La solidarité est une notion bien large, écrit Alexeï Grigoriev. Le mercredi 29 juin le quotidien français « Le Figaro » a annoncé que les avions français avaient régulièrement parachuté dans les montagnes du Djebel Nafusa au sud-est de la capitale libyenne des armes pour les insurgés. Le soir même le porte-parole de l'état-major, le colonel Thierry Burkhard a confirmé les faits révélés par le quotidien. « Pendant les opérations, la situation des civils au sol s'est dégradée. Nous avons également largué des armes et des moyens pour leur permettre de se défendre, essentiellement des munitions », a-t-il précisé. Il ne s'agirait que des armes légères. Mais « Le Figaro » affirme qu'ont été également parachutés des lance-roquettes, fusils d'assaut, mitrailleuses et des missiles antichar Milan qui sont des armes habituellement utilisées par une armée active. « La France avait procédé à des parachutages d'armes pour donner un coup de pouce à la rébellion à la frontière sud », affirme le journal. Même la Grande-Bretagne, pourtant membre de la même coalition internationale que la France, a critiqué ce geste de solidarité français. « Ce n'est pas quelque chose que nous devrions faire », a déclaré à ce sujet le secrétaire d'Etat britannique à la Défense, Gerald Howarth. Notons entre parenthèses que l’organe politique de la rébellion, le Conseil national de transition a reçu les 100 premiers millions de dollars dans le cadre d'un fonds de soutien spécial alimenté par des avoirs bloqués du régime libyen, pour payer les salaires et acheter du carburant. Le président de la FIDE, le Russe Kirsan Ilioumjinov, qui vient de rentrer de Tripoli où il a rencontré Mouammar Kadhafi, cite celui-ci en disant qu'il y a 160 milliards de dollars d'avoirs libyens gelés à l'étranger. Et de poursuivre, Kadhafi a ensuite dit : « On dit que c'est l'argent de Kadhafi. Mais ce n'est pas l'argent de Kadhafi, c'est l'argent de la Banque centrale libyenne, c'est l'argent des Libyens ». L'Occident n'est pas de cet avis et semble avoir commencé à dépenser cet argent en envoyant une aide ponctuelle aux Libyens qui combattent contre le régime Kadhafi.
La Russie comprend la solidarité avec la Libye d'une façon toute autre. A la récente conférence de presse organisée à Moscou par l'agence « RIA Novosti » un nombre d'associations russes ont déclaré être en train de préparer des colis humanitaires à envoyer en Libye dont la population est la victime involontaire de la guerre civile, des sanctions économiques et des frappes aériennes. Parmi ceux qui ont répondu à l'appel d'aide urgente de la part du comité libyen du « Croissant Rouge », il y a « Mission humanitaire russe », il y a l'organisation interrégionale « VECHE » qui se sont chargées d'envoyer des colis humanitaires en Libye.
«Envoyer de l'aide humanitaire à la population libyenne est, selon nous, une priorité absolue, a dit en ouvrant la conférence de presse l'homme politique russe, Sergueï Babourine. La population libyenne est en l’occurrence non seulement ceux qui, sur la suggestion des politiques et journalistes occidentaux à Benghazi et à l'ouest du pays, se proclament opposants au régime de Tripoli. Il s'agit des gens biens réels qui vivent sous les bombardements et souffrent de la transformation de ce qu'on a appelé une intervention humanitaire en une agression militaire dirigée par l'OTAN. Avec l'aide du public russe, des organismes publics, du business russe nous voulons envoyer en Libye une importante aide humanitaire. Il s'agit, en premier lieu, des médicaments, du matériel de pansement, des instruments médicaux, des tentes et des couvertures, de ce dont nous ont demandé les associations libyennes. L'objectif de la Russie, ce n'est pas de protéger des personnes concrètes, dit Sergueï Babourine. Notre objectif est de lutter contre une ingérence dans les affaires intérieures des Etats par ceux qui croyaient et croient avoir le droit d'imposer aux autres leurs standards et d'éliminer ceux qui s'y opposent. C'est de la génocide. L'acte d'agression par les Etats occidentaux de la Libye est aujourd'hui qualifiable de génocide».
Parmi ceux qui ont participé à la conférence de presse, il y avait des gens qui s'étaient rendus à Tripoli. Ils ont raconté que dans la capitale libyenne et ailleurs il y manquait cruellement de l'essence pour les ambulances et les voitures de pompiers, qu'il était difficile de trouver les véhicules pour transporter des blessés, qu'il n'y avait pas de médicaments pour soigner ceux-ci. Il n'y a pas de pain : il y a de la farine mais pas de gaz pour alimenter les fours. La situation est toute autre à Benghazi et dans la zone contrôlée par l'opposition qui bénéficie de l'aide venant de l'Europe et de certains autres Etats de la région. Cette division de la population libyenne en « amis » et « ennemis » opérée par l'Occident ne fait qu'accentuer la crise en Libye. C'est ce dont parle à la Voix de la Russie le journaliste et écrivain russe Nikolaï Sologoubovskiy qui s'est souvent rendu en Libye .