Munich: les thèmes de l'ABM et de la sécurité en concurrence

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La conférence de Munich sur la sécurité s'est ouverte samedi sous le signe d'une intrigue diplomatique: les nouvelles menaces à la sécurité gêneront-elles ou, au contraire, favoriseront-elles la discussion entre la Russie et l’OTAN sur la défense antimissile (ABM) commune.

La conférence de Munich sur la sécurité s'est ouverte samedi sous le signe d'une intrigue diplomatique: les nouvelles menaces à la sécurité gêneront-elles ou, au contraire, favoriseront-elles la discussion entre la Russie et l’OTAN sur la défense antimissile (ABM) commune.

Bien sûr, il faut tenir compte du fait qu’à l’instar de la conférence de Davos, consacrée à l'économie, celle de Munich n'adopte ni décisions ni résolutions. On y exprime des idées dans un cadre informel. Les points de vue exposés sont synthétisés ensuite en décisions prises par les gouvernements, mais ce processus est très lent et sinueux.

La vaine tentative d’oublier le Proche-Orient

Comme Davos, cette ancienne conférence de l’OTAN (qui voit cette année la participation d’une cinquantaine de chefs d’Etat et de ministres) aspire à la globalité, mais en réalité il y est avant tout question de la sécurité dans l’espace euro-atlantique. Or, les menaces à la sécurité de cet espace émanent généralement de l’extérieur.

Et cette fois il ne fait aucun doute que les idées les plus intéressantes concerneront les révoltes en Egypte, en Tunisie et au Proche-Orient. La part d'improvisation sera importante étant donné que ces événements sont récents. Ce que diront à ce sujet la Secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, le conseiller de Barack Obama pour la sécurité nationale Tom Donilon et le reste de l’équipe n'en sera que plus intéressant.

On pourrait formuler la question de la manière suivante: nous allions à peine nous retirer d’Irak et d’Afghanistan et vous, nos frères européens, pendant tout ce temps ne vouliez même pas entendre parler de l'aide sérieuse que vous pouviez, ou ne pouviez pas nous apporter.. Et qu’allons-nous faire maintenant face à des menaces qui sont plus importantes et plus sérieuses qu’en Irak et qu’en Afghanistan.

Un singe devant un ordinateur

Mais aucune information n'a filtré au sujet des déclarations à venir. Par contre, il y en a concernant la menace antérieure pour nos sociétés et nos Etats. Ce sont les cybermenaces. Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague avait promis de parler de la nécessité d’un "code de conduite international" sur internet et de sa volonté d'organiser prochainement une conférence sur ce thème à Londres.

Apparemment, la cybermenace pour la communauté ne relève pas du terrorisme classique, mais de ce qu’on appelle "l’affaire Julian Assange." D’une manière ou d’une autre, ce thème sera forcement abordé à Munich.

Le thème est clair. L’utilisation intelligente des technologies informatiques a permis à Barack Obama d’arriver au pouvoir aux Etats-Unis. Et c’est une bonne chose. Mais dans le cas présent, la "liberté d’internet" à montré ces capacités en Tunisie et en Egypte, en menaçant de concrétiser plus grand cauchemar du début des années 2000: la guerre totale des extrémistes musulmans contre l’Occident. Il s’est avéré que dans tous les cas, les initiateurs des actions de protestation étaient des clones locaux d’Assange. Des "combattants de la liberté" avec peu d’éducation, un esprit grégaire, le sentiment d’infériorité, la haine contre le gouvernement et tous ceux qui ont réussi dans la vie. On connaît l’expression du "singe avec un fusil." Mais l'image du singe devant un ordinateur est tout aussi éloquente. Internet et les réseaux sociaux se sont avérés être des armes à double tranchant. Est c’est bien là le problème.

La Russie et l’OTAN: amis ou ennemis?

Et bien sûr Munich devait devenir le lieu d'une discussion décisive, franche et ouverte entre les représentants de Moscou et de l’OTAN concernant l’ABM. La question était posée de la manière suivante: si après la signature et la ratification du Traité de réduction des armes stratégiques (START) il n’y avait aucun progrès concernant l’ABM, notamment en Europe, Moscou prendrait des mesures de "rétorsion" pour se défendre.

L'OTAN affirme qu'il faut parler du système ABM commun avec la Russie et il est nécessaire, d’une certaine manière, d’être amis. Moscou estime que si les discussions servent à couvrir la création par les Etats-Unis et l’OTAN de leur propre ABM, dirigé en fait contre la Russie, dans ce cas les progrès survenus récemment dans les relations entre la Russie et l’Occident sont totalement vains.

