Les révolutions qui ont ébranlé le monde arabe après un hiver politique de 40 ans et conduit à l’effondrement des régimes tunisien et égyptien sont dues à plusieurs causes internes, a déclaré le chef du Front démocratique pour la libération de la Palestine (FDLP) Nayef Hawatmeh dans un entretien à RIA Novosti.
Au cours des derniers mois, plusieurs pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ont été touchés par des protestations populaires massives qui ont déjà conduit à l’effondrement de deux régimes, en Egypte et en Tunisie.
Les émeutes se poursuivent au Yémen et en Syrie. Des manifestations antigouvernementales ont également eu lieu auparavant en Algérie, en Irak, en Jordanie, au Maroc et à Oman. En Libye, les manifestations ont dégénéré en affrontements entre les rebelles et l’armée.
"Affecté par les troubles, le monde arabe traverse aujourd’hui un printemps révolutionnaire, qui fait suite à un hiver politique de 40 ans, entamé avec l’arrivée au pouvoir en Egypte d’Anouar el- Sadate (1970)", a déclaré M. Hawatmeh qui a commencé sa carrière politique dans les années 1950.
Selon lui, Sadate a mis fin aux tentatives révolutions dans les années 1950 et "a opéré un virage à droite en acceptant, sous l’égide des Etats-Unis, de signer un accord de paix séparé avec Israël: depuis le monde arabe était métastasé par le despotisme réprimant le droit des peuples à la liberté et au développement."
"Chaque pays arabe frappé par des protestations a sa propre particularité, mais la création d’un Etat démocratique et laïque, et d’une société civile fondée sur la justice sociale, sont la principale motivation de tous ces mouvements", a déclaré Nayef Hawatmeh.
Le responsable est convaincu que ceux qui estiment que les Etats-Unis orchestrent les événements dans le monde arabe ont tort.
"Notez que dans aucun pays arabe, au cours des protestations, des drapeaux américain ou israélien n’ont été brûlés", déclare M. Hawatmeh.
Selon lui, ce n’est pas un hasard, mais une preuve que les événements dans la région ne sont pas la mise en œuvre d’un programme concocté à l'extérieur, mais le résultat d’une "crise systémique dans les pays arabes: politique, économique, sociale et idéologique."
"Elle n'a pas éclaté soudainement, elle a couvé pendant de nombreuses décennies", explique le politicien palestinien.
Mais cette maladie dont les symptômes sont la "pauvreté d’une partie considérable de la population des pays arabes, l’absence de travail et d’un avenir pour les jeunes, ainsi que l’injustice sociale, ne sautait pas aux yeux ou était profondément enfouie."
"L’exigence de régler les problèmes existants est venue des jeunes qui ont réussi, surtout en Egypte, grâce aux réseaux sociaux tels que Facebook et Twitter, à matérialiser la volonté de changement et à faire adhérer à ce processus les masses populaires. Par exemple, au Yémen, plus de 2 millions de personnes descendent tous les jours dans les rues quotidiennement", a déclaré le chef du FDLP.
Selon lui, leurs exigences ne peuvent être satisfaites que grâce à des "décisions politiques qui conduiront au développement de relations équitables entre le gouvernement et la population."
Aujourd’hui, selon M. Hawatmeh, les Arabes devraient se rappeler l’expérience de l’ex-URSS. "Quelle a été la cause de l’échec du PCUS? L’absence de démocratie au sein du parti, de l’Etat, dans les relations entre le parti et les organisations sociales, entre l’Etat et la population. Résultat: l’URSS s’est effondrée."
Il est important de savoir apprendre des erreurs d'autrui et de ne pas les répéter, déclare Nayef Hawatmeh.
"Il existe un proverbe arabe, dont le sens est le suivant: il est insensé de vérifier une chose déjà vérifiée", a conclu le politicien palestinien.
