Le BRIC devient définitivement le BRICS

© RIA Novosti . Dmitry Astakhov / Accéder à la base multimédiaSommet du BRICS en Chine
Sommet du BRICS en Chine - Sputnik Afrique
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Le 14 avril, sur l’île de Hainan en mer de Chine méridionale se réuniront les membres de ce qu’on appelait auparavant le BRIC (le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine), mais qui est devenu BRICS (S: Afrique du Sud). Ce sera le troisième sommet de l’organisation qui se développe et se renforce.

Le 14 avril, sur l’île de Hainan en mer de Chine méridionale se réuniront les membres de ce qu’on appelait auparavant le BRIC (le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine), mais qui est devenu BRICS (S: Afrique du Sud). Ce sera le troisième sommet de l’organisation qui se développe et se renforce.

L’expansion vers le Sud

S’il était jusqu’à récemment naturel pour l’OTAN de l’étendre vers l’Est, le BRIC prend la direction du Sud. Le consentement de tous les pays membres du club pour l’adhésion de l’Afrique du Sud a été un cadeau de Noël pour le pays, et depuis mars une nouvelle lettre a été officiellement ajoutée au BRIC.

Selon la rumeur il existe d’autres prétendants à l’adhésion au club, mais c’est surtout la Chine qui est opposée à l’expansion incontrôlée du groupe. Il était avant tout question du Mexique et de l’Egypte sous la présidence de Moubarak. S’ils avaient adhéré au BRIC, le tableau serait logique: les membres du club seraient des pays représentant une région plus ou moins grande, chacun de ces pays entraînant dans son sillage des Etats plus petits. Le Brésil "remorque" l’Amérique du Sud, l’Egypte aurait "tracté" le Moyen-Orient, et ainsi de suite.

Quoi qu’il en soit, l’apparition à Hainan du président sud-africain Jacob Zuma apporte à la Russie un avantage très simple. Les discussions ayant commencé il y deux ans selon lesquelles la Russie est le "maillon faible" du BRICS cesseront définitivement. Il s’agissait d’une tentative ouverte mais peu convaincante de démanteler le BRIC. Mêmes velléités à l’égard de l’Organisation de coopération de Shanghai. Il s'agissait de trouver le maillon faible et de le décrocher. Dans le cas présent, le discours était le suivant: la Russie était dans une très mauvaise posture pendant la crise. Elle avait trop de problèmes pour se préoccuper de la Chine ou de l’Inde. Elle devrait plutôt prétendre à l’appartenance européenne, avec toute la modestie qui s'impose.

L’Afrique du Sud est un pays avec un PIB annuel de 286 milliards de dollars, quatre fois inférieur à celui de la Russie. Elle rencontre plus de problèmes que la Russie, bien qu’au Brésil la situation ne soit pas non plus brillante. Et en y regardant de plus près, l’Inde et la Chine ne sont pas non plus des phares. Mais l’Afrique du Sud est une locomotive économique pour tout le continent africain qui compte 1 milliard d’habitants. Telle est son importance. Sans parler du fait que l’adhésion de l’Afrique du Sud était inévitable car il existait un "triangle" Inde-Brésil-Afrique du Sud, qui devrait désormais disparaître. Les discussions y étaient les mêmes: le rôle des pays membres croît, il faut savoir en profiter.

La question n'est pas qui sommes-nous, mais que serons-nous

En fait, la notoriété croissante du BRICS n’est pas tant liée aux indices militaires ou économiques actuels des pays membres, qu'à la qualité de leur croissance, leur progression  évidente vers les rôles principaux sur la scène mondiale. Par exemple, le PIB de la Chine, la deuxième économie du monde, représente pour l’instant 10% de l’économique mondiale. Mais il existe un autre indice: la Chine "génère" entre 20% et 30% de la croissance économique mondiale. Autrement dit, en l’absence de l’économie chinoise, les affaires des Etats-Unis et de tous les pays voisins de la Chine, y compris de la Russie, seraient bien pires. On pourrait dire la même chose des autres membres du BRICS: ce sont des générateurs.

En fait, il s’agit du club des leaders de demain, et c’est ainsi que tout le monde le considère.

Il n'est pas question de qualifier le G8 d’obsolète, mais le fait est que tout le monde le fuit. La Chine et le Brésil ont annoncé il y a un an et demi qu’ils n’avaient plus le loisir de jouer le rôle ambigu d' "invités permanents" aux réunions du G8. Les diplomates de ces deux pays ont clairement fait comprendre qu’aucun G8 n’existe à leurs yeux, contrairement au G20 financier.

Nous sommes si différents

Il est devenu traditionnel de comparer les clubs et les organisations des "anciens" maîtres du monde (les Etats-Unis, l’Union européenne et autres) aux structures créées par les maîtres "de demain." Un certain système s’établit. L’Occident apprécie l’unanimité, l’Orient, le Sud, etc. apprécient le consentement.

Dans ce sens, le BRIC est un phénomène. Dans le programme préalable du sommet annoncé la semaine dernière par le vice-ministre chinois des Affaires étrangères Zhai Jun, il est principalement question des intérêts communs dans la conquête de meilleures positions dans l’économie mondiale. Le développement global, les finances mondiales et la coopération entre les cinq membres du club: tels sont les thèmes du sommet.

D’ailleurs le dernier point est un phénomène intéressant. Certes, on assiste à la croissance considérable des échanges commerciaux entre l’Inde et la Chine et à l’essor de la popularité des marchandises chinoises en Inde, contrairement aux avis d’une certaine partie de l’élite indienne et en dépit du litige territorial entre les deux pays. Ou à la croissance des échanges commerciaux entre la Chine et la Russie. Mais le lointain Brésil se rapproche progressivement des autres partenaires également. Au cours des dix dernières années, le commerce "au sein du BRICS" a augmenté de 28%, jusqu’à 230 milliards de dollars. Les mécanismes quadrilatéraux ont été lancés, et désormais ils fonctionneront dans un format pentalatéral au niveau ministériel. C’est-à-dire dans le secteur de la sécurité, des finances, de l’agriculture, de la santé et des innovations. Bien sûr, il s’agit là principalement de l’économie…

Mais qu’en est-il du "développement global"? On pourrait supposer que c’est loin d’être seulement une question économique. On ne saurait se passer de la politique. Et à en juger pas les informations en provenance de Pékin, on devrait s’attendre à un discours de Hu Jintao au sujet des situations clés graves dans le monde contemporain. Sur la Tunisie, l’Egypte, la Libye et au sujet de l’établissement de la démocratie par la force…

Par la suite un communiqué devrait être adopté comprenant certaines thèses du rapport de Hu Jintao que tout le monde approuverait. Cela n’est certainement pas facile (un tel document était discuté la semaine dernière). En fait, il est question de pays très différents. De plus, l’importance de la Chine, qui vient de devenir la deuxième économie du monde, augmente… Mais le principe de prise des décisions par consensus est loin de fonctionner formellement. Ainsi, nous verrons prochainement sur quelles questions politiques les cinq "leaders de demain" tomberont d’accord.


L’opinion de l’auteur ne correspond pas forcément à la position de la rédaction

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