Tout ceci masque une histoire longue et intéressante. Le fait est que Dmitri Medvedev et Barack Obama ne sont pas les premiers à avoir "redémarré" les relations russo-américaines et russo-occidentales. Cela s’était déjà produit. On pourrait se rappeler Mikhaïl Gorbatchev, qualifié d’ami par Ronald Reagan. Ou George Bush qui a regardé Vladimir Poutine dans les yeux (à l’issue de cette rencontre, les Etats-Unis et la Russie ont signé une déclaration stipulant que les pays n’étaient plus ennemis). Ou deux documents sur les principes des relations entre la Russie et l’OTAN (signés en 1997 et en 2002).

Mais les événements réels (la guerre en Yougoslavie en 1999 ou dans le Caucase en 2008) ont montré que les papiers n’avaient aucune utilité. Un bureaucrate expérimenté expliquera que les autres documents, au niveau inférieur, sont restés les mêmes. Selon ces derniers nous sommes toujours ennemis. Et les déclarations sont seulement faites pour rassurer les naïfs.

Il est temps d’avancer

Cette fois, Moscou et les forces politiques importantes américaines et européennes ont sincèrement tenté d’avancer. Dmitri Medvedev s'est rendu au sommet de l’OTAN à Lisbonne le 19 novembre 2010 et a promis de "s'atteler au développement du partenariat stratégique", et à la même occasion Moscou a été invité à participer au système ABM commun. L'actuelle conférence de Munich s’est déplacée à Moscou pour une réunion spéciale en octobre 2010. D’ailleurs elle a été présidée par Wolfgang Ischinger, principal organisateur des conférences de Munich. Mais dans l’ensemble, les déclarations n’apportent rien.

Il faut faire quelque chose de tangible pour abattre le mur de la méfiance. A Munich on saura s’il est possible de le faire, notamment lors des nombreuses consultations entre experts.

Il est impossible d’attendre plus longtemps pour des raisons techniques: au cours de l’année, des décisions seront prises pour déterminer s’il faut créer un système ABM conjoint ou deux systèmes ABM distincts.

Ce n’est pas Dmitri Medvedev mais le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov qui s’est rendu à Munich pour présenter le rapport sur l’ABM. Lors de la conférence de presse en janvier, le ministre avait déjà annoncé sa position, et elle n’a pas dû changer au cours des derniers jours.

En ce qui concerne les thèmes de la sécurité qui ont fondu sur les invités à Munich, ils pourront influencer la question de l’ABM de deux manières. La première: tout le monde comprend que la Russie n’est pas un ennemi, laissez-nous tranquilles avec votre ABM, nous avons des problèmes ici. La seconde: toutes les menaces apparues dernièrement sont telles que la position de la Russie est importante. Pour cette raison il est nécessaire de créer un système ABM commun.

Ce texte n’engage pas la responsabilité de RIA Novosti
La conférence de Munich sur la sécurité s'est ouverte samedi sous le signe d'une intrigue diplomatique: les nouvelles menaces à la sécurité gêneront-elles ou, au contraire, favoriseront-elles la discussion entre la Russie et l’OTAN sur la défense antimissile (ABM) commune.

Bien sûr, il faut tenir compte du fait qu’à l’instar de la conférence de Davos, consacrée à l'économie, celle de Munich n'adopte ni décisions ni résolutions. On y exprime des idées dans un cadre informel. Les points de vue exposés sont synthétisés ensuite en décisions prises par les gouvernements, mais ce processus est très lent et sinueux.

La vaine tentative d’oublier le Proche-Orient

Comme Davos, cette ancienne conférence de l’OTAN (qui voit cette année la participation d’une cinquantaine de chefs d’Etat et de ministres) aspire à la globalité, mais en réalité il y est avant tout question de la sécurité dans l’espace euro-atlantique. Or, les menaces à la sécurité de cet espace émanent généralement de l’extérieur.

Et cette fois il ne fait aucun doute que les idées les plus intéressantes concerneront les révoltes en Egypte, en Tunisie et au Proche-Orient. La part d'improvisation sera importante étant donné que ces événements sont récents. Ce que diront à ce sujet la Secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, le conseiller de Barack Obama pour la sécurité nationale Tom Donilon et le reste de l’équipe n'en sera que plus intéressant.

On pourrait formuler la question de la manière suivante: nous allions à peine nous retirer d’Irak et d’Afghanistan et vous, nos frères européens, pendant tout ce temps ne vouliez même pas entendre parler de l'aide sérieuse que vous pouviez, ou ne pouviez pas nous apporter.. Et qu’allons-nous faire maintenant face à des menaces qui sont plus importantes et plus sérieuses qu’en Irak et qu’en Afghanistan.

Un singe devant un ordinateur

Mais aucune information n'a filtré au sujet des déclarations à venir. Par contre, il y en a concernant la menace antérieure pour nