Des mds d’euros pour que les Palestiniens renoncent à la Palestine

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Evoquant aujourd’hui la manière permettant d’aider les Palestiniens à créer leur propre Etat, les médiateurs internationaux sous-entendent en réalité autre chose: comment empêcher les Arabes de démarrer un nouveau conflit armé avec les Israéliens.

Evoquant aujourd’hui la manière permettant d’aider les Palestiniens à créer leur propre Etat, les médiateurs internationaux sous-entendent en réalité autre chose: comment empêcher les Arabes de démarrer un nouveau conflit armé avec les Israéliens. On a recours à tous les moyens possibles: des persuasions diplomatiques aux promesses d’argent.

Ici, chacun choisi son domaine de "prédilection", ce que nous verrons prochainement lors de la réunion des médiateurs du Quatuor qui se tiendra le 11 juillet à Washington. Les ministres des Affaires étrangères de Russie, des Etats-Unis, de l’Union européenne et de l’ONU discuteront la situation qui s’aggrave de jour en jour au Moyen-Orient et proposeront leurs solutions au problème. Toutefois, Moscou a déjà discuté cette situation mardi dernier lors des entretiens avec la délégation palestinienne en visite en Russie.

Qu'est-ce qui pourrait provoquer l’aggravation du conflit?

Le fait est qu’en septembre, lors de la réunion de l’Assemblée générale des Nations Unies, les Palestiniens s’apprêtent à demander la reconnaissance de l’indépendance de leur Etat et son adhésion à cette organisation internationale en tant que membre à part entière.

Ainsi, si ce mois-ci le nombre des pays membres pourrait augmenter jusqu’à 193 avec l’adhésion du Soudan du Sud, qui est devenu indépendant le 9 juillet, un 194e membre, la Palestine, pourrait adhérer à l’ONU en septembre.

Actuellement, elle est représentée au sein de l’ONU par l’Organisation de libération de la Palestine à titre d’observateur.

Un tel scénario est susceptible de conduire à des complications pour au moins deux raisons. Premièrement, l’Etat de Palestine existe seulement dans les accords internationaux, autrement dit c'est une entité virtuelle. L’Autorité palestinienne existe au sein d’Israël. Et il faut trouver un terrain d’entente avec les Israéliens au sujet de ses frontières et sur bien d’autres choses afin qu’un Etat viable apparaisse à sa place. Mais les parties n’arrivent pas à s’entendre et, pour cette raison, Israël pourrait réagir brutalement à la démarche diplomatique des Palestiniens.

La situation s’aggravera d’autant plus si des milliers de Palestiniens, encouragés par le soutien de l’ONU, descendent dans les rues en exigeant que les Israéliens mettent en œuvre la décision prise. Car au moins 116 membres de l’ONU sont prêts à soutenir cet automne la requête des Palestiniens. Ainsi, une nouvelle aggravation du conflit est à craindre.

Les diplomates russes prônent le dialogue, et les Français offrent de l’argent

Il existe un faible espoir que les Palestiniens renoncent à leurs plans. Par exemple, si les Israéliens acceptaient de rétablir les négociations et de faire des concessions. Le Quatuor des médiateurs tente actuellement de convaincre les uns et les autres de la nécessité de dialoguer.

Il est déjà clair que les Russes compteront sur leurs bonnes relations avec les deux parties en conflit, en particulier sur les contacts devenus dernièrement plus actifs avec les Palestiniens. Ce n’est pas un hasard si les délégations de fonctionnaires palestiniens haut placés, y compris ceux qui sont considérés en Occident comme des terroristes, se succèdent à Moscou. Par exemple, les islamistes du mouvement Hamas. Ses représentants, ainsi que d’autres politiciens, se sont rendus dans la capitale russe fin mai.

Et cette semaine s’est terminée la visite en Russie d’une autre délégation palestinienne sous l’égide de l’un des dirigeants du mouvement Fatah, représentant du président de l’Autorité palestinienne Nabil Chaath. Il s’est entretenu avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

Le savoir faire diplomatique est l’atout le plus souvent utilisé ses derniers temps par Moscou au Moyen-Orient à défaut d’avoir d’autres leviers de pression sur les parties en conflit. Quant aux Européens, ils ont également jeté leurs cartes. Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé vient de proposer d’organiser à Paris une conférence internationale de donateurs prêts à apporter une aide financière aux Palestiniens.

Pour l’instant on distingue mal le lien avec son autre initiative formulée auparavant de tenir une conférence internationale à Paris avant la fin du mois de juillet pour trouver des solutions politiques permettant de régler le conflit. Mais il est à noter qu’il a proposé de commencer à parler d’argent dès maintenant, afin de mettre en œuvre cette idée dès début septembre. C’est-à-dire, avant le début de la session de l’Assemblée générale!

"Nos frères arabes fuient leurs engagements" (Chaath)

Cela ressemble à la tentative d’amadouer les dirigeants palestiniens par l’argent, dont ils ont tant besoin, car le budget de l’Autorité dépend presque totalement de la charité, et la situation financière de l'AP tend de nouveau à devenir déplorable.

Le message est clair et même un peu trivial dans sa simplicité: les autorités palestiniennes pourraient renoncer à la demande adressée à l’ONU en échange d'argent. Et pendant ce temps, la communauté internationale essayera de convaincre Israël de renouveler les négociations pour régler ce problème progressivement.

En fait, la somme qu’il sera possible de réunir lors de la conférence des donateurs en septembre sera le prix proposé aux Palestiniens pour renoncer à l’adhésion à l’ONU. A en juger par les anciens événements de ce genre, la somme devrait atteindre 2-3 milliards d’euros.

Précisons tout de suite que les pays occidentaux ont toujours été bien plus généreux pour les versements que la Russie. L’argent et les armes étaient probablement les arguments de Moscou à l’époque soviétique, mais pas aujourd’hui. Les sommes que les Européens et les Américains transfèrent à l’Autorité palestinienne s’élèvent à des centaines de millions d’euros. Près de 1 milliard de dollars par an sont alloués pour les salaires des fonctionnaires, et toute cette somme est rassemblée grâce aux dons.

Il s’avère toutefois que la majorité des pays arabes, qui soutiennent verbalement les Palestiniens, fuient leurs engagements concernant le transfert de fonds à l’Autorité.

Les dirigeants palestiniens émettent souvent des critiques acerbes à ce sujet. Nabil Chaath l’a répété dans une interview accordée avant son départ de Moscou. Il connait bien cette question également en tant qu’ancien ministre de la Coopération internationale au sein du gouvernement palestinien. "Certains pays qui nous ont promis leur aide ne remplissent pas leurs obligations. Il est dommage de constater le fait qu’il est principalement question de nos frères des pays arabes", a-t-il déclaré. Selon lui, sur le demi-milliard de dollars promis plusieurs années auparavant par plus de 20 membres de la Ligue des Etats arabes, "[la Palestine] n’a obtenu que 37-38 millions de dollars."

Ce sera encore pire si les Israéliens refusaient de transférer à l’Autorité les sommes recueillies sous forme d'impôts et de taxes douanières sur leur territoire. Le commerce extérieur de l’Autorité passe par Israël, et généralement, en l’absence de crise, Tel-Aviv ne pose pas d'obstacles. Cependant, si en septembre la situation s’aggravait, les transferts pourraient connaître des problèmes techniques, et alors le gouvernement palestinien devra forcément choisir: soit l’argent, soit le siège à l’ONU, soit carrément prendre les armes.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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