La Commission Européenne a publié mercredi des propositions précisant les normes de l’espace Schengen au sein de l’UE. L’initiative prévoit un rétablissement temporaire des contrôles aux frontières nationales en cas de mouvements migratoires extraordinaires.
Le communiqué de presse, publié par la Commission Européenne, note qu’un rétablissement temporaire des contrôles aux frontières nationales pourra être autorisé en cas de "défaillance" d'un Etat, dont les confins sont les frontières extérieures de l'Union européenne. La possibilité de fermer les frontières internes à l'Europe à l'occasion de mouvements migratoires massifs pourrait de même être envisagée. Comme on s’y attend, l’initiative sera examinée à Bruxelles par le Conseil de l’UE au niveau des ministres de l’Intérieur déjà le 12 mai, et ensuite par le Conseil de l’Europe, dans le cadre de la discussion touchant la migration, prévue le 24 juin. Cecilia Malmström, chargée des affaires intérieures au sein de la Commission européenne, s’est dépêchée d’assurer qu’il ne s’agissait pas de suspendre l’action des accords Schengen, mais uniquement de préciser certaines de leurs dispositions.
Les propositions de la Commission Européenne, même si elles sont votées, ne se répercuteront en rien sur le dialogue de Moscou et de Bruxelles, lié à l’annulation mutuelle du régime des visas, a estimé en parlant à notre correspondant le chef du département de la coopération européenne du MAE de Russie Vladimir Voronkov.
On connait déjà un précédent de ce genre dans l’histoire de la zone Schengen, et l’accord même prévoit un rétablissement temporaire du régime des visas. Ainsi en 2006, lorsque la banlieue parisienne était gagnée par les violences et baignait dans la fumée des voitures brûlées, la Belgique a rétabli temporairement les contrôles à sa frontière française. Ils fonctionnaient un certain temps, puis ont été supprimés. Je ne pense pas donc qu’il faut y voir quelque chose de sensationnel. Il n’y aura pas de mort de Schengen.
Néanmoins, même si la proposition de la Commission Européenne ne finit pas par compromettre l’un des droits essentiels de l’UE, celui de circuler librement, il fera au moins vaciller un autre pilier de l’Europe unie – le strict respect des droits de l’homme. De cette façon, à partir du début de 2011 nombre de grands Etats d’Europe ont officiellement constaté l’échec de la politique dite de multiculturalisme. Le président français Nicolas Sarkozy s’est particulièrement opposé à la prédominance des musulmans. Et c’est lui encore qui a pris l’initiative d’expulser les gitans du pays il y a un an. La Suisse s’est exprimée au référendum contre la construction des mosquées. Cela indique un changement de l’ambiance générale : une vague de nationalisme déferle en Europe, dit Massimo Merlino, coauteur du rapport « La course contre la solidarité », préparé à l’intention du Centre des études politiques européennes.