Il y a un an, le 29 mars, deux explosions retentissaient dans le métro de Moscou à 45 minutes d’intervalle dans deux stations de la ligne Sokolnitcheskaïa: Loubianka et Park Koultoury. 40 personnes ont été tuées et plus de 160 blessées. Les Moscovites n’ont pas oublié les victimes. Dès le lundi 28 mars 2011, les gens ont commencé à apporter des fleurs dans les deux stations pour commémorer les terribles événements. Une question se pose: a-t-on tiré des leçons de cette tragédie?
La vulnérabilité de la mégalopole
La frappe de l’année dernière a été portée avec une précision diabolique. De manière à ce qu’il y ait obligatoirement des victimes. Les explosions ont retenti out au début de la semaine de travail, à l’heure de pointe (entre 8.00 et 9.00 du matin), lorsque des milliers d’habitants se rendaient au travail. D’autant plus que les terroristes ont choisi deux stations parmi les plus importantes avec des correspondances sur la même ligne. En plein cœur de la capitale.
Les attentats auraient pu se produire une semaine plus tôt ou une semaine plus tard. Ils ne coïncidaient avec aucune date anniversaire ou événement commémoratif. Mais là n'est pas le problème. Que ce soit la semaine d’avant ou la semaine d’après, l’attentat n’aurait certainement pas pu être empêché par les services de renseignement, les autorités municipales, les Moscovites ou les visiteurs. Sauf ceux qui ont fomenté longtemps et minutieusement ce crime atroce.
La ville de plusieurs millions d’habitants s’est trouvée impuissante face aux terroristes. Toutefois, cela n’est pas étonnant. Il est impossible de bloquer toutes les entrées et sorties ou tous les lieux de grande affluence. Il est techniquement impossible de contrôler chaque passager du métro. Si on mettait en place des détecteurs de métaux dans toutes les stations de métro, la ville serait complètement paralysée.
Et peu importe l’efficacité et le professionnalisme des organismes compétents, ils sont dans l’incapacité de prévenir toutes les menaces. Ce n’est pas par hasard que des attentats similaires se sont produits dans d’autres grandes villes. Par exemple, à Londres, où en 2005 des explosions dans le métro ont fait 52 morts et près de 700 blessés. Les rames du métro avaient également explosé auparavant à Moscou. Le plus terrible attentat est survenu en 2004 entre les stations Avtozavodskaïa et Paveletskaïa. 41 passagers ont été tués (sans compter le terroriste) et plus de 250 autres ont été blessés.
Même dans des Etats plus petits, comme Israël, dont les habitants sont constamment prêts à affronter une situation d'attentat, où pratiquement chaque porte est surveillée avec vigilance, des explosions se produisent parfois. Comme, le 23 mars, à un arrêt de bus à Jérusalem. Alors que dire de la mégalopole géante qu'est Moscou où il est très facile de se fondre dans la foule des gens pressés de se rendre au travail et qui n’accordent pas d’attention aux passagers à l’allure suspecte. D’autant plus qu’il est difficile d’identifier les terroristes qui tentent de ne pas se faire remarquer dans la foule.
Les particularités du terrorisme en Russie
Toutes ces circonstances tristes et objectives ne donnent pas aux autorités et à la police le droit de ne pas agir, ce qui peut conduire à une totale impuissance. Comment pourrait-on donc lutter contre les terroristes qui agissent en Russie et qu’on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde? Contrairement à la majorité de leurs confrères internationaux, les terroristes en Russie tentent toujours de rester anonymes, n’agissent pas au nom d’organisations concrètes et n’avancent aucune exigence politique.
Tout simplement, ils explosent, ils tuent, généralement en se sacrifiant. Puis, sur YouTube apparaît parfois un homme barbu et mystérieux filmé dans une forêt qui revendique a posteriori tous les attentats. On se souvient en Tchétchénie du terroriste vantard Salman Radouïev qui était même prêt à revendiquer les explosions des dépôts militaires en Primorie (en Extrême-Orient russe).
Mais il existe, bien sûr, des personnalités moins caricaturales et des criminels bien plus dangereux qui organisent et préparent les attentats. L’idéal serait qu’on les arrête toujours à cette étape initiale. Cela relève de la compétence des services secrets et de la police regroupés au sein du Comité national antiterroriste. Bien sûr, ils n'affichent pas leur activité. Ils informent périodiquement en termes concis des dizaines de tentatives d’attentats déjoués, ainsi que de l’arrestation des personnes impliquées dans les attentats qu’il a, malheureusement, été impossible d’empêcher.
Une guerre loin d’être finie
Après les attentats de mars 2010 ou de janvier 2011, à l’aéroport moscovite de Domodedovo, il a bien fallu réagir après les faits. Or, ces mesures sont inévitablement plus ostensibles qu’efficaces. Ainsi, il y a un an, la sécurité sur la ligne Sokolnitcheskaïa a été considérablement augmentée. Le renforcement quantitatif est visible à l’œil nu. Laissons les spécialistes juger du renforcement qualitatif.
Lorsqu’un endroit où un attentat a déjà eu lieu est particulièrement protégé, cela est curieux. Probablement, cela exerce un certain effet psychologique et une partie des passagers se sent plus en sécurité. Malgré le célèbre proverbe "la foudre ne frappe jamais deux fois au même endroit", il est toujours effrayant de passer là où la tragédie s’est produite. Pour cette raison, les patrouilles renforcées de policiers pourraient donner l’impression que la situation est sous contrôle. Mais cela ne suffit certainement pas. Et le renforcement s’est progressivement réduit.
Après les attentats dans le métro de Moscou, le président russe Dmitri Medvedev a signé un décret portant sur création d’un système de sécurité global dans les transports en commun. La création d’un poste de contrôle des passagers et des bagages a commencé à la station Okhotny Riad sur la ligne Sokolnitcheskaïa. Après essai, il est prévu d’installer de tels postes dans d’autres stations. Fin janvier 2011, le chef de l’Etat a personnellement visité cette installation expérimentale et a demandé d’accélérer son entrée en service. Depuis la mi-mars, l'installation fonctionne en régime permanent.
Mais cela ne concerne qu’une seule station de métro. Et pendant ce temps-là, une explosion a retenti dans la zone d’arrivée de l’aéroport moscovite de Domodedovo. Et la campagne pour l’installation des détecteurs dans les aéroports et les gares a commencé. Or, jusqu’à présent, les témoins rapportent que ces appareils ne fonctionnent pas, ou fonctionnent en émettant des bruits d’alarme, mais les policiers ne font pas attention aux passants. Faut-il attendre le prochain attentat meurtrier pour que les services spéciaux redoublent d’activité?
Bien sûr, on ne veut même pas penser à l’éventualité de nouvelles explosions. Cependant, le Caucase "instable", dont Dmitri Medvedev a écrit en septembre 2009 dans son programme "La Russie, en avant!" comme étant l’un des principaux problèmes de la Russie, est toujours là. La guerre, souvent invisible, contre le terrorisme est engagée à plein régime. Et cette guerre est loin d’être finie.
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