Libye, Yémen, Syrie : trois pays en ébullition

Libye, Yémen, Syrie : trois pays en ébullition
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Les bombardements en Lybie vont continuer jusqu'à ce que Kadhafi se plie à la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU et cesse l'usage de force à l'égard de la population civile.
Les bombardements en Lybie vont continuer jusqu'à ce que Kadhafi se plie à la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU et cesse l'usage de force à l'égard de la population civile. Réunis à Londres, les représentants d'une quarantaine de pays et d'organisations internationales ont décidé de poursuivre la pression sur le colonel Kadhafi, sur fond d'absence de résultats de l'intervention militaire de la coalition occidentale en Lybie.

Alors que l'opération Aube de l'Odyssée, lancée en mars, ne porte toujours pas de fruits, la région arabe est en ébullition et les protestations explosent ici et là, dans de différents pays du Proche Orient. Ces derniers jours, ces pays sont le Yémen et la Syrie.

A Sana, les manifestations antigouvernementales ont repris le 31 mars. Le Président Ali Abdalah Saleh avait promis de démissionner avant la fin de l'année mais a tout récemment changé d'avis en se justifiant par l'échec des négociations avec l'opposition. Les opposants au régime de Saleh sont alors sortis dans les rues aves des milliers des manifestants. Des précisions avec Ahmad Yahya Ayad, rédacteur en chef du site Marayapress:

«Je pense que le mouvement protestataire va se renforcer, non seulement à Sana, mais également dans d'autres région yéménites, à Hodeïda, par exemple. Je pense qu'il y aura des manifestations des médecins, des femmes, des professeurs… Selon The Washington Post, les autorités de l'Arabie saoudite ont officiellement rejeté la demande de soutien de Saleh. Les États-Unis ont aussi compris qu'il valait mieux ne pas faire obstacle à la révolution des rues de Sana, d'autant plus que Saleh a déjà joué toutes ses cartes et ne peut plus manipuler son peuple comme il l'avait fait pendant trente ans», insiste Ahmad Yahya Ayad.

En revanche, en Syrie Bachar el Assad réussit pour l'instant à calmer l'opposition. Jeudi, il a annoncé la création d'un comité juridique pour étudier l'abolition de la loi d'urgence, en vigueur depuis 1963, qui est la principale revendication de l'opposition. Les affrontements avec les forces de l'ordre avaient fait jusque là 60 morts et une centaine de blessés. Certains média occidentaux ont tenté de comparer la situation en Syrie avec la Lybie mais le Président américain Barack Obama s'est tout de suite empressé de dire que Washington ne projetait pas d'autres opérations militaires dans la région.

Des experts russes estiment aussi que le scénario libyen n'aura pas lieu en Syrie. Les situations sont foncièrement différentes, souligne le politologue orientaliste Stanislav Tarasov.

«La société syrienne est plus consolidée. La Syrie a toujours occupé une position importante au Proche-Orient, en prétendant notamment à un rôle majeur dans le règlement du conflit israélo-palestinien. Elle continue d'exercer une influence importante dans les affaires libanaises et met en place un partenariat avec la Turquie. D’ailleurs, la frontière commune entre la Turquie et la Syrie est bien un facteur stabilisant qui ne permettra pas aux événements syriens d'atteindre le même dramatisme qu'en Libye», indique Stanislav Tarasov.

Mais, bien entendu, ce n'est pas le Yémen et la Syrie mais la Lybie qui reste aujourd'hui le point de mire de la presse internationale. Malgré les attaques de la coalition, les forces de Kadhafi repoussent les insurgés vers l'Est du pays et reprennent le contrôle de Ras Lanouf. Parallèlement, à Londres, les alliés tentent de se prononcer sur le sort de ce pays arabe. Ils ont déjà créé un «groupe de contact», constitué d'une vingtaine de pays et d'organisations internationales pour «coordonner les efforts internationaux pour le passage de la Lybie à la démocratie». Les délégués des États-Unis, du Royaume-Uni et de Qatar ont, entre autres, proposé de laisser Kadhafi et sa famille quitter le pays et échapper aux poursuites judiciaires s'il «mettait rapidement fin à l'effusion de sang».

Les délégués américains et français ont, en plus, proposé d'organiser des livraisons d'armes aux insurgés libyens. Une idée qui n'a pas été applaudie par leurs collègues. Le Premier ministre turc Erdogan s'est prononcé fermement contre cette proposition. En armant les insurgés, l'Occident peut se heurter à un analogue de l'Afghanistan dans l'Afrique du Nord, insiste Vladimir Ahmedov, expert pour le Proche Orient.

«Avant de discuter les livraisons d'armes, ce qui est, à propos, une fois de plus, la violation directe de la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, il faut, alors, d'abord au moins décider à qui on aura l'affaire. Il faut tenir compte de la triste expérience des États-Unis en Afghanistan. Les armes et les entrainements que les instructeurs américains ont assurés aux moudjahidines afghans ont été par la suite utilisés contre les Américains par Ben Laden», souligne Vladimir Ahmedov.

Quant à la position de la Russie, son ambassadeur auprès de l'OTAN, Dmitri Rogozine a déclaré que les membres de la conférence à Londres tentent de sortir du cadre de la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui prévoyait le recours à la force uniquement en vue de la défense de la population civile. Selon M. Rogozine, il n'y a pas d'objectif plus important maintenant que d'obtenir un cessez-le-feu. Et l'embargo des Nations unies sur les armes concerne toute la région et non seulement le régime Kadhafi.



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