La Flottille de la liberté: questions et réponses

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Les Nations Unies se sont prononcées en faveur de l’initiative grecque visant à détendre la situation autour de la Flottille de la liberté en assumant le transport de l’aide humanitaire destinée à la Bande de Gaza.

Les Nations Unies se sont prononcées en faveur de l’initiative grecque visant à détendre la situation autour de la Flottille de la liberté en assumant le transport de l’aide humanitaire destinée à la Bande de Gaza. Auparavant, les autorités grecques avaient interdit aux navires des militants pro-palestiniens de quitter les ports grecs à destination de Gaza faute des documents indispensables. En mai 2010, la tentative de la Flottille précédente de rompre le blocus naval de Gaza a conduit à la mort de neuf militants turcs lors dans l'abordage musclé effectué par les commandos israéliens.

La Flottille de la liberté, qu’est-ce que c’est?

Le projet de la Flottille a été initié par le mouvement international de défense des droits de l’homme Gaza Libre et le comité turc des droits de l’homme et d’aide humanitaire IHH Humanitarian Relief Foundation. L’objectif du projet est de rompre le blocus naval israélien de Gaza et de sensibiliser l’opinion publique à la situation dans la Bande de Gaza.

Les expéditions navales avec la participation de militants en provenance de plusieurs pays du monde ont commencé en août 2008. L’incident de 2010 avait été précédé par l’envoi de huit Flottilles: les navires ont atteint Gaza à cinq reprises et ont été interceptés trois fois. La dernière Flottille, celle de mai 2010, a provoqué un grand retentissement au sein de l’opinion publique en raison de la mort des militants turcs.

Les organisateurs de la Flottille de cette année ont prévu d’expédier dix navires à destination de Gaza: deux cargos avec de l’aide humanitaire destinée aux habitants de la Bande de Gaza et huit paquebot transportant des militants. Les organisateurs de la Flottille déclarent que plus de 400 militants de 40 pays souhaitent se rendre à Gaza avec le convoi humanitaire. Parmi les participants à l’expédition on trouve des hommes et des femmes politiques, des écrivains, des artistes, des acteurs, des religieux et des journalistes.

En Israël, la Flottille de la liberté est qualifiée de provocation politique. Les militants du mouvement Gaza Libre affirment que leurs objectifs sont purement pacifiques et que la levée du blocus naval est nécessaire pour la création de conditions de vie décentes pour les habitants de l’enclave palestinienne.

Comment Israël réagit-il à l'envoi de la nouvelle Flottille?

Les autorités israéliennes ont déclaré qu’elles feraient tout leur possible afin d’empêcher que l’incident de l’année dernière ne se reproduise: en 2010, lors de l’arraisonnement de la Flottille, des militants turcs ont été tués. Dans le même temps, le ministère israélien de la Défense fait remarquer que l’armée était prête au développement le plus inattendu de la situation. "Je suis certain que l’armée est actuellement mieux préparée que la dernière fois", a déclaré mercredi 6 juillet le ministre israélien de la Défense Ehud Barak. Le gouvernement israélien insiste sur le fait qu’il ne laissera pas la Flottille atteindre la Bande de Gaza en proposant en échange de décharger le fret humanitaire dans l’un des ports israélien pour l’expédier ensuite à Gaza.

Pourquoi la Flottille n’a-t-elle toujours pas mis le cap sur Gaza?

Les autorités grecques ont interdit vendredi dernier aux navires de la Flottille de quitter les ports grecs à destination de la Bande de Gaza. Samedi dernier, le capitaine du navire Audacity of Hope, faisant partie de la Flottille, a été arrêté lors de sa tentative de quitter le port sans autorisation. Actuellement, sept navires de la Flottille sont à l’ancre devant les côtes grecques. Deux autres navires ont été sabotés précédemment. Les organisateurs du convoi humanitaire rejettent sur les services secrets israéliens la responsabilité de ces incidents. Israël réfute les accusations. Dimanche dernier, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a invité les militants pro-palestiniens à utiliser les itinéraires existants de livraison d’aide par voix terrestre, mais ces derniers ont rejeté cette proposition.

Pourquoi Israël ne laisse-t-il pas la Flottille pénétrer dans la Bande de Gaza?

Israël a instauré le blocus économique de la Bande de Gaza en 2007 suite à la prise de contrôle politique de la Bande par le Hamas, groupement islamiste militarisé qui ne reconnaît pas Israël. Ce dernier considère le Hamas comme une organisation terroriste.

Israël déclare que le blocus de ce territoire palestinien est nécessaire pour empêcher la fourniture d’armes aux militants du Hamas. C’est la raison pour laquelle les autorités israéliennes soumettent les frets acheminés à Gaza à un contrôle strict. Ainsi, en mars 2011, Israël a intercepté en Méditerranée un navire transportant des armes. Selon le gouvernement israélien, les armes étaient destinées aux militants opérant dans la Bande de Gaza. En 2009, les militaires israéliens ont saisi le porte-conteneurs Frankop transportant près de 60 tonnes d’armes. En 2002, Israël a saisi dans la mer Rouge le cargo Karina A avec 50 tonnes d’armes à bord.

