Aujourd'hui notre commentateur Alexeï Grigoriev se propose à donner les éléments de réponse à la question suivante : Paris pourra-t-il sauver l'Union pour la Méditerranée ?
En Russie il y a un proverbe qui dit « Il faut attendre trois ans pour avoir ce qui a été promis » dont l'équivalent en français est « Un « Tiens » vaut mieux que deux « Tu l’auras ». Le proverbe russe comporte une indication du temps, « trois ans », et c'est cela qui est important pour mon sujet d'aujourd'hui, écrit notre commentateur Alexeï Grigoriev. C'est qu'il y a trois ans, plus précisément le 13 juillet 2008, l'Union pour la Méditerranée (UPM) a été créée en grande pompe à Paris. Cette nouvelle organisation supranationale a réuni pratiquement tous les pays de l'Union européenne et 13 Etats non-européens : tous les pays arabes du bassin méditerranéen plus la Turquie et Israël. Les pays du Maghreb (Algérie, Mauritanie, Maroc et Tunisie) sont ainsi devenus membres de l'UPM. La Libye, elle s'est abstenue en acceptant seulement le statut d'observateur. Il faut dire que le père fondateur et l'architecte de l'Union, le président Nicolas Sarkozy, a fait un énorme travail d'explication des buts et des avantages de la nouvelle organisation. Parmi ceux qui ont beaucoup hésité avant d'adhérer à l'UPM il y avait, par exemple, les pays de l'Europe de l'Est qui craignaient que Bruxelles pouvait se mettre à aider financièrement les pays en développement membres de l'UPM et ce au détriment des nécessiteux de l'Union européenne... La chancelière allemande, Angela Merkel n'a pas tout de suite adhéré à l'idée de Sarkozy. Les présidents algérien et syrien étaient les derniers à avoir accepté de venir à Paris pour assister à la naissance de l'UPM. Quoi qu'il en soit, celle-ci existe et est présentée comme l'une des réussites diplomatiques les plus importantes de Nicolas Sarkozy présidant à l'époque l'Union européenne. A la conférence précédant la création de l'UPM, le président français a beaucoup parlé de bel avenir de la nouvelle organisation qui ne comporte que des avantages pour chacun de ses Etats membres et aussi pour la coopération multilatérale en Méditerranée. Parmi les promesses faites alors par le président Sarkozy, celles qui ont impressionné le plus le public, c'étaient les aides financières et techniques de la part des pays européens à destination des membres moins développés de l'UPM. Celle-ci a pour principaux buts et missions d'élaborer en commun une politique économique et commerciale et d'immigration, de coopérer dans le domaine de l'humanitaire et de l'environnement, de promouvoir les valeurs de l'Etat de droit et de lutter ensemble contre le terrorisme. Par la suite on a appris l'existence de projets multinationaux de construction des infrastructures notamment énergétiques. C'est, par exemple, la création dans les pays du Maghreb de centrales électriques utilisant l'énergie solaire. C'est aussi la création de productions industrielles dans les pays du sud. Bref, au début on était tous enthousiaste devant la création de l'UPM et ses premiers pas. Mais voilà que la crise économique et financier entre en scène et que les craintes de certains quant à la réelle efficacité de l'Union, semblent se réaliser. Selon un nombre d'experts et de politiques, l'UPM n'était tout simplement pas prête de faire son travail. Voici ce qu'à dit à ce sujet à la chaîne télé France 24 l'eurodéputé français Robert Rochefort.
En effet, « le printemps arabe » qui a littéralement bouleversé le paysage politique des pays tels que la Tunisie, l’Égypte, la Syrie, et, dans une plus grande mesure, le conflit militaro-politique libyen avec l'intervention de l'OTAN ont créé une sorte de « tsunami » qui a frappé toute la zone sud de l'UPM. Par ailleurs, au sein même de l'Union européenne il y a aujourd'hui des pays qui ont fait faillite et dont Bruxelles doit voler au secours en débloquant des dizaines de milliards d'euros. Les problèmes des pays membres de l'UPM situés de l'autre côté de la Méditerranée, ne sont plus prioritaires... La parole à l'eurodéputé belge Said El Khadraoui.
Le proverbe russe parle de trois ans pour voir les promesses se réaliser. Trois ans ont passé mais il paraît que les Etats du sud faisant partie de l'UPM devront encore attendre. Les leaders européens semblent pourtant vouloir réanimer cette organisation. A la veille du troisième anniversaire de celle-ci le ministre des Affaires étrangères français Alain Juppé en déplacement à Barcelone pour saluer le nouveau secrétaire général de l'UPM, le Marocain Youssef Amrani, a parlé de la préoccupation de Nicolas Sarkozy par la nécessite d’une refondation de l’UPM. «Nous sommes à un tournant de l'histoire de l'Union», a-t-dit. Pour lui, les «printemps arabes montrent combien il est urgent de structurer un projet».