Il y a exactement cinq ans jour pour jour que le soldat israélien Gilad Chalit se faisait prisonnier du Hamas. On est sans nouvelles de lui depuis deux ans et comme en Israël le service militaire est obligatoire et tout citoyen aurait pu se retrouver à sa place, les gens commencent à s’interroger sur ce que le gouvernement ferait pour les libérer. N’a-t-il pas abandonné la tradition de lutter jusqu’au bout pour se porter au secours de ses citoyens ?
Gilad Chalit avait moins de 20 ans avait à peine vingt ans au moment ou il a été fait prisonnier à la frontière de la bande de Gaza. Le 25 juin 2006, après avoir lancé une attaque surprise contre un poste de contrôle, les combattants islamistes ont regagné leurs quartiers avec leur prisonnier en empruntant un tunnel. Trois jours plus tard l’armée israélienne faisait irruption à Gaza sans jamais retrouver le soldat enlevé. Le Hamas a demandé la libération de mille Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes en échange de la libération du soldat. Les parties étaient prêtes à faire l’échange au printemps de 2009 mais tout est allé en eau de boudin quand Israël a refusé de libérer les détenus accus purgeant leur peine pour meurtre.
Tout au long de ces années, les médiateurs ont fait passer trois lettres et un message enregistré par le prisonnier. Le d ernier enregistrement vidéo datait de septembre 2009 parce qu’on pouvait lire la date sur le journal que Chalit tenait à la main. Pâle et hagard, il implorait le premier ministre Netanyahu de lui venir en aide.
Gueorgui Mirski, directeur de recherche à l’Institut des relations internationales de l’Académie des sciences évoque les motifs éventuels du Hamas.
Tant que le Hamas le retient à Gaza, il croit pourvoir faire des pressions sur Israël. Si Israël entreprend une démarche que jugée disproportionnée par le Hamas, Chalit risque de se faire tuer. En Israël la tradition veut que chaque prisonnier soit libéré et que chaque mort soit rapatrié et enterrée en terre natale. La vie humaine a une très grande valeur dans ce petit pays et les arabes le savent très bien. Du moment que Chalit reste leur prisonnier, ils ont toute la liberté d’avancer de nouvelles revendications.
Pourtant la situation dans la région n’est plus la même qu’il y a cinq ans. De nombreux pays arabes connaissent des désordres et certains d’entre eux ont changé de régime. On assiste à un début des consultations entre les rivaux de toujours le Hamas et le Fatah de Mahmoud Abbas en vue de création d’un gouvernement palestinien unique. Selon Alexandre Khramtchikhine, sous-directeur de l’Institut des études politiques et militaires, si les fractions rivales en viennent à se réconcilier, cela peut théoriquement hâter la libération de Chalit.
Le Fatah est considéré comme une mouvance plus modérée mais je ne pense pas que ce fait soit vraiment important à moins que le Fatah essaie de prouver qu’il a vraiment de l’influence et refuse de marcher dans le sillage du Hamas.
Notre premier interlocuteur se montre plus catégorique.
Cela sonne faux à mon avis. Si le Hamas fait un jour partie du gouvernement ce qui est très vraisemblable, Israël va selon Netanyahu refuser de traiter avec ce gouvernement parce qu’il préfère le Fatah de Mahmoud Abbas.
Il est très difficile de localiser un seul homme en territoire ennemi, explique Gueorgui Mirski. Souvenons-nous du temps qu’il a fallut pour mettre la main sur Ben Laden. Alors il est quasiment impossible de récupérer le soldat manu militari. Les efforts politiques ont également échoué jusqu’ici malgré la participation de l’Égypte, de la France et de l’UE. Chalit a la double nationalité, israélienne et française, et son père Noam avait été reçu personnellement par Nicolas Sarkozy.
Netanyahu a déclaré à la veille de ce triste anniversaire qu’il voulait évidemment libérer le prisonnier mais n’acceptait aucun échange pour la bonne raison qu’accepter les conditions du Hamas reviendrait à mettre en danger les vies des Israéliens surtout s’agissant d’un ennemi perfide et cruel qu’il refuse même la visite des représentants de la Croix Rouge. Mais le père de Gilad donne une autre explication à savoir que c‘est l’administration US qui dissuade Netanyahu de faire l’échange sous prétexte que les extrémistes libérés pourrait affaiblir les positions de Mahmoud Abbas et aggraver la situation sur le territoire de l’Autorité Palestinienne.
La plupart des Israéliens (63%) se montrent favorables à l’échange. Ils souhaitent faire entendre leurs revendications lors des manifestations prévues ce samedi à Jérusalem. Ecrivains, comédiens et sportifs de renom occuperont tour à tour une cellule de prison improvisée pour faire un reportage vidéo sur le réseau social Facebook. Un meeting aura lieu à la frontière avec la bande de Gaga à l’endroit même ou Chalit avait été enlevé. Une tente est dressée à l’entrée de la résidence du premier ministre vers laquelle les gens afflueront pour soutenir les parents du soldat et leur serrer la main. « L’anniversaire révélera les vraies valeurs de notre société. Chalit crie mais personne ne l’entend. Nous devons faire en sorte que ces cris soit entendus tout au sommet », - disent les Israéliens.
D’ailleurs, ils sont sans doute déjà entendus « là-bas » et les négociations sont au menu, a laissé entendre l’ambassadrice d’Israël à Moscou Dorit Golender.
Les négociations sur Chalit ne devraient pas être mentionnées en ce moment. Nous espérons et attendons qu’il reviendra bientôt.
Cette déclaration donne des ailes d’autant plus que le Hamas seraient prêt à alléger les conditions et à entamer le dialogue, peut-on lire dans le journal Al-Hayat qui fait référence à une lettre parvenue à sa rédaction.
Ajoutons également que la Maison Blanche et les organisations internationales qui militent en faveur des droits de l’homme, ont exigé la veille de mettre un terme au traitement « inhumain » infligé au prisonnier