Alexandre Demtchenko, expert du Centre d’études arabes de l’Institut d’études orientales de l’Académie des sciences de Russie, estime qu’Israël a tout lieu de s’inquiéter. "Le fait est que les armes parviennent d’une façon ou d’une autre dans la Bande de Gaza malgré le blocus. Elles y parviennent avec une intensité accrue depuis qu’en 2007 les islamistes ont expulsé le mouvement Fatah de cette enclave", explique l’expert à l’agence RIA Novosti. Selon l’analyste, si l’envoi de ces Flottilles "se réitère avec un certain succès de manière régulière", cela conduira à l’affaiblissement du blocus, et des "terroristes internationaux" en profiteront. L’analyste estime qu’Israël devrait attacher une importance particulière au contrôle de la frontière de la Bande de Gaza, car après le renversement de Hosni Moubarak, l’Egypte a relâché son contrôle à la frontière entre ce pays et la Bande de Gaza.

Il existe également une autre raison, moins évidente, pour empêcher les Flottilles d’atteindre les côtes de la Bande de Gaza. Selon Alexandre Demtchenko, "la Flottille de la liberté est un symbole de lutte contre l’occupation israélienne." "Cet incident attirera inévitablement l’attention [de l’opinion mondiale] sur Israël et le problème palestinien et provoquera une nouvelle vague de critiques dans le monde dirigées contre Israël quelque soit la façon d’intercepter cette nouvelle Flottille: avec ou sans victimes", fait remarquer l’expert.

Les actions d’Israël, sont-elles légitimes du point de vue du droit international?

Après avoir enquêté sur l’incident de 2010 impliquant la Flottille de la liberté, la commission des Nations Unies a conclu qu’Israël avait violé les normes du droit international, car les militaires israéliens avaient fait un usage disproportionné de la force. A son tour, Israël a qualifié les actions de ses militaires d’autodéfense. "Les militaires israéliens ont ouvert le feu sur les passagers du navire à titre d’autodéfense, les soldats ont fait preuve de professionnalisme en tenant compte de la résistance qui leur avait été opposée à bord du navire", lit-on dans le rapport de la commission israélienne.

Le rapport de 2010 des experts de l’ONU a condamné le blocus naval de la Bande de Gaza par Israël. Selon les experts, il est illégal en raison de la crise humanitaire qui sévit dans la Bande de Gaza.

Quelle est la réaction de l’Occident?

Le Quartet des médiateurs internationaux pour le règlement au Moyen-Orient (les Nations Unies, la Russie, les Etats-Unis et l’Union européenne) a invité à éviter les fournitures non-autorisées de tout fret dans la Bande de Gaza. "Dans ce contexte, le Quartet appelle avec insistance tous ceux qui souhaitent livrer des marchandises aux habitants de la Bande de Gaza à utiliser les canaux désignés afin que ces frets puissent être inspectés et transiter par les postes de passage établis", lit-on dans le communiqué du Quartet publié samedi dernier par le service de presse des Nations Unies.

L’interception de la Flottille de la liberté qui a conduit à la mort de neuf militants en 2010, a été condamnée dans le monde entier. La commission de l’ONU pour les droits a condamné les actions d’Israël en concluant que les militaires israéliens avaient violé les normes du droit international. Le rapport des Nations Unies publié en septembre dernier stipule que lors de l’assaut de l’un des navires, les militaires israéliens des unités spéciales ont fait preuve d’une brutalité inadmissible. A leur tour, les autorités de l’Union européenne ont appelé à enquêter sur la mort des militants lors de l’arraisonnement de la Flottille de la liberté et ont invité à autoriser la fourniture d’aide humanitaire dans la Bande de Gaza.

Quelle est la réaction de la Russie?

Mercredi dernier, le ministère russe des Affaires étrangères a appelé Israël à ne pas laisser se reproduire le scénario de 2010. "Nous estimons qu’il est important de tout faire pour éviter la réitération des événements dramatiques de l’année dernière. Cela signifie que les parties doivent faire preuve d’un sens des responsabilités accru et éviter des affrontements armés", a déclaré Alexandre Loukachevitch, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.

En 2010, Moscou a condamné les actions d’Israël et s'est déclaré très "préoccupé par l'incident en raison, avant tout, de la mort et des blessures infligées aux participants au convoi humanitaire." Par ailleurs, le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré que "l’utilisation d’armes contre les civils et l’interception des navires en haute mer sans aucune raison juridique [constituaient] une violation grave des normes du droit international."

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