Le Maroc tire les enseignements des événements en Tunisie et en Egypte

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Le Maroc, s’avérera-t-il dans la zone d’une puissante turbulence provoquée par


Le Maroc, s’avérera-t-il dans la zone d’une puissante turbulence provoquée par les manifestations de masse dans les pays nord-africains ayant entraîné l’écroulement du régime du président Hosni Moubarak en Egypte et précédemment du président Zine El Abidine Ben Ali en Tunisie ? Cette question n’est pas rhétorique, loin s’en faut, écrit Alexei Grigoriev, et la réponse n’est pas univoque. D’une part, les « révolutions des dattes » en Tunisie et en Egypte ont déjà traduit le potentiel colossal de protestations, notamment des jeunes. Les jeunes constituent la majorité des habitants de ces deux pays tout comme, d’ailleurs, des Etats voisins. La mentalité des jeunes se distingue de celle des autres. Ils ont d’autres valeurs et conceptions et considèrent le grand slogan de la révolution française « Liberté, égalité, fraternité » comme l’appel à occuper une place digne dans la société. Lorsque l’Etat ne parvient pas pour telle ou telle raison à satisfaire les besoins sociaux et matériaux des jeunes et ne correspond pas à leur mentalité, ils ne s’attendent pas à un avenir meilleur et protestent contre les leaders de l’Etat. C’est pour ça que les jeunes ont constitué été les initiateurs des manifestations antigouvernementales en Tunisie et en Egypte. Les autorités algériennes craignent aujourd’hui un regain d’activité des mouvements des jeunes. Est-ce maintenant le tour du Maroc ? On ne saurait pas l’exclure. Fait révélateur : le Maroc a réagi d’une manière réservée à la chute du régime Moubarak ayant suscité une vague de joie et d’enthousiasme dans la plupart des pays arabes. Selon l’AFP, environ 200 personnes ont manifesté vendredi soir dans le centre de Rabat pour saluer le départ du président Moubarak et la « victoire" du peuple égyptien. « C'est une page nouvelle dans l'histoire du monde arabe et de l'humanité. Les dirigeants arabes doivent prêter attention aux doléances de leurs peuples », a déclaré l'un des organisateurs, Khalid Sefiani, avocat et président d'un collectif de soutien aux peuples palestinien et irakien. Trois manifestations seulement de solidarité avec l’Egypte ont été engages ces deux dernières semaines à Rabat ayant réuni de 100 à 200 personnes chacune. La situation au Maroc, est-elle vraiment aussi stable que les réformes ne s’imposent pas ? Certes, il nen est pas ainsi. Or, la modernisation politique, économique et sociale du Royaume qu’a promise solennellement en accédant en 1999 au trône le roi Mohammed VI porte ses fruits et neutralise la tendance aux protestations. Il convient de mentionner parmi les avantages du Maroc « la légitimité de sa monarchie », poursuit Alexei Grigoriev. Le Maroc est une « monarchie constitutionnelle », dans laquelle le monarque dispose de pouvoirs très étendus. Les prérogatives illimitées empêchent, semble-t-il, le roi d’appliquer les réformes supposant la modernisation totale de la société marocaine et le renforcement du potentiel économique du Royaume. Fait révélateur : la «Justice et Bienfaisance, l’un des mouvements les plus représentatifs au Maroc qui revendique jusqu'à 200 000 adhérents, ne conteste pas la légitimité de la monarchie mais refuse de reconnaître le statut de « Commandeur des croyants » du souverain chérifien. Convenez : il est peu probable qu’un tel mot d’ordre soulève des millions de Marocains à la lutte contre les autorités. « La « singularité » du pays, du fait notamment des réformes politiques engagées de longue date, a permis au Maroc d'affronter avec beaucoup de sérénité la zone des tempêtes », a fait valoir le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement Khalid Naciri. Reconnaissant qu'il existe « des déficits sociaux » dans le pays, le ministre a souligné que le gouvernement « traitait la question des revendications sociales en les considérant comme légitimes ». « Nous essayons de prendre le problème à bras le corps », a-t-il dit, en invoquant aussi la nécessité de préserver les grands équilibres économiques du pays. M. Naciri a indiqué que le gouvernement allait proposer entre 1500 et 2000 postes aux diplômés-chômeurs qui manifestaient depuis des années devant le parlement à Rabat. Ces diplômés-chômeurs, qui demandent à entrer dans la fonction publique, avaient suspendu leur mouvement il y a deux semaines, après avoir reçu des assurances du gouvernement. Interrogé sur une éventuelle accélération du processus de réformes au Maroc, M. Naciri a déclaré: « Nous fonctionnons selon notre propre rythme, mais je dois dire qu'ici ou là tout le monde exprime le besoin de passer à la vitesse supérieure ». Les réformes sont appliquées, peut-être plus lentement qu’il est nécessaire et les partenaires européens du Maroc le reconnaissent. Ainsi, le Commissaire européen à l'élargissement Stefan Füle a demandé aux autorités marocaines d'aller plus loin dans les réformes en particulier pour l'éradication de la pauvreté. Mais les autorités se déclarent « sereines », soulignant que le pays est « engagé depuis longtemps dans un processus irréversible de démocratie ». Elles ont toutefois maintenu les subventions pour éviter une hausse des prix des denrées de base comme la farine, le sucre ou le gaz butane. Selon le speaker de la Chambre des conseillers (Sénat marocain) cite récemment par l’agence RIA Novosti et le secrétaire général du «Parti Authenticité et Modernité» Mohamed Cheikh Biadillah, 5 sur 32 millions d’habitants du Maroc sont considérés relativement pauvres et 4 millions d’autres ont des revenus ne dépassant pas deux dollars par jour. Le taux de chômage demeure élevé. Or, plus de 3 millions de personnes participent, grâce aux efforts du gouvernement, à toutes sortes de projets et programmes de lutte contre la pauvreté. Un autre exemple : le programme de construction du logement supposant l’aménagement en 2011 de 145 mille appartements évalués à 25 mille dollars chacun. Le gouvernement déploie les efforts substantiels en vue de développer les PME. Tout porte à croire, a dit pour conclure Mohamed Cheikh Biadillah, que le Maroc ne constituera pas un nouveau maillon d’une chaîne de « révolutions de dattes » en Afrique du Nord.

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