Le « tourisme rouge » en Chine : projet idéologique ou social?

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La Chine se propose de faire fructifier le « tourisme rouge » en organisant des visites des hauts lieux révolutionnaires. La propagande du passé communiste bat son plein à la veille du 90 ème anniversaire du Parti communiste chinois fondé le premier juillet 1921.

La Chine se propose de faire fructifier le « tourisme rouge » en organisant des visites des hauts lieux révolutionnaires. La propagande du passé communiste bat son plein à la veille du 90ème anniversaire du Parti communiste chinois fondé le premier juillet 1921.

 Les agences de voyages invitent à visiter 20 villes et une centaine d’autres lieux associés aux plus grands événements dans l’histoire de la révolution et du parti communiste chinois. Le Mausolée du fondateur du PPC Mao Zedong à Pékin est un des grands centres du « tourisme rouge ». Sa personnalité suscite des réactions mitigées en Chine mais il y a toujours de longues files d’attente devant ce monument situé en plein cœur de Pékin, place Tienanmen. Et pourtant, il y a, tout autour, plein d’autres monuments d’histoire ancienne et moderne.

Une histoire curieuse est arrivée à l’un d’eux. Elle est en rapport direct avec « le tourisme rouge », raconte l’expert de l’Institut d’Extrême-Orient de l’Académie russe des sciences, Youri Galinovitch. « Un monument à Confucius y a été installé en janvier mais deux mois plus tard il s’est trouvé dans la cour du Musée d’Histoire. Il faut bien croire qu’il y a eu de fortes objections au sein du PCC pour mettre ces deux personnages historiques côte à côte. A la veille du congrès du parti fixé pour automne prochain, il y aura sans doute une lutte serrée au sein du PCC pour lui donner une seule idéologie, celle de Mao Zedong », reprend l’expert.

Confucius, le sage chinois le plus ancien (-551 -479), est devenu aujourd’hui en Chine le symbole de l’émancipation de la conscience et de la tolérance idéologique. Ce thème est assez brûlant pour la Chine, souligne Youri Galinovitch. « Une réforme des structures politiques s’impose actuellement en Chine et le fait que Van Jiabao, le premier du Conseil d’État de la RPC ait déjà au moins dix fois pris position en faveur de la réforme depuis août dernier revêt une importance toute particulière. Cela montre que dans les autres sphères du pouvoir en Chine il y a des forces qui préconisent les réformes », reprend Galinovitch. C’est, entre autres, de cette façon qu’elles entendent diffuser leur point de vue à la veille du congrès.

« Compte tenu de ce qui précède, les appels à visiter les hauts lieux du PCC et à promouvoir le   « tourisme rouge »  sont la preuve évidente de la prolongation de la vieille idéologie du PCC. La lutte idéologique au sein du parti tend à s’exacerber » explique Galinovitch.

Demeures et voitures de luxe, voyages à l’étranger, scolarisation des enfants à l’étrangers sont autant de signes qui démontrent le  mode de vie des dirigeants du parti. Une nouvelle dose de « culture rouge » sous forme de visites des maisons transformées en musées des fondateurs du PCC, est appelée à rappeler aux gens du commun et aux membres du parti leur mode de vie en ascètes. Ce qui se passe aujourd’hui ne peut être attribué qu’à l’influence de l’Occident bourgeois. Le contraste des stéréotypes du passé et du présent est avant tout destiné à agir sur les jeunes qui aiment le tourisme et voyagent beaucoup à travers le pays, d’autant plus que ces voyages sont généralement pris en charge par la direction des entreprises, les fermes collectives, les cellules du parti et les syndicats. Mais cela ne signifie pas pour autant que le « tourisme rouge »  soit déficitaire du point de vue commercial. Les plus grands monuments liés à la révolution et au PCC sont situés dans les régions arriérées de la Chine qui relèvent de l’exotisme pour les étrangers. Mais, il est difficile de les gagner par ses propres moyens même pour quelqu’un qui maîtrise bien le chinois.

Ces hauts lieux « rouges » ont été remis à neuf. L’industrie et les petites entreprises privées se sont mises à fabriquer un tas d’attributs de la « période rouge » de l’histoire chinoise, comme des recueils de citations et des bustes de Mao Zedong, des vêtements révolutionnaires, des drapeaux et même « les aliments révolutionnaires » comme le corned-beef. La couleur rouge, ce n’est pas seulement la révolution et le communiste. Le rouge correspond aussi, en Chine, au bonheur, à l’harmonie, au bien-être et à l’aisance matérielle si bien que le « tourisme rouge » est un projet à la fois idéologique et commercial et chacun peut choisir le volet qui lui convint le mieux.

 

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