La Lybie de Kadhafi, une "prise de tête" qui durera longtemps pour l'Occident?

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La réponse à la question posée dans le titre, semble être évidente: cette "prise de tête" perdura encore longtemps, que les insurgés gagnent ou perdent face au colonel Kadhafi.


La réponse à la question posée dans le titre, semble être évidente: cette "prise de tête" perdura encore longtemps, que les insurgés gagnent ou perdent face au colonel Kadhafi. Sauf que, dans le dernier cas, la prise de tête deviendra carrément un gros problème.

Les protestations contre le régime Kadhafi avaient, dès leur début, une large différence des scénarios de révoltes en Tunisie et en Egypte. Les armées de ces pays avaient aussitôt soutenu la population et ont laissé possible le changement de régime sans faire guère de victimes. Alors qu'en Lybie, le noyau le plus combatif et le mieux équipée de l'armée libyenne a gardé la loyauté au colonel, qui serait également soutenu par une partie de la population. L'arabiste russe Alexeï Podtserob va même plus loin pour affirmer que la source des protestations à Benghazi, chef-lieu de la province orientale de Cyrénaïque, pourrait résider dans le séparatisme et la concurrence entre différentes tribus libyennes.

L'armée de Kadhafi contrôle déjà une plus grande partie du pays et s'approche de la capitale des insurgés. Le Conseil national de transition, formé à Benghazi, s'est proclamé le seul organe législatif légitime du pays. En tant que tel, il a été reconnu vendredi 11 mars au sommet européen à Bruxelles. Ce sommet extraordinaire a été initié par Paris et Londres qui prônaient une intervention militaire de l'OTAN et de l'UE en Lybie. Les autres Etats de l'Union n'ont pas soutenu l'idée de la nécessité d'une telle intervention mais ont transmis la responsabilité pour cette décision au Conseil de sécurité des Nations unies. L'Union africaine s'est également prononcée contre une intervention militaire. A Addis-Abeba, le commissaire à la paix et à la sécurité de l'organisation, Ramtane Lamamra, a déclaré aux journalistes: "Le Conseil réaffirme son ferme engagement en faveur du respect de l'unité et de l'intégrité territoriale de la Lybie, ainsi que son rejet de toute forme d'intervention militaire". La Conseil de la Ligue arabe, à la réunion au Caire samedi 12 mars, au niveau des chefs des diplomaties, s'est aussi prononcé contre toute ingérence militaire dans le conflit libyen. Même en France il y a des voix qui se dressent contre la politique des forcées armées à l'égard de Tripoli. Ainsi, le directeur de l'Institut des relations internationales et stratégiques à Paris, Pascal Boniface, dans une interview à la chaîne Euronews, a estimé qu'une intervention militaire en Lybie sans l'autorisation du Conseil de sécurité des Nations unies signifierait un échec politique pour l'OTAN.

La Russie, qui s'est joint aux sanctions internationales contre Tripoli, continue d'insister, de son côté, sur l'inadmissibilité de recours à la force. Jeudi 10 mars, le chef de la diplomatie russe, Serguei Lavrov, répondaient aux questions des journalistes à la conférence de presse conjointe avec le ministre des Affaires étrangères de la RDC, Alexis Thambwe. L'une des questions posées à M. Lavrov était "est-ce que la Russie, au sein du Conseil de sécurité, soutiendrait la résolution sur l'imposition de la zone d'exclusion aérienne sur la Lybie et sur d'autres mesures restrictives à l'égard des autorités libyennes si une telle résolution était déposée à l'examen du Conseil de sécurité?". Voici la réponse du ministre:

"Il est clair qu'il s'agit là d'une question purement hypothétique car aucune proposition de ce genre n'avait pas encore été déposée au Conseil de sécurité. En revanche, une résolution visant à empêcher les violences en Lybie, la résolution 1970, a été adoptée. (…) Quant à la poursuite de ces discussions, je vous rappelle que le secrétaire général de l'ONU a nommé, un de ces jours, son représentant spécial pour la Lybie qui doit se rendre, dans l'immédiat, dans la région pour y inspecter la situation humanitaire. Nous allons attendre le rapport de ce représentant au Conseil de sécurité pour avoir une image claire et nette de ce qui se passe dans ce pays. (…) L'essentiel maintenant est d'avoir une analyse objective et indépendante de se qui se passe en Lybie."

Quelque soit la résolution du conflit en Lybie, elle apportera de nombreux risques aux pays occidentaux. Imaginons que le conflit en Lybie se solde par la défaite des insurgés. Dans ce cas le Conseil national de transition devrait émigrer en Europe. Les pays occidentaux et leurs sociétés, implantées en Lybie, auraient alors beaucoup de peine pour rétablir leurs relations avec Tripoli. Plus probable est la solution où Kadhafi essuiera une défaite et devra partir. Mais dans ce cas le colonel a déjà averti les Européens des nombreux problèmes qui s'abattraient sur leurs pays: l'immigration, Ben Laden, l'islamisme radical… Une "prise de tête" qui promet d'être longue.

 

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