L’organisation internationale «Communauté des démocraties» a tenu ses assistes à Vilnius, capitale de Lettonie. La secrétaire d’état américaine Hillary Clinton a adressé une allocution aux participants du forum en instant surtout sur le fait que les pays aux démocraties avancées devaient soutenir ceux qui s’engagent dans cette voie.
«La communauté des démocraties» a été fondée en 1999 à l’initiative des États-Unis. Elle se fonde sur la Charte de l’ONU et la Déclaration universelle des droits de l’homme et regroupe tant les pays démocratiques que ceux qui suivent ce chemin.
La conférence s’est tenue dans une période tourmentée, quand le monde entier suit l’évolution des évènements en Afrique du Nord et au Proche-Orient qui sont engagés dans le processus dramatique de transition entre vieux pouvoir bureaucratique et le pouvoir nouveau qui proclame son attachement aux droits de l’homme et aux valeurs démocratiques. Il va de soi que la chef de la diplomatique américaine y a consacré une grande partie de son discours.
Hillary Clinton a avoué que les États-Unis n’étaient pas préparés aux changements révolutionnaires que vit le monde arabe. La victoire des révolutions en Égypte et en Tunisie était dans une grande mesure redevable à l’action concertée des militants de la société civile agissant via Internet. La secrétaire d’état estime que les États-Unis doivent prêter leur concours à la formation des militants capables de maîtriser les technologies informatiques. Mieux encire, ils doivent être en mesure de contrecarrer les efforts des gouvernements cherchant à étouffer les contacts ;a travers les réseaux sociaux. Hillary Clinton estime que les perspectives des changements en Afrique du Nord et au Proche-Orient ne sont pas acquises du tout et peuvent rester un mirage dans le désert.
Certes, si tout se ramenait à l’usage d’Internet, les paroles de Clinton mériteraient une bonne dose de compassion. Or, il y a des écarts évidents entre la théorie et la pratique de la politique américaine. On aurait du mal à qualifier l’intervention militaire de l’OTAN en Libye de contribution à l’édification de la démocratie. Voici ce qu’en pense le politologue Léonid Poliakov.
Clinton se fait porte-parole de l’administration et de la classe dirigeante américaine qui ont choisi le processus démocratique dans le monde entier comme leur cheval de bataille et le lieu ou se joue leur responsabilité globale. Quelles conclusions faut-il en tirer? L’intervention dans les pays souverains comme l’Irak ou les bombardements de Yougoslavie ou de Libye. La démocratie c’est avant tout le pouvoir du peuple qui ne se laisse pas imposer de l’extérieur.
Au lieu d’encourager le dialogue entre les parties du conflit interne, les pays de la coalition occidentale ont mis le cap sur l’élimination physique de Kadhafi. La situation en Syrie suit le même scénario. L’intervention militaire n’est pas encore au menu mais on en parle de plus en plus sinon pourquoi présenter Bechar Assad comme politicien au bout du rouleau. La Russie préfère utiliser au mieux les possibilités offertes par le dialogue interne. C’est lui précisément qui contribuera à la mise en place des institutions démocratiques. Ce fait a récemment été souligné par le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
«Dans tout conflit il faut éviter d’isoler qui que ce soit et toujours laisser la porte ouverte pour entamer le dialogue avec l’ensemble des parties. C’est d’ailleurs ce que nous faisons en Libye et c’est ce que nous ferons en Syrie. Mais je répète qu’il faut avant tout inciter toutes les parties sans exception aucune et l’opposition au premier chef à entamer le dialogue avec les autorités et à renoncer aux provocations et aux tentatives d’appeler à l’aide la communauté internationale pour trancher d’un coup d’épée le problème de changement de régime».
Il faut rendre justice à Madame Clinton qui défend les principes de la démocratie américaine et le fait honnêtement. Mais, malheureusement, les principes démocratiques ne sont pas universels et la société contemporaine est hétérogène et multipolaire à tel pont que même l’Occident est loin d’être uni du point de vue de ses institutions démocratiques.