L’Afrique noire, peut-elle évoluer suivant le scénario tunisien?

L’Afrique noire, peut-elle évoluer suivant le scénario tunisien?
L’Afrique noire, peut-elle évoluer suivant le scénario tunisien? - Sputnik Afrique
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L’époque des changements a commencé dans certains pays nord-africains : d’abord en Tunisie, ensuite en Egypte où une vague de protestations du peuple a fait écrouler les gouvernements et les régimes.

L’époque des changements a commencé dans certains pays nord-africains : d’abord en Tunisie, ensuite en Egypte où une vague de protestations du peuple a fait écrouler les gouvernements et les régimes. Ces changements se sont opérés suivant le dénommé « scénario tunisien » des « révolutions des dattes ». La situation dans les pays africains subsahariens, peut-elle évoluer de cette manière ? On ne saurait répondre à cette question que par l’affirmative. Cela concerne tant le scénario tunisien que libyen beaucoup plus dur. Le monde entier suit attentivement les reportages des chaînes de télévisions internationales sur les événements en Libye. Il est sans doute insensé d’apprécier tous les pays africains d’après les mêmes critères, écrit Alexei Grigoriev. Dans certains d’entre eux les problèmes sociaux entraînent des protestations mais les origines sont différentes. Ainsi, le pouvoir en Egypte a été renversé suite à l’émeute des pauvres alors qu’en Tunisie – c’est la classe moyenne qui s’est insurgée indignée par le degré de corruption de l’élite politique. En Libye ce sont les chefs des tribus qui protestent contre le clan de Mouammar Kadhafi et le pays est en proie à une guerre civile. Donc, le scénario tunisien est suivi dans plus d’une quarantaine de pays subsahariens, au moins dans les rapports entre l’élite au pouvoir et le peuple. Les révolutions dans le monde arabe sont regardées avec espoir par les peuples d'Afrique subsaharienne mais avec inquiétude par nombre de ses dirigeants, la pauvreté, l'absence de liberté et la corruption étant autant de maux propres à y déchaîner la colère populaire. Il existe des pays qui sont sur le point de suivre le scénario libyen », en premier lieu la Côte d’Ivoire. La confrontation entre le camp du président élu par voie démocratique Alassana Ouattara reconnu par la plupart de la communauté internationale, y compris africaine, et le camp du président sortant Laurent Gbagbo qui n’abandonne pas, malgré la pression, ses prérogatives entraîne régulièrement des affrontements armés avec emploi des armes lourdes. « Le Figaro » écrivait il y a une semaine que Guillaume Soro, le premier ministre d’Alassane Ouattara avait appelé les Ivoiriens à « s’organiser pour construire la révolution » comme en Egypte et en Tunisie, pour déloger du pouvoir le président Laurent Gbagbo. «Le peuple de Côte d’Ivoire doit faire sa révolution. Il ne doit pas attendre la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest et l’Union africaine. Il doit prendre son destin en main et chasser Gbagbo du pouvoir », a- t-il déclaré. Selon lui, « l’UA et tout ça, c’est trop long. En Egypte et en Tunisie, est-ce qu’il y avait l’UA ? », s’est-il questionné, en référence à la chute des régimes égyptien et tunisien. Les présidents du Zimbabwe, de Guinée équatoriale, d’Angola, de Cameroun, du Tchad sont au pouvoir depuis 20-30 ans et répriment cruellement toute tentative de l’opposition de mettre fin à leurs régimes autoritaires. D'autres, moins répressifs, comme le Mozambique et le Burkina-Faso, où jouissant de démocraties réelles comme l'Afrique du Sud et le Sénégal, restent minés par l'extrême pauvreté de la majorité de leur population. « La révolte populaire en Afrique du Nord va inspirer l'Afrique subsaharienne de l'Angola au Burkina Faso, du Nigeria à l'Erythrée », estime Shehu Sani, militant nigérian des droits de l'homme: « la question n'est pas de savoir si le soulèvement populaire aura lieu mais quand ». Ainsi, le président ougandais Yoweri Museveni au pouvoir depuis 1986 vient d’être réélu pour le nouveau mandat quinquennal malgré la résistance de l’opposition en s’appuyant sur l’armée qui est transformée en fait en « milice politique » au service de l’élite. En 2011 le « scénario tunisien » est encore plus probable, au moins dans douze pays d’Afrique subsaharienne où se dérouleront les présidentielles. Il est possible que leur bilan provoque des manifestations de masse. Les élections débouchent souvent en Afrique noire sur les affrontements cruels, et l’on ne saurait que le regretter. Le ministre d’Etat et chef de la diplomatie sénégalaise Madické Niang ayant visité récemment Moscou sur invitation de son homologue russe Serguei Lavrov a signalé dans une interview accordée à notre correspondant certains facteurs qui pourraient prévenir l’aggravation des conflits socio-politiques d’après le « scénario tunisien ».

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