Le scandale à propos du soldat Bradley Manning, incarcéré pour avoir transmis des documents secrets à WikiLeaks, fait boule de neige aux Etats-Unis. Il est menacé de la peine capitale. Des actions de protestation ont lieu en sa faveur, il est aussi la cause d’importants remaniements dans l’administration. Le Parquet de l’armée soupçonne Manning des fuites de notes diplomatiques qui ont nourri WikiLeaks. Il est accusé de « collusion avec l’ennemi », soit de haute trahison. Aux Etats-Unis, la haute trahison est sanctionnée par la mise à mort.
Le procès de Manning aura lieu en mai prochain. Mais il est déjà clair que le verdict sera lourd, a estimé Sergueï Sokolov, expert du centre Analytique et sécurité.
« Des décisions à ce niveau ne sont jamais prises dans le cadre de la Constitution. Ni la justice, ni le Pentagone ne décident seuls. Ce type de cas fait toujours l’objet d’une entente. Il est difficile de faire des pronostiques. Mais je pense qu’on se contentera d’une réclusion à vie pour Manning », reprend Sergueï Sokolov.
Le parquet militaire des Etats-Unis considère que Manning est coupable et que cela est prouvé. Mais l’analyse des faits connus amène les spécialistes à se poser la question suivante : comment un soldat a t-il pu obtenir l’accès à des documents secrets ? « Peut-être, qu’il est simplement un pion dans un grand jeu politique », fait remarquer l’expert.
« Je crois que ce que WikiLeaks et d’autres sites publient chez nous et à l’étranger n’est qu’un règlement de comptes, une lutte interne entre des groupes. Ce sont des structures fortes qui règlent des comptes entre eux. Mais pour nous, citoyens, c’est très bien. La société apprend tout cela. La publication et la résonnance dans l’opinion, c’est seulement ainsi qu’il est possible de combattre tout ce que décrit WikiLeaks », souligne Sergueï Sokolov.
La veille, une nouvelle action en faveur de Manning s’est déroulée devant le Pentagone. Les manifestants parlaient de violation des droits de l’homme en prison militaire près de Washington et réclamaient la libération du prévenu.
Le département d’Etat américain s’est trouvé impliqué dans cette situation. Jeudi, son ex-porte-parole, Philip Crowley, a qualifié le traitement de Manning par le ministère de la Défense de « ridicule, contre-productif et stupide ». Ces paroles lui ont valu son poste. Le lendemain le Pentagone a démenti officiellement ces propos. Le président des Etats-Unis Barack Obama a qualifié d’ « adéquates » les mesures prises à l’égard du prévenu. Lundi, M. Crowley démissionnait.
