La dispersion d’une manifestation de l’opposition géorgienne, qui, tout comme le gouvernement, cherche à consolider le soutien de l’Occident, a démontré qu’une nouvelle révolution pourrait provoquer de nombreuses victimes parmi la population civile de la Géorgie, estime le parlementaire russe Konstantin Zatouline.
Dans la nuit de mercredi, les unités spéciales de la police géorgienne ont dispersé un meeting de l'opposition qui durait depuis cinq jours à Tbilissi. La police a utilisé des canons à eau et tiré des balles de caoutchouc. Des centaines de personnes ont été appréhendées, notamment des journalistes russes. Beaucoup de manifestants ont été tabassés.
Selon les déclarations de l’opposition, les forces spéciales ont agi "sans pitié et avec brutalité", pis que l’armée soviétique au moment de la dispersion de la manifestation de Tbilissi du 9 avril 1989 (manifestation devant le Parlement de Tbilissi dispersée dans le sang (19 morts), ndlr). On signale que la répression de la manifestation a fait deux morts, dont un policier, et plusieurs dizaines de blessés.
"Le président géorgien Mikhaïl Saakachvili a démontré qu’il ne s’arrêterait devant rien. Une éventuelle révolution s’accompagnera donc probablement d’une effusion de sang", a déclaré jeudi M. Zatouline dans un entretien accordé à RIA Novosti.
Par ailleurs, il a fait remarquer qu’il n’y avait aucune raison de ne pas croire l’opposition, qui souhaite renverser le régime de Saakachvili et qui a prouvé qu’elle ne craignait pas un conflit.
Depuis la proclamation de l’indépendance géorgienne, le changement de régime dans ce pays ne s’était jamais opéré de manière légale: aussi bien Zviad Gamsakhourdia qu’Edouard Chevarnadze et Mikhaïl Saakachvili sont arrivés au pouvoir par le biais de coups d’Etat. Néanmoins, la Russie ne doit pas se faire d’illusions: aussi bien l’opposition géorgienne que le régime au pouvoir s’orientent vers l’Occident, vers l’adhésion à l’OTAN et ont une attitude antirusse.
En organisant la manifestation, dispersée ensuite par le gouvernement, l’opposition cherchait à mobiliser l’attention de l’Occident et consolider son soutien au détriment de Mikhaïl Saakachvili.
"Le but de l’opposition est de gagner l’Occident à sa cause. L’opposition, tout comme le régime au pouvoir, ne jure que par l’Occident", a déclaré Konstantin Zatouline.
Auparavant l’opposition avait déjà organisé des protestations mais elle "se dégonflait rapidement." La situation politique en Géorgie ressemble à un jeu permanent que l’on pourrait appeler "recherche de la piste russe."
"Aussi bien Saakachvili que les membres de l’opposition tentent de s’assurer les faveurs de l’Occident", estime M. Zatouline.
"Les maîtres à penser de l’opposition ne se trouvent pas du tout en Russie mais en Occident. Quel que soit le successeur de Saakachvili, nous pouvons tout au plus espérer une amélioration des relations officielles entre la Russie et la Géorgie", a fait remarquer le parlementaire.