La mission d'interdiction de vol dans l'espace aérien libyen a commencé vers 11 heures samedi matin, lorsque les quatre premiers Rafale ont décollé de la base de Saint-Dizier (Haute-Marne). Des patrouilles ont volé tout l'après-midi dans l'espace aérien libyen. Les premiers Rafale ont été suivis par deux autres appareils du même type, équipés de "pods" Reco-NG destinés au recueil de renseignements de guerre électronique. Ils ont été rejoints par deux Mirage 2000 D de Nancy et par deux Mirage 2000-5 de Dijon, a précisé, samedi soir, lors d'un point de presse au ministère de la Défense, le colonel Thierry Burkhard, porte-parole de l'état-major des armées. Tous ces avions d'arme ont été ravitaillés au-dessus de la Méditerranée, à l'aller et au retour de la mission, qui a donc commencé avant même son annonce officielle.
Peu après 15 h 30, Nicolas Sarkozy a précisé dans une déclaration solennelle depuis l'Élysée que la France conduisait cette mission et y participait seule. "En accord avec nos partenaires, nos forces aériennes s'opposeront à toute agression des avions du colonel Kadhafi contre la population de Benghazi. D'ores et déjà, nos avions empêchent les attaques aériennes sur la ville", a précisé le président, qui a ajouté que "d'autres avions, français, sont prêts à intervenir contre des blindés qui menaceraient des civils désarmés". Cette option de l'attaque au sol avait déjà été évoquée, mais le fait qu'elle soit officialisée par le chef des armées lui donne un poids supplémentaire. Pour autant, dès lors que les chars du colonel Kadhafi seraient entrés dans la ville de Benghazi, il aurait été très difficile de les en expulser par la seule force aérienne.
Très engagés aux côtés de la France dans les négociations diplomatiques qui ont abouti au vote de la résolution 1973, les Britanniques sont absents de la première phase de cette opération. Pour autant, le Premier ministre David Cameron vient de déclarer que "le temps de l'action est arrivé". La raison nous en a été donnée de très bonne source : les Français étaient capables de réagir très rapidement pour engager les premières opérations de reconnaissance et de démonstration (show of force), tandis que ce sont les Britanniques, avec sans doute un appui américain, qui se chargeraient principalement des frappes ciblées et des "opérations plus lourdes sur des cibles plus dures". Premiers à reconnaître le Conseil de transition libyen, les Français souhaitaient également être les premiers à "montrer la cocarde".