Défenseuse des droits de l'homme et figure publique éminente, Elena Bonner est décédée le 18 juin, à l'âge de 89 ans, à Boston, État du Massachusetts. La dépouille de la veuve de l'académicien Andreï Sakharov sera enterrée au cimetière Vostriakovskoe à Moscou. Les funérailles civiles auront lieu aux États-Unis, précise la fille de Bonner, Tatiana Iankelevitch.
Elena Bonner est née le 15 février 1923 à Mary, au Turkestan. Son père Gevork Alikhaniane a été fusillé en 1938, sa mère Ruth Bonner a été condamnée à huit ans d'exil. Après l'arrestation de ses parents, Elena, est entrée à la faculté de langue et de littérature russe à l'Institut pédagogique. Lors de la Grande guerre patriotique (1941-1945), elle s'est engagée dans l'Armée Rouge en qualité d'infirmière. En 1953, Bonner a terminé l'Institut de médecine de Leningrad et a travaillé en tant que pédiatre. En 1965, elle s'est engagée dans le parti communiste avant de le quitter en 1972 pour des principes politiques. La même année Bonner s'est mariée à l'académicien Andreï Sakharov.
Avec son mari, elle a été exilée à Gorki (Nijni Novgorod) en 1980. En 1987, Bonner et Sakharov ont participé à la formation des groupes Mémorial et La Tribune de Moscou. Bonner a été membre de la commission pour les droits de l'homme auprès du Président Boris Yeltsine, qu'elle a quittée le 28 décembre 1994 en signe de protestation après le début de la guerre de Tchétchénie.
« Elle a toujours occupé une position sociale active, s'est élevée contre les violations des droits de l'homme dans l'Union soviétique et dans d'autres États. Sa réputation a été reconnue par des organisations de défense des droits de l'homme, par des personnalités publiques éminentes et même par des chefs d'États. Sa voix, son soutien avaient une grande importance morale pour ceux qui, dans leurs propres pays et notamment en Russie, luttaient pour la défense des droits de l'homme. C'est pourquoi sa mort est une grande perte pour le mouvement de défense des droits de l’homme, explique Vladimir Novitski, président de la section russe de la Société internationale pour les droits de l'homme.
« Il est difficile de séparer Elena et son rôle dans le mouvement de défense des droits de l'homme du rôle et de l'activité d'Andreï Sakharov. Ils ont agi ensemble dans l'unanimité. Elle a été non seulement une femme tendre et attentive mais aussi une aide énergique et efficace. Des journaux et des livres de Sakharov on apprend que tout ce qu'il planifiait et faisait était discuté avec Elena. Il appréciait hautement son opinion et ils décidaient de beaucoup ensemble », précise Ludmila Alexeïeva, présidente du groupe d'Helsinki de Moscou.
Elena Bonner était la présidente de la fondation Sakharov, membre du Conseil des directeurs de la Ligue internationale des droits de l'homme de l'ONU. Elle était titrée docteur honorable de plusieurs universités américaines et européennes, a reçu nombreux prix des organisations de défense des droits de l'homme. Bonner est aussi l’auteur de nombreuses publications dans la presse russe et étrangère.
Les funérailles civiles sont fixées à 12H00 (08H00, heure de Moscou) mardi, le 21 juin, dans la chapelle Stanetski Memorial Chapel à Brooklyn, État de Massachusetts. Selon le testament, la dépouille de Bonner sera incinérée. L'urne qui renfermera ses cendres sera enterrée au cimetière Vstiakovskoe à Moscou, à côté de son mari, de sa mère et de son frère. La famille de la défunte propose de ne pas apporter des fleurs aux funérailles mais de faire des dons à la fondation
