Les forces de Mouammar Kadhafi se replient de Misrata

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Un porte-parole des rebelles, Abdel Basset Abou Mezerik, a déclaré que les soldats avaient, avant de fuir, piégé des cadavres et des bâtiments, et qu'ils avaient dressé des embuscades qui ont fait 15 morts et 31 blessés.

"On nous a dit hier de nous retirer", a confirmé à Reuters un soldat, Khaled Dorman, transporté avec onze autres militaires blessés à l'hôpital de Misrata, à 200 km à l'est de Tripoli.

Un autre soldat, prié de dire si le gouvernement avait perdu le contrôle de Misrata, a répondu par l'affirmative.

Contacté à Misrata, Gemal Salem, porte-parole des insurgés, à déclaré par téléphone que les forces de Mouammar Kadhafi avaient quitté la ville mais restaient à l'extérieur et seraient en position de la bombarder.

"Misrata est libre, les rebelles ont gagné. Certains soldats des forces de Kadhafi ont été tués et les autres sont en fuite", a-t-il dit.

Il a ajouté que l'objectif des insurgés de Misrata était désormais de se porter au secours des autres foyers de rébellion en Tripolitaine.

Le gouvernement libyen a reconnu vendredi soir que le siège avait été brisé lors de la prise du port par les insurgés et que les raids aériens y avaient contribué.

"La stratégie de l'armée libyenne est de mener une opération chirurgicale, mais avec les raids aériens, cela ne marche pas", a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères Khaled Kaim.

"La situation à Misrata sera apaisée, les tribus autour de Misrata et le reste des habitants de Misrata s'en occuperont, et non plus l'armée libyenne", a-t-il dit à des journalistes à Tripoli.

Un porte-parole des rebelles à Misrata, Abdelsalam, a souligné que les tribus soutenant Mouammar Kadhafi étaient minoritaires dans la région.

"Il y a deux petites localités kadhafistes près de Misrata. Elles représentent moins de un pour cent de la population de Misrata et des environs", a-t-il dit.

"Ces gens savent que lorsque le régime de Kadhafi tombera, ils tomberont avec lui", a-t-il ajouté en disant redouter que le gouvernement paie des mercenaires pour qu'ils se fassent passer pour des membres de tribus.

Salem a déclaré que les rebelles ratissaient maintenant Misrata et déblayaient les rues. Avant de partir, a-t-il dit, les forces kadhafistes ont piégé des cadavres, des maisons et des voitures.

Le Pentagone a par ailleurs annoncé que les Etats-Unis avaient lancé samedi sur la Libye leur première attaque de drone "Predator".

Menés depuis un mois par les Occidentaux sous mandat des Nations unies, les raids aériens classiques n'ont pas permis aux insurgés de prendre un avantage suffisant et l'amiral Mike Mullen, chef d'état-major interarmes américain, a estimé vendredi que le conflit menaçait d'entrer dans une impasse.

Dans la nuit de vendredi à samedi, l'Otan a procédé à des frappes aériennes à proximité de Bab al Azizia, quartier général fortifié de Kadhafi à Tripoli.

Moussa Ibrahim, porte-parole du gouvernement, a déclaré que trois personnes avaient été tuées par une "explosion très puissante" dans un parking.

Des journalistes de Reuters ont rapporté que l'endroit était entouré de murs et de miradors occupés par des soldats. Les frappes de l'Otan ont laissé deux larges trous. Les bombes ont traversé le sol puis une couche de béton armé, atteignant ce qui semble être un abri souterrain.

Par ailleurs, l'agence Jana rapporte que le Premier ministre libyen, Al Baghdadi Al Mahmoudi, a eu samedi des entretiens téléphoniques avec des responsables russe et grec sur la mise en oeuvre d'un cessez-le-feu

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré à Mahmoudi que Moscou pourrait envoyer des observateurs pour surveiller un cessez-le-feu et faciliter une solution pacifique, écrit Jana, ajoutant que la Russie est aux côtés du peuple libyen

Les propos de Lavrov n'ont pu être confirmés de source indépendante.

Mahmoudi s'est aussi entretenu avec son homologue grec George Papandreou et il a réaffirmé l'attachement de la Libye aux résolutions des Nations unies et à l'initiative de paix de l'Union africaine, rapporte Jana.

Le Kremlin a fait savoir vendredi que le président russe Dmitri Medvedev et Papandreou s'efforçaient de contribuer au règlement du conflit libyen et étaient prêts à fournir toute médiation nécessaire, a rapporté l'agence russe Interfax.

Deux jours après la prise par les insurgés d'un poste frontière entre la Tunisie et la Libye, des insurgés s'activaient samedi à acheminer du ravitaillement provenant de Tunisie vers les Montagnes occidentales, région peuplée de Berbères qui ont pris part à l'insurrection contre le colonel Kadhafi.

Ces dernières semaines, 14.000 personnes ont fui les violences dans la région et se sont réfugiées en Tunisie en faisant état de pénuries d'eau, de vivres et de médicaments.

Reuters
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