Aujourd'hui notre animateur Alexeï Grigoriev va raconter comment des armes de Lybie passent entre les mains des militants d'Al-Qaïda au Maghreb islamique. Ensuite nous présenterons notre revue hebdomadaire de l'actualité africaine.
Lorsqu'en février les rebelles de Benghazi levaient l'étendard de la guerre civile en Lybie, le colonel Kadhafi a averti l'Occident que le soutien apporté aux insurgés renforcerait les positions des islamistes radicaux. Le temps a confirmé la justesse de la prédiction du guide libyen. L'opération de la coalition occidentale en Lybie a surtout profité aux militants d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Selon le journal algérien Expression, citant des sources du renseignement de l'Algérie, les insurgés vendaient les armes des stocks de l'armée libyenne aux terroristes d'Aqmi. Il s'agit des armes de tir, tout comme des armes lourdes et notamment des lance-missiles sol-air. La chaîne Al-Arabia a raconté comment ces armes étaient transportées: à bord des 4x4 Toyota via le Tchad et le Niger vers le Mali. Dans les régions peu peuplées de ce pays Aqmi possède des bases et d'importants stocks d'armes.
Les patrons occidentaux des insurgés libyens auraient été au courant de leurs contacts avec Al-Qaïda. Puis, récemment on apprend que la France avait parachuté des armes, dont des armes lourdes, aux insurgés de la région montagneuse du Hedjaz au sud de Tripoli. Cette nouvelle aurait fait un scandale entre Paris et Londres, ces armes pouvant passer facilement entre les mains des combattants d'Al-Qaïda.
Ces dernières années Aqmi s'est solidement ancrée au Sahel: au Mali, en Mauritanie et au Niger. Le Mali est devenu une vraie citadelle pour cette organisation terroriste d'où ses militants lancent des attaques dans d'autres pays. Pas étonnant que le Mali insiste plus que les autres pays africains pour conjuguer les efforts dans la lutte contre Al-Qaïda, ce qui a été au centre des discussions du 20 mai à Bamako entre les chefs des diplomaties du Mali, de l'Algérie, du Niger et de la Mauritanie. La rencontre a été inaugurée par le ministre des Affaires étrangères malien Soumeylou Boubèye Maïga.
"Nos pays devraient former et mobiliser dans les dix-huit prochains mois des effectifs de 25.000 à 75.000 hommes dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale", a insisté M. Maïga en souhaitant "plus d'unité et d'efficacité" dans la lutte contre le "terrorisme, le trafic de drogue, le recours à la prise d'otages". Le ministre algérien délégué, chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a de son côté indiqué que "les défis qui nous interpellent nous imposent une planification de plus en plus pointue et une coordination plus efficace de nos actions".
La situation a imposé une prompte réaction lorsqu'on avait appris que dans les forêts de Wagadou près de la frontière de Mauritanie Al-Qaïda créait une base pour lancer des attaques sur le sol mauritanien. Des forces de Mali et de Mauritanie ont conjugué leurs efforts pour attaquer le 24 juin la base. 15 terroristes ont été abattus.
Les affrontements entre les forces armées mauritaniennes et maliennes et les militants d'Al-Qaïda deviennent toujours plus fréquentes ces mois-là. Ce qui a, notamment, contraint la coordination de l'opposition démocratique au pouvoir du président Mohamed Ould Abdel Aziz d'affirmer "que ces événements dramatiques sont la conséquence naturelle des politiques inadéquates du régime" et des raids inefficaces effectués par l'armée contre les terroriste en territoire malien. "La lutte contre le terrorisme ne peut pas être l'apanage d'un seul pays", mais "exige une stratégie commune qui mettrait en synergie les efforts des pays concernés: l'Algérie, le Mali, le Niger et la Mauritanie, ainsi que les autres pays étrangers intéressés".