte du principe take or pay), fait remarquer Mikhaïl Kortchemkine. Les sources du ministère allemand des Affaires étrangères et de l’administration de la chancelière doutent également de l’utilité de l’installation de la troisième tranche de Nord Stream. "Le gaz russe est une chose fiable mais chère. Actuellement, nous ne voulons pas construire de nouveaux pipelines pour Gazprom mais préférons installer des terminaux pour stocker du gaz naturel liquéfié et développer les énergies alternatives", a déclaré un diplomate allemand.

Gazprom et le groupe italien ENI sont les actionnaires de l’opérateur de la parcelle sous-marine de South Stream et, avant la fin de l’année, ces sociétés seront rejointes par le français EDF. A partir de la Bulgarie, des dérivations seront alors faites à destination de la Croatie, de la Macédoine, de la Grèce et de la Turquie.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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