Qui est "pour" et "contre" le règlement politique du conflit libyen? Notre observateur Alexei Grigoriev pense trouver la réponse à cette question dans le duplex franco-russe "Lybie. La fin du régime bientôt?", organisé par l'agence RIA Novosti. Du côté russe, il y avait Veniamine Popov, ancien ambassadeur de l'Union soviétique et de la Russie au Yémen, en Tunisie et en Lybie. Et c'est l'envoyée de l'agence APN à Paris, Alexandre Kamenskaïa qui a présenté aux auditeurs les interlocuteurs français, Denis Bauchard et Yves Boyer.
Denis Bauchar et Yves Boyer ont commencé le débat, en expliquant les motifs de l'engagement de la France dans l'intervention militaire contre la Lybie.
La position de Paris et de Londres a amené à la création de la coalition militaire, à l'adoption de la résolution CS/ONU 1973, et finalement à l'intervention militaire en Lybie. En deux mois le conflit s'est transformé en une vraie guerre civile. L'aviation de l'OTAN a fait plus de 7 mille missions de combat, dont 3,5 mille avec frappes contres les positions des troupes de Kadhafi. L'Alliance ne fait qu'augmenter son arsenal militaire: le ministère de la Défense du Canada a commandé 1.300 bombes à pointage laser au prix de 100 mille dollars chacune. Les Etats-Unis à eux-seuls ont déjà dépensé plus de 800 millions de dollars. En même temps, l'OTAN n'a réalisé aucun objectif déclaré de son intervention.
Un autre point important doit également être relevé. Lors du vote de la résolution 1973, la Russie, la Chine, l'Inde, mais aussi l'Allemagne, se sont abstenues, rappelle Veniamine Popov qui pense que l'opération de l'OTAN aurait pu diviser la communauté européenne.
"Je pense que la logique d'une intervention militaire n'est pas applicable au XXI siècle. Il faut le comprendre et se mettre à la table de discussions. Je pense que ce que fait l'OTAN en Lybie dépasse le mandat de la résolution 1973. C'est l'avis de nombreux de mes collègues arabes, l'OTAN commence une guerre contre un Etat islamique, la Lybie. J'ai peur que la logique de l'intervention militaire n'amène à une aggravation de la situation en Méditerranée qui est une région explosive, il suffit de rappeler seulement le conflit israélo-palestinien. Il faut chercher des voies politiques au règlement des conflits. J'ai applaudi la position de la France, lorsqu'elle avait condamné l'intervention militaire en Irak. Sa position a été alors partagée par la Russie et l'Allemagne. Maintenant, il faut mettre de l'eau dans son vin, et chercher, premièrement, à finir les actions militaires en Lybie, et puis, à trouver une solution politique qui respecte les intérêts de tous les membres de ce conflit", a conclu Veniamine Popov.
Entre-temps, le 17 mai le ministre russe des Affaires étrangères Serguei Lavrov a tenu des négociations à Moscou avec la délégation officielle libyenne qui a affirmé. Ces négociations, de l'avis des experts, pourraient lancer la voie du règlement politique du conflit. Les rebelles de Benghazi cherchent, eux-aussi, une solution politique car ils voient que la situation est entrée dans une profonde impasse. Le 16 mai, Serguei Lavrov avait rencontré à Moscou Abdelilah al-Khatib, représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies pour des consultations urgentes sur la crise humanitaire en Libye. "Nous avons concerté les rencontres à Moscou avec des représentants de Tripoli et de Benghazi, a-t-il indiqué. Malgré les attentes, les insurgés libyens ont renoncé de venir à Moscou. "Ils nous ont informés sur, pour des raisons techniques, ils sont obligés de nous demander de reporter la visite", a expliqué Abdelilah al-Khatib.