Au grand dam des autorités de la Guinée Équatoriale, quelques-unes des 52 résidences luxueuses qu’elles avaient fait construite à Sipopo, en banlieue de la capitale Malabo pour les chefs d’état et de gouvernement participant au 17éeme sommet de l’UA, sont restées vacantes. C’est ainsi que le patriarche et notamment le président sénégalais Abdoulaye Wade a brillé par son absence. Comme l’écrit Alexei Grigoriev, c’était en partie par crainte de perdre le contrôle des évènement dans son propre pays qui pourraient prendre la tournure du « printemps arabe » et en partie parce qu’il ne voulait pas se retrouver au Sommet à la tête de la minorité anti-libyenne. D’ailleurs, il était un des premiers leaders africains à avoir visité Benghazi, le fief des insurgés libyens, et reconnu le Conseil national de transition en qualité de gouvernement libyens en s’opposant par là même à Tripoli et à Mouammad Kadhafi en personne. Ce sont les problèmes libyens qui, comme il fallait bien s’en douter » ont été au cœur des débats et on pris le gros du tramps de travail, pratiquement un jour et demi sur deux. Quant aux autres sujets, ils ont été tout juste été évoqués lors de cérémonie d’inauguration. C’est « Accélérer l’autonomisation de la jeunesse pour la développement durable », le lancement des activités de la campagne panafricaine d’éradication de la tsé-tsé dans la région de l’Afrique Centrale et la pose de la première pierre de l’Observatoire africain pour la science, la technologie et l’innovation. Mais c’est la problématique libyenne qui a pris le devant de la scène. « L’Afrique ne résout pas les problèmes de l’Europe, les problèmes de l’Asie, de l’Amérique. L’Afrique désire que les organisations extérieures qui ont le pouvoir d’utiliser la force d’interviennent pas en Afrique sans le consensus préalable des dirigeants africains », - a déclaré Teodoro Obiang Nguema, président de l’Union Africaine et de la Guinée Équatoriale, en ouvrant le 17 e sommet de l’UA. Les participants ont examiné l’accord-cadre sur une solution politique en Libye dont la version finale a été préparée par le comité des médiateurs de l’UA composé des leaders d’Afrique du Sud, du Congo Brazzaville, du Mali, d’Ouganda et de Mauritanie. Les principaux points de ce document ont été évoqués à la veille du sommet de Malabo devant le correspondant de RFI Boniface Vignon par le président de la Commission de l’UA Jean Ping.
Aux travaux du sommet avait également pris part la délégation officielle du gouvernement de Tripoli dirigée par le ministre des Affaires de l’Union africaine Joma Ibrahim Amer. « Nous sommes venus pour que l’Union africaine soutienne notre position et que la position africaine soit forte », a-t-il déclaré. Il y avait aussi la délégation du Conseil national de transition qui n’était pas admise aux séances plénières mais était très actives auprès des délégations officielles pour les convaincre de la légitimité du Conseil et justifier le soutien militaire accordé par la coalition occidentale aux forces opposées à Kadhafi. Certains leaders africains ont eu des réactions mitigées à la proposition de l’UA de régler pacifiquement la crise libyenne. C’est ainsi que le président du Gabon Ali Bongo Ondimba a ouvertement déclaré : « Pour l’avenir de son peuple, pour l’avenir de son pays, pour l’avenir de l’Afrique, il serait bon que de lui-même, il (Mouammar Kadhafi) se retire, afin de faciliter la réconciliation du peuple libyen ».
Les participants au Sommer ont finalement adopté la résolution qui avait pour base « la carte routière » élaborée par le Comité; des médiateurs de l’UA avec deux amendements. Le premier invite à tenir dans les meilleurs délais à Addis-Abeba les négociations entre le gouvernement de Tripoli et le Conseil national de transition de Benghazi. Le deuxième propose de commencer ce dialogue sans la participation personnelle de Mouammar Kadhafi. « Kadhafi ne doit pas participer au processus de négociation », a affirmé Ramtane Lamambra, Commissaire à la paix et à la sécurité de l’UA. En même temps, les participants ont unanimement rejeté le mandat d’arrêt lancé à la veille du Sommet par la Cour pénale internationale. « Malheureusement, ce tribunal est devenu un instrument politique des grandes puissances notamment contre les pays africains », a estimé le ministre libyen des affaires de l’Union africaine Amer, en allusion à un autre mandat d’arrêt lancé par le CPI contre le président soudanais Omar el-Béchir. Le document a été remis le 1 juillet en soirée aux deux parties qui selon le président sud-africain Jacob Zuma l’ont « accueilli chaleureusement ». « Nous sommes à un point ou nous pourrons bientôt attaquer le problème et amener la paix et la stabilité en Libye. Nous ne sommes pas pour une solution militaire », a précisé M.Zuma soulignant à propos de la résolution 1973 de l’ONU : « Elle ne dit pas « laissez-nous bombarder la Libye ». Elle parlait de zone d’exclusion aérienne ». Bref, dit en conclusion notre observateur, il y a des raisons d’espérer qu’après le 17èeme Sommet de l’UA à Malabo commencera un processus réel de règlement pacifique de la crise libyenne. De son issue dépendra tant l’avenir de la Jamahiriya que celui de toute la communauté africaine. Reste que ce point de vue soit partagé par la coalition occidentale qui fait jusqu’ici preuve d’une vision bien différente de l’avenir de Libye.