Désormais, il est clair qu’il ne sera jamais élu président. La nouvelle "plainte pour agression sexuelle" contre Dominique Strauss-Kahn en France semble avoir tiré un trait définitif sur l’avenir présidentiel de l’ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI) et, à une époque, le principal candidat du parti socialiste. Jusque-là tout semblait encore possible: la déposition du témoin mise en doute, l’assignation à résidence à New York a été levée, il y avait enfin une lumière au bout du tunnel…
Aujourd’hui, cette lumière n’existe plus. Et désormais peu importe si le tribunal français accepte la nouvelle plainte (la décision doit être prise dans les jours à venir). Mais elle a joué son rôle sans qu'il ait été nécessaire de recourir au tribunal. De nos jours, lorsque dans la grande politique des collisions aussi importantes se produisent entre la testostérone et l’estrogène, la première perd pratiquement à coup sûr.
Tous les événements autour de Dominique Strauss-Kahn commencent à susciter l’abasourdissement. Tristane Banon, journaliste et écrivaine française âgée de 32 ans, a porté plainte contre lui en justice. Elle exige que Strauss-Kahn soit poursuivi pour l'agression sexuelle commise contre elle en 2003, lorsqu’il était député à l’Assemblée nationale. A l’époque, Tristane Banon l’avait interviewé pour son futur livre.
Tristane Banon était une amie de la fille de Strauss-Kahn, et c’est la raison pour laquelle elle a réussi à rencontrer cet homme très occupé, l’un des leaders les plus prometteurs du PS, ancien ministre, professeur d’université, etc. Par la suite, comme l’a expliqué Tristane Banon, elle a vécu en enfer pendant huit ans, mais l’affaire du mois de mai à New York l’a libérée de sa peur. Et aujourd’hui, elle décide de porter l'affaire devant les tribunaux. Evidemment, les avocats de Strauss-Kahn, ont déjà déclaré que c’était des absurdités, et ont promis de déposer plainte contre Mlle Banon pour dénonciation calomnieuse.
Strauss-Kahn et son attitude "animale" envers les femmes
Tout peut arriver dans ce monde sublunaire. Et, bien sûr, on ne voudrait pas prendre partie pour l’un ou l’autre: aucune envie de défendre Strauss-Kahn, ni de verser des larmes sur les affres des victimes sexuelles. Ou plutôt des victimes présumées. Car rien n’est encore prouvé.
Et la levée de l’assignation à résidence de Strauss-Kahn, et le fait que la véridicité de la déposition faite contre lui par la soubrette guinéenne ait été remise en question, ne signifient pas encore la fin de l’affaire.
Mais beaucoup trop de choses sont étranges dans cette affaire. On a l’impression que quelqu’un ne veut pas que Strauss-Kahn sorte de ce piège. Dans lequel il s’est retrouvé par sa faute, bien sûr. Mais ce piège risque de se refermer sur tout le parti socialiste.
Les mécanismes du désir sexuel présents dans le code génétique de l’Homo sapiens sont puissants. Ils agissent différemment selon les individus. La constitution sexuelle (les termes sont tirés de la psychologie du sexe) de Strauss-Kahn diffère certainement de la moyenne. Il est certainement doté d’un turbo en termes de quantité (force d’attraction, excitation) et de contenu (l’objet en soi, les moyens et les conditions de satisfaction, etc.). Cela arrive, mais il y a beaucoup trop de coïncidences.
Un cocktail empoisonné
Il existe de tels scandales pré-électoraux qui se vendent avec succès et sont très bien achetés par le public. Un moyen infaillible pour faire du tort à un rival politique, si vous n’avez plus d’autres potions en stock.
Le cocktail dans lequel s’est retrouvé immergé DSK est d'une âcreté suspecte. De plus, tous les socialistes y sont également plongés.
En ce qui concerne les coïncidences, il devient de plus en plus difficile de croire en leur naissance chaotique et au caractère fortuit de leur apparition. En particulier dans le contexte de la présidentielle qui approche (avril-mai 2012).
Le principal camp adverse du PS, à savoir celui de Nicolas Sarkozy, n’exprime ni joie, ni tristesse, et ne commente aucunement la saga de Strauss-Kahn. C'est logique, car tout commentaire porterait préjudice à l’image de Sarkozy. Au sein du PS, les partisans de DSK sont absolument convaincus que Sarkozy est derrière toute cette affaire. C'est ce que tout le monde insinue. Mais personne n’en parle ouvertement de crainte d’être poursuivi en justice.
Selon la législation française, la prescription pour accusations de viol est de 15 ans, et de 3 ans pour harcèlement sexuel. De plus, même si la plainte de Banon était examinée, il serait très difficile d'apporter des preuves. Ou plutôt impossible. Mais cela n’a pas d’importance.
Il est seulement étrange qu’aux yeux de l’opinion publique, Strauss-Kahn est désormais perçu seulement comme un obsédé sexuel et un coureur de jupons. Même ceux qui ont peu de sympathie pour lui ont du mal à croire qu’il puisse se jeter sur toutes les représentantes du sexe opposé (la femme de chambre de l’hôtel Sofitel à New York est loin d’être une beauté). Il serait alors difficile d’expliquer comment il a réussi à s'élever aussi haut dans la pyramide hiérarchique de la France, à demeurer professeur d’économie à l’Institut d'études politiques de Paris, à avoir été ministre des Finances, de l’Economie, président de la commission des finances au parlement, l’un des dirigeants du PS, puis directeur du FMI.
Soit sa psychopathologie n’avait pas été remarquée, soit on fermait les yeux, ce qui ne laisserait penser rien de bon de la politique française, du PS, du FMI, des Français, des Françaises, de l’éthique politique et de la morale sociale.
La France n’a jamais été un pays doté d'un mouvement féministe actif. Dans ce sens, les Anglo-saxons ont toujours été en tête. Notamment les Américains. Le "politiquement correct des sexes" aboutit parfois à l’absurde. C'est bien sûr une bonne chose que les Françaises se soient "réveillées" et essayent de se mettre au niveau des anglophones. Elles ont des choses à changer par rapport à l’attitude de leurs dirigeants envers ce qui est admissible ou non.
Les socialistes sont les fossoyeurs des socialistes
Mais tout n’est pas si simple dans le divertissement planétaire "Dominique vs soubrette." Ni dans la série "Dominique vs Banon" qui débute.
La mère de Tristane Banon, Anne Mansouret, n’est pas la dernière militante du parti socialiste français. Elle était conseillère municipale dans une ville de Normandie et connaît personnellement la nouvelle chef Martine Aubry, et l’ancien leader, et aujourd’hui le principal candidat socialiste à la présidence, François Hollande. A une époque elle a découragé sa fille de porter plainte. Car à l’époque cela aurait été préjudiciable pour le parti.
Le parti socialiste est loin d’être un organisme uni et soudé. Il y existe divers courants et groupes. Désormais, les événements actuels peuvent avoir un rapport avec ces différences et querelles.
Le scandale mentionne également le nom du principal prétendant socialiste à la présidence, François Hollande. Apparemment, il savait tout de l’incident qui s’est produit huit ans auparavant, et doit maintenant être convoqué au tribunal (si l’audience a lieu) en tant que témoin.
Dans la politique, il est rare que les erreurs individuelles n’impactent pas automatiquement tout le parti. Mais ici, quelqu’un apporte à l'évidence une efficace contribution.
Ainsi, l’excès de testostérone de Strauss-Kahn pourrait être désastreux pour les socialistes en général.
L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction