«Dieu est dans le ciel et la Russie est sur terre», est le proverbe qu’on aime répéter aujourd’hui au Monténégro. Cet état indépendant de fraîche date espère continuer à coopérer étroitement avec la Russie économiquement et spirituellement et est fier d’une longue histoire des relations amicales qui le lient à notre pays.
5 heures suffisent pour faire le tour du Monténégro en voiture mais il faut plus d’une semaine pour visiter ses monastères et églises orthodoxes qui sont plus de 600.
L’histoire des relations de ce pays avec l’État russe p^longe ses racines dans la nuit des temps. On sait que c’est encore aux temps d’Ivan le Terrible que l’église orthodoxe russe soutenait l’orthodoxie serbe spirituellement et matériellement, aidait à construire des monastères et des églises et y envoyait ses moines. Le budget d’état de l’époque avait même un poste destiné au financement des monastères, des églises et du clergé serbe.
Presque chaque monastère monténégrin possède aujourd’hui une relique ou un objet sacré offerts par les tsars et les empereurs de Russie qu’il s’agisse de vêtements sacerdotaux, de sauf conduits, de lettres personnelles ou de cadeaux. C’est ainsi que les visiteurs peuvent voir célèbre au monastère Tzetin une pièce d’étoffe brodée au milieu du 18èeme siècle de fils d’or et d’argent par l’impératrice Catherine II de Russie et offerte au gouvernant d’alors de cette région Piotr Negosh qui est aujourd’hui un saint local très vénéré. Avant de remettre l’âme à Dieu il a appelé son peuple à « prier Dieu et à s’en tenir à la Russie ». C’est dans ce monastère que son conservés à côté des reliques de Saint-Pierre les principaux objets sacrés provenant de Russie, raconte le moine Dimitri.
Après la révolution en Russie et l’assassinat du tsar, sa mère Maria Fedorovna, la seule survivante de la famille, a dû fuir au Danemark. Avant sa mort elle a offert au roi serbe Alexandre Karageogévitch un fragment de la Sainte Croix, la dextre de Saint Jean Le Précurseur et l’icône de la vierge de Vilarmos. C’était pour récompenser la Yougoslavie qui a accueilli plu de 400 000 réfugiés russes qui avaient fui le pays après la révolution.
Le moine Séraphin du monastère de Podmainé également au Monténégro raconte que toute sa vie est liée à la Russie.
«Je suis originaire de la Bosnie et après l’éclatement de la guerre civile en Yougoslavie je me suis retrouvé en Russie. A Moscou j’ai fait mes études à l’école de peinture Stroganov et j’ai beaucoup voyagé en visitant des lieux saints. C’est de cette façon que je suis venu à Dieu».
Il y a également de nombreux liens culturels qui relient le Monténégro à la Russie. Selon Georgui Vouchourovitch. Directeur de l’Institut du patrimoine historique, les deux pays pratiquaient activement un échange de spécialistes jusqu’à une date relativement récente.
Nos experts en restauration se rendaient obligatoirement en Russie pour participer aux cours de formation de 6 mois. Cette pratique a cessé après la désintégration de l’Union Soviétique et la chute de Yougoslavie mais nous voulons renouer avec elle. Nous avons récemment fait une demande en ce sens à l’ambassade du Monténégro en Russie. J’espère qu’elle ne restera pas sans suite d’autant plus que nous allons prochainement adopter une loi qui spécifie expressément ce genre de coopération avec la Russie.
Ce n’est un secret pour personne que le Monténégro vit principalement du tourisme et notamment du tourisme russe. On peut voir partout des annonces et des plaques publicitaires en russe et on entend souvent parler russe. Les Russes sont de bons voisins et des frères en ce qui concerne la foi, la culture et la mentalité. C’est en grande partie pour cette raison que la majorité des Monténégrins supportent mal la politique pro-occidentale pratiquée par les autorités. Certes, l’adhésion du Monténégro à l’UE procurera à l’état de nombreux avantages économiques et politiques qui lui sont si nécessaires.
Pourtant, les habitants locaux disent : nous pouvons nous passer de l’argent de l’UE qui nous abandonnait souvent dans la détresse mais ne pouvons pas vivre séparés de la Russie puisque nous sommes frères.