A la fin de cette semaine la Lybie a été regagnée par les bouleversements populaires secouant ces jours la plupart des pays arabes. Des manifestations virulentes ont eu lieu dans l'est du pays. Il y a des morts et des blessés.
A la différence des autorités tunisiennes et égyptiennes, les autorités libyennes ont décidé de recourir la force contre les opposants au régime. Samedi, à Bengazi, les affrontements entre les forces spéciales libyennes et les manifestants se sont soldés par environ deux cents morts et huit cents blessés du côté des manifestants. Tirant leçon des événements à Tunis et au Caire, les autorités libyennes ont préféré s'appuyer sur les forces spéciales plutôt que sur l'armée. En même temps, les media officiaux démentissent l'ampleur des manifestations et accusent la presse étrangère d'exagérer l'importance des manifestations en Lybie. Ceci dit, les autorités se sont déjà souciées de couper l'accès national à Internet pour empêcher la coordination des actions par les manifestants. Une autre précaution, prise par les autorités, était l'arrestation de plusieurs dizaines de ressortissants des pays arabes. Selon l'agence officielle libyenne Jana, les arrêtés appartenaient à un "réseau étranger" dont l'objectif visait à saper la sécurité de l'État.
Diaporama: La Libye se révolte contre Kadhafi
Les manifestations revendiquant le départ de Kadhafi continuent depuis mardi. Les militants, parviendront-t-ils à atteindre leur objectif? Voici l'opinion de Gueorgui Mirskoï, orientaliste de l'Institut de l'économie et des relations internationales:
"Je pense que Kadhafi parviendra à maintenir le contrôle sur la situation. Leader charismatique, populiste, il s'appuie sur la garde et sur l'armée. Celles-ci craignent le changement du pouvoir. C'est le contraire de l'Égypte. Là-bas, l'armée jouit d'une large popularité, et au moment crucial elle a décidé de destituer Moubarak, de faire un pas vers les manifestants, sachant qu'elle n'y perdait rien. En Lybie c'est tout le contraire."
Kadhafi s'appuie sur encore un facteur puissant. Le pays connait un niveau de vie assez élevé, plus élevé qu'en Égypte ou en Tunisie. Le gouvernement tire de grands revenus de ses exportations du pétrole et il peut les investir dans la stabilisation de la situation. Quant à Kadhafi, il est décidé d'aller jusqu'au bout et de ne rien céder à ses opposants politiques.
