La Juste cause du milliardaire Mikhail Prokhorov

S'abonner
Le milliardaire Mikhaïl Prokhorov vient d’être élu à la tête du parti Juste cause et a aussitôt déclaré que son parti devait faire concurrence à l’actuel parti au pouvoir, Russie Unie.

Le milliardaire Mikhaïl Prokhorov vient d’être élu à la tête du parti Juste cause et a aussitôt déclaré que son parti devait faire concurrence à l’actuel parti au pouvoir,  Russie Unie.

Les changements dans la direction du parti ont été adoptés lors de  son congrès extraordinaire à Moscou en un temps record. Une demi-heure à peine après le remaniement du statut Mikhaïl Prokhorov devenait membre du parti pour prendre sa direction deux heures plus tard. Il a remercié les délégués pour la confiance qu’ils lui ont témoignée et a fait de son projet ambitieux de faire concurrence à  Russie Unie  et devenir un deuxième parti au pouvoir.

Je propose d’exclure de votre vocabulaire le mot « opposition » parce que dans l’esprit de nos concitoyens il s’assimile non pas aux partis politiques mais à des groupes de marginaux depuis longtemps coupés des réalités. Le parti qui fait le plus grand cas de la dignité humaine et l’individu lui-même ne peut pas être marginal.

Prokhorov a fixé un objectif concret à savoir occuper la deuxième aux élections législatives de décembre 2011. Certains experts ont vu ces déclarations d’un œil critique. « Les élections sont proches et le nouveau parti a plein de problèmes en suspens », révèle le sous-directeur du Centre des technologies politiques, Alexeï Makarkine.

Prétendre remporter la deuxième place aux élections législatives c’est aller trop vite en besogne mais il faut bien donner du courage aux camarades du parti. En fait, se donner un objectif réel comme franchir le cap des 7%, c’est insuffisant pour leur insuffler la confiance en eux-mêmes. Nombreux sont les membres du parti qui attendent actuellement de Prokhorov un miracle à la mesure des ambitions affichées. En fait, il faut travailler à fond pour donner une cohésion interne à ce parti assez divisé et conflictuel.

Les experts se demandent toujours pourquoi cet homme d’affaires de première grande a décidé d’embrasser la politique. Rappelons que le magazine Forbes a évalué en 2010 la fortune personnelle de Mikhaïl Prokhorov à 13,4 milliards de dollars. Il est le PDG du fonds d’investissement Groupe ONEXIM  et dirige l'Union des biathloniens de Russie. C’est également lui qui a conçu la voiture hybride innovante  E-mobile. C’est un homme qui se passionne facilement. « Il s’est essayé dans plus d’un domaine et veut maintenant aller vers des horizons nouveaux », pense le sous-directeur du Centre russe de conjoncture politique, Alexeï Zoudine.

C’est le phénomène de démotivation quand la personne travaille depuis longtemps et avec succès dans un domaine comme Prokhorov dans les affaires et finit un jour par s’en désintéresser. C’est ce phénomène qui le pousse à changer radicalement du registre d’activité.

Les politologues s’intéressent surtout à la nouvelle formule que va se donner Juste Cause. Il n’est pas exclu qu’il se dote maintenant d’un électorat dont il exprimera des revendications concrètes.

Le parti n’a pas encore trouvé ses électeurs. Il va s’orienter à l’avenir sur deux couches d’électeur. La première sera constituée des managers qui ont réussi alors que la seconde se composera de ceux qui attendent de Prokhorov un miracle. Puisqu’il est devenu riche, il pourrait peut-être aider les autres à le devenir eux aussi. Les électeurs en puissance veulent que ce parti soit solide, respectable et que ses membres ne se baladent pas dans les rues en cherchant à provoquer la police. Les électeurs aimeraient que leur parti soit suffisamment critique et occupe ses propres positions qui ne seraient pas les mêmes que celles du parti au pouvoir.

Ajoutons que les partis libéraux de droite sont  défaits depuis 2003 dans le Parlement russe. Dans sa récente interview accordée au Financial Times, le président Medvedev a déclaré que le parlement devait être représentatif de tout le spectre politique. Plus tard, le chef de l’état a soumis à la Chambre basse les amendements qui tendent à faire passer de 7 à 5% la barrière électorale pour les candidats à la Douma.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала