La France veut associer la Russie à la construction d'un bouclier antimissile européen, a déclaré vendredi le ministre Français des Affaires étrangères, Alain Juppé, lors d'une réunion du Club Valdaï à Moscou.
"Nous nous sommes exprimés très clairement lors du sommet de Lisbonne au mois de novembre dernier en disant que nous souhaitons que ce système de défense antimissile associe les Etats-Unis, l'Europe, l'Otan et la Russie. Je l'ai de nouveau confirmé à mon homologue (russe, Sergueï Lavrov - ndlr) ce matin lors des discussions", a annoncé M.Juppé.
"La France partage un certain nombre d'interrogations de la Russie sur la mise en place de ce système, en particulier notre volonté de préserver notre capacité souveraine de dissuasion nucléaire qui ne doit pas être mise en cause par la défense antimissile. La Russie et la France ont de ce point de vue des approches communes", a insisté le ministre.
"Maintenant il s'agit de négocier pour la mise en place de ce système, ce n'est pas simple. Les discussions entre Américains et Russes sont difficiles, nous le savons bien. Mais pour nous l'objectif est d'associer la Russie à cette démarche", a-t-il indiqué avant de souligner que "le système n'était pas dirigé contre la Russie".
Les Etats-Unis envisagent de déployer de 2015 à 2020 une troisième zone de positionnement de leur système de défense antimissile en Europe. Moscou s'oppose à ce projet, considérant que la mise en place d'un bouclier antimissile à proximité de ses frontières menace le potentiel stratégique russe.
L'idée d'engager la coopération en vue de créer un bouclier antimissile européen a été formulée en novembre 2010 lors du sommet Russie-Otan à Lisbonne. L'Alliance atlantique insiste sur la mise en place de deux systèmes de défense antimissile indépendants mais coordonnés: l'un russe, l'autre otanien. Moscou propose pour sa part de créer un système indivisible intégrant les dispositifs des deux parties.
Propos recueillis par Vassili Léjépiokov, correspondant de RIA Novosti.