Sarkozy passera son examen de rattrapage le 22 avril 2012

© Sputnik . Michail Klementjev / Accéder à la base multimédiaNicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy - Sputnik Afrique
S'abonner
A partir d’aujourd’hui, la France commence à réfléchir pour qui elle votera à l’élection présidentielle de l’année prochaine.

A partir d’aujourd’hui, la France commence à réfléchir pour qui elle votera à l’élection présidentielle de l’année prochaine. Le premier tour de la présidentielle est officiellement fixé au 22 avril, et le second, qui aura certainement lieu, se tiendra le 6 mai. En juin, ce sera le tour des législatives.

Bien que le président Nicolas Sarkozy n’ait pas encore annoncé officiellement qu'il briguerait un second mandat, les allusions à ce sujet sont tellement nombreuses qu’il ne fait aucun doute qu'il participera à la course présidentielle.

D’autant plus qu’à en croire la presse française, son entourage lui a conseillé de "grandir" et de se comporter de manière plus présidentielle: cesser les prises de bec avec les journalistes, surveiller son langage, aucune émotion exagérée, aucune agressivité en public.

La liste des adversaires de Sarkozy est plus ou moins arrêtée. Il est déjà clair que Marine Le Pen, leader du Front national d’extrême-droite, se battra pour le titre présidentiel. Les socialistes choisiront leur candidat en automne seulement, mais on peut d'ores et déjà considérer le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn comme tête de liste. Il est suivi par les ténors du parti Martine Aubry et François Hollande, ainsi que par Ségolène Royale, battue par Sarkozy à l’élection de 2007.

Si les socialistes veulent gagner, et ils le veulent, le mieux est de choisir Strauss-Kahn.

Les derniers sondages montrent que si Dominique Strauss-Kahn, DSK pour les intimes, âgé de 62 ans entrait dans la course aujourd’hui, Nicolas Sarkozy serait absent au second tour. 30% des Français se prononcent en faveur de Strauss-Kahn. 22% pour François Hollande (l’ancien premier secrétaire du parti socialiste) et 21% pour Martine Aubry (la chef actuelle du parti). 21% également donnent leur préférence à Marine Le Pen. 20% des Français soutiennent Sarkozy.

Strauss-Kahn de retour sur le front "anti-Sarko"


Les routes de Strauss-Kahn et de Sarkozy se sont déjà croisées à plusieurs reprises. Par une coïncidence étrange, Strauss-Kahn est même né dans la banlieue parisienne cossue de Neuilly-sur-Seine, dont Nicolas Sarkozy est devenu maire bien plus tard. Sarkozy a soutenu activement la candidature de DSK au poste du directeur du FMI. Pour l’empêcher, selon la rumeur, de se présenter à l’élection de 2012. Pour cela, Strauss-Kahn devra démissionner prématurément, et dès maintenant le camp de Sarkozy affirme qu’en agissant ainsi, Strauss-Kahn trahirait les intérêts de la France dans une institution financière internationale aussi importante.

Il avait, d’ailleurs, tenté de représenter les socialistes à l’élection de 2007, mais il a été "évincé" par la charmante Ségolène Royale. Pourtant c’est Strauss-Kahn qui at appelé à créer entre les deux tours un "front anti-Sarko." La première fois cela n’a pas été d'une grande efficacité. Mais désormais, DSK repart au combat sur ce front.

Dominique Strauss-Kahn possède une immense expérience internationale et un remarquable "bagage économique", ce qui constitue son principal atout.

Il gérait des emprunts et des flux financiers colossaux au FMI. Et lorsque DSK était ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie du cabinet Jospin dans les années 1997-99, l’économie française avait connu un remarquable essor, une croissance du PIB, une réduction de chômage et une augmentation des revenus. Qui plus est, c’est DSK qui a initié l’introduction en France des 35 heures, mesure ensuite annulée par Sarkozy. Les Français se souviennent de ce type d'événements.

Les discours selon lesquels Strauss-Kahn, du fait qu'il est Juif avec du sang séfarade et ashkénaze, se privera d'un important pourcentage de voix d'arabes et de musulmans français relèvent de la spéculation. Pourquoi n'en bénéficierait-il pas? En fin de compte, la France s'est choisi comme président le fils d’un immigré hongrois, Nicolas Paul Stéphane Sarkozy de Nagy-Bocsa. Or le sang qui coule dans ses veines est loin d’être bleu: sa mère est également la fille d’un Juif séfarade, originaire de Salonique.

Toutefois, il ne faut pas croire que la tête de Sarkozy est déjà dans la lunette de la guillotine. Le président français n’est pas de ceux qui se rendent aussi facilement. Il possède encore la ressource administrative et la machine de propagande.

L’issue de l’élection est loin d’être décidée, bien qu’il me semble personnellement que Strauss-Kahn a bien plus de chances de remporter le second tour que Sarkozy. Beaucoup dépendra des socialistes, du choix de leur candidat. Et bien sûr, de Sarkozy.

Les nombreux visages de Sarkozy

En quatre ans de présidence (entamant sa cinquième année) Sarkozy est devenu un phénomène, un paradoxe français. Le pays n’avait pas connu de tel président de toute son histoire.

Sarkozy a si souvent changé de "vêtements" politiques et idéologiques, qu’à un moment donné il est devenu sa propre antithèse.

Les politiciens sont pleins de contradictions, et c’est la loi de la vie politique. A notre époque changeante, la cohérence parfaite et la pureté idéologiques ne sont plus des outils permettant d'édifier une carrière politique. Mais même dans ce sens, Sarkozy a surpassé toutes les limites de la gutta-percha politique.

Le Sarkozy traditionnel est un personnage produisant ses propres maux, ses échecs et la chute de sa cote de popularité. Ses opposants n’y sont pour rien. Comme l’a dit un ancien conseiller (limogé) de Sarkozy, le Sarkozy traditionnel, c’est "zéro conviction et loyauté, sauf envers lui-même."

Après l’élection présidentielle, Sarkozy a commencé à réduire les impôts sur le revenu, a augmenté la durée de la semaine de travail et a exigé des Français de travailler plus pour gagner plus. En 2009, il a penché du côté du "capitalisme moral", a exigé que l’avidité bancaire soit refrénée, a exigé l'observance d'une discipline financière stricte et le contrôle minutieux du secteur financier mondial. Pendant ce temps, il continuait à mener un train de vie luxueux pendant ses congés.

Dans la politique étrangère, il s’est d’abord brouillé avec la chancelière allemande Angela Merkel, a remis en question l’Entente franco-allemande et "s’est épris d’amour" pour Londres. Mais un an plus tard, Merkel était de nouveau "dans ses bras." Il a eu sa période d'admiration pour Barack Obama, qui s’est changée en animosité ouverte en raison des différends économiques et de la politique à l’égard de la Libye. Sarkozy remaniait ses gouvernements, était en procès avec ses anciens partisans et alliés, a tenté de faire nommer son fils de 23 ans à la tête du quartier affaires de la Défense (en raison du scandale, son fils a dû renoncer à son poste). Parallèlement, il essayait de convaincre tout le monde que sa réforme de l’éducation était destinée à faire en sorte que ce ne soit pas "l’origine" mais le savoir et l’expérience de l’individu qui l’aident à progresser professionnellement.

Aujourd’hui, les Français ne comprennent plus combien de visages possède l’"hyper-président." Même son élégante et charmante épouse Carla Bruni, qu’il "affiche en public" comme si elle était un attribut important de sa présidence, a commencé à irriter les Français.

Si seuls les membres du cabinet de Sarkozy et les adeptes les plus fervents du "sarkozysme" votaient pour lui, et si tout le reste de la France était isolé, bien sûr il remporterait la victoire. Mais hélas. Désormais, tout dépendra de celui qui sera le rival de Sarkozy.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала