L’Union européenne fait face à un problème dont elle n’avait pas idée il y a encore plusieurs mois. L’espace Schengen, espace de libre circulation des personnes, est reconnu comme désuet et obsolète. Les grands principes de l'Union européenne peuvent donc être remis en question et les postes frontières peuvent réapparaître.
Les événements en Afrique du Nord donneront peut-être lieu à une révision de la Convention de Schengen. Des milliers et des milliers de réfugiés affluent en Europe. L’Italie et la France étaient les premières à en avoir ressenti les conséquences. Ce sont elles qui prônent aujourd’hui le retour au système de contrôle des frontières. Libérale, l’Europe n’était pas prête à cette tournure. Les modérés et la gauche ont cru voir dans la position franco-italienne une tentative de supprimer la liberté de circulation. La droite et l’extrême droite, de plus en plus en vogue ces derniers temps, y voient l’occasion de se protéger contre les flux migratoires incontrôlables en préservant ainsi l’identité des peuples européens. Le Danemark a montré la voie en fermant ses frontières sur l’initiative du Parti populaire danois qualifié de populiste par la majorité des politologues. A noter que dans un an c’est au tour du Danemark de présider l’Union européenne…
La plupart des experts considère du reste que les événements engendrés par les révolutions arabes n’ont fait que mettre en exergue la tendance observée depuis longtemps, estime le directeur de l’Institut de l’Europe Alexeï Gromyko :
« Quant aux problèmes de l’espace Schengen, il serait étonnant s’ils n’existaient pas. Ils ne prennent pas racine dans les événements en Afrique du Nord. Tout a commencé il y a 10 ou 20 ans. Tous les ans, les réfugiés et les migrants économiques des pays tiers arrivent de plus en plus nombreux en Europe. Evidemment, ces problèmes sont très complexes parce que l’Union européenne n’est pas seulement une structure supranationale. Elle reste avant tout une association d'Etats nationaux ».
On observe donc un décalage entre la solidarité interétatique proclamée et la volonté de protéger ses intérêts nationaux. Hélas, le problème n’est pas seulement les réfugiés libyens ou tunisiens. Le syndicat des policiers des Etats d’Europe du Nord a récemment proposé de supprimer le droit de libre circulation pour les ressortissants lituaniens, lettons et estoniens. Car ces derniers ont trop souvent des démêlés avec la police dans le reste de l’Europe. Avec la main d’œuvre, circule en Europe la criminalité. Par ailleurs, une autre grande préoccupation est l’afflux de migrants des pays où sont basés les groupes terroristes. Il y a aussi le problème du narcotrafic. Une panacée universelle pour lutter contre ces phénomènes n’existe pas.
Et pourtant, les spécialistes ne prévoient pas l’effondrement de l’espace Schengen. Il suffira de se mettre d’accord sur de nouvelles règles concernant l'immigration.