L'Aviation polaire russe, la plus ancienne au monde, fête son 80e anniversaire. La création en mars 1931 d'un détachement d'aviation pour l'Arctique avait accéléré l'exploration des vastes espaces de la région.
Les aviateurs russes avaient survolé de nombreuses fois cette rude région même avant cette date mémorable. Ivan Nagourski serait le premier pilote à survoler ces terres lointaines, lorsque, en 1914, il cherchait au-dessus de la Nouvelle-Zemble les équipes perdues des explorateurs Roussanov, Broussilov et Sedov. Après Nagourski, ces expéditions étaient l'apanage des enthousiastes, raconte Lioudmila Gorbounova, qui a publié, conjointement avec Andreï Potchtarev, le livre "L'Aviation polaire de Russie. 1941-1945".
"Un décret de 1918 a lancé l'aménagement de la Voie maritime du Nord qui a relié les régions septentrionales de la partie européenne de la Russie avec les régions de la Sibérie et de l'Extrême Orient. En 1929 trois avions Komseverput ont effectué un survol de la région et ont prouvé que ce qui sera fait rapidement par un avion prendra plusieurs jours à un brise-glace. On s'est mis à concevoir un service de communications, à élaborer des voies de l'utilisation de l'aviation pour la Voie maritime du Nord. Lorsqu'il a été créé, en 1931, elle comprenait déjà un service aérien", raconte Lioudmila Gorbounova.
Les avions polaires ont participé au sauvetage de l'équipage du brise-glace Tcheliouskine, ont transporté l'équipe de l'explorateur Papanine dans sa première expédition en Arctique.
Krasnoïarsk est devenu le centre de l'aviation polaire. Les avions y étaient adaptés à des conditions climatiques de la région, ensuite transférées vers les aérodromes polaires, de Mourmansk jusqu'à la Tchoukotka.
En Seconde guerre mondial Krasnoïarsk recevait les avions de guerre, transportés selon l'accord de lend-lease, signé avec les Etats-Unis, via la Tchoukotka. Ces avions protégeaient les convois arctiques contre les forces nazies, raconte Vassili Sidortchouk, chef de la gestion de l'aviation polaire en cette période.
Aujourd'hui, les avions polaires desservent les destinations qui sont difficilement accessibles. C'est l'ensemble de la Tchoukotka, le Taïmyr, le Yamal, la Yakoutie et le Nord de l'Oural. Finalement, c'est le grand centre industriel Norilsk et l'aérodrome flottant arctique Borneo qui desservent les expéditions scientifiques et les compagnies pétrolières.
