Scrutin test dans les régions russes

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Hugo Natowicz - Sputnik Afrique
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Les régions russes votaient dimanche dernier, information logiquement passée inaperçue entre tsunami et révoltes arabes. Quelles tendances se dégagent de ce scrutin discret mais déterminant?

Les régions russes votaient dimanche dernier, information logiquement passée inaperçue entre tsunami et révoltes arabes. Quelles tendances se dégagent de ce scrutin discret mais déterminant?

Dimanche dernier, les habitants de 74 des 83 sujets de la Fédération de Russie se rendaient aux urnes pour des élections de différent niveau. En tête d'affiche le renouvellement des parlements locaux dans les républiques d'Adygué, du Daghestan, de Komi, dans les régions de Kaliningrad, Kirov, Koursk, Nijni-Novgorod, Orenbourg, Tambov et Tver, ainsi que les okroug autonomes de Khanty-Mansiysk et Tchoukotka.

Alors que la présidentielle de 2012 se profile, et que les élections législatives auront lieu en fin d'année 2011, le scrutin a valeur de test avant les élections au niveau national. D'ailleurs, les déclarations qui fusent indiquent que l'on assiste au coup d'envoi de la campagne des élections à la Douma.

Russie unie coursée par les communistes

Réuni avec le parti Russie unie, dont il est le leader, le premier ministre russe Vladimir Poutine a souligné une hausse de 0,2% de son parti par rapport à l'édition précédente, la moyenne étant selon lui passée de 46 à 46,2%. Une augmentation "légère", mais qui souligne la "confiance de la population envers le parti au pouvoir dans un contexte de crise". Boris Gryzlov, président de la Douma et chef du conseil supérieur du parti a quant à lui parié que Russie unie serait le "leader incontesté" lors des élections à la Douma (chambre basse du parlement russe) du 4 décembre.

L'opposition pointe au contraire le déclin de Russie unie: le parti communiste (KPRF), arrivé en deuxième position dans neuf sujets sur douze, y voit un "piqué de Russie unie" et entend désormais constituer une alternative politique sérieuse à la mainmise du parti de Poutine.  "Dans quatre régions sur douze, ils ont tout simplement subi une déroute", a assuré Ivan Melnikov, vice-président du KPRF. Les communistes passent en moyenne de 13,5% à 22,1% une hausse significative. "Au total ils perdent 3 millions de voix tandis que nous en gagnons 150.000", a-t-il assuré.

Outre Russie unie et le Parti communiste, trois partis affirmaient au terme du scrutin avoir amélioré leurs résultats: le LDPR de Vladimir Jirinovski, Russie juste (tous deux représentés à la Douma), et les Patriotes de Russie (centre gauche). Ces derniers, dont le programme mêle justice sociale et patriotisme, effectuent d'ailleurs une percée, en arrivant seconds au Daghestan, tandis qu'à Kaliningrad ils se maintiennent au parlement régional.

Au Daghestan, seule région où il était en lice, le nouveau parti d'opposition libérale Pravoïé delo fait moins de 7% et est donc recalé, tout comme le LDPR. Les libéraux de Iabloko subissent également un échec cuisant dans les deux régions où ils tentaient d'entrer au parlement.

Participation en hausse

Une dynamique qui retient l'attention, c'est la hausse de la participation qui concerne presque toutes les régions. "En moyenne le taux de participation aux élections des parlements locaux a augmenté de 8%, passant depuis la dernière édition de 43% à 51%", s'est félicité le chef de la Commission électorale centrale Vladimir Tchourov. En Tchoukotka, la participation du milliardaire Roman Abramovitch a conféré une dimension "people" au scrutin, contribuant peut-être à la hausse de 20% de la participation.

Autre facteur déterminant, les observateurs n'ont pas relevé de violation susceptible de menacer la légitimité du vote, même si des infractions ont été relevées. "Il faut saluer la très bonne idée consistant à impliquer des observateurs de la société civile, ainsi que ceux des partis dans les bureaux de vote", a souligné le député allemand Haiko Kosel. "Cette démarche a réellement conféré une transparence accrue au vote".

"Nous n'avons pas détecté de fraudes massives, susceptibles de jeter le doute sur les résultats du scrutin", a indiqué Dmitri Orlov, coprésident de l'association "Elections honnêtes".

Le scrutin n'a pourtant pas été exempt d'anicroches: l'ONG Contrôle citoyen a indiqué avoir reçu 213 plaintes par SMS. L'association GOLOS relève elle aussi de nombreuses infractions, tandis que le parti d'opposition Iabloko évoque sur son site des "malversations commises par Russie unie et Russie juste", notamment des cas de bourrages d'urnes.

Changement de ton

Tous les regards sont désormais tournés vers les élections législatives de fin d'année 2011, et la présidentielle de 2012. Malgré la nette victoire de Russie unie, Vladimir Poutine a affiché un ton extrêmement conciliant, priant les membres de son parti de s'abstenir de piques trop virulentes à l'encontre de l'opposition. "Les forces politiques d'opposition sont là pour critiquer les forces politiques dirigeantes du pays (…) C'est normal, il ne faut pas se fâcher, jurer, il faut juste faire son travail de façon efficace".

Raisons de ce revirement? Les mauvais résultats de Russie unie, affirme Vladimir Milov, opposant accusé par Poutine il y a quelque temps de n'être intéressé que par l'"argent et le pouvoir". "Ils se sont vautrés dans la neige, et désormais ils sont en très mauvaise posture pour les élections à la Douma", assure-t-il.

Quoi qu'il en soit, cette ouverture pourrait indiquer le parti au pouvoir ne ferme pas les portes à une coopération avec les autres forces politique pour gouverner à partir de décembre prochain. Selon un haut responsable de Russie unie, Alexeï Tchesnakov, l'objectif de Russie unie n'est pas la majorité absolue à la Douma, mais une "majorité assurée". "Sera-t-elle absolue ou simple, mais solide, cela dépendra de nombreux facteurs, dont il est prématuré de parler", a-t-il indiqué au journal Kommersant.  

 

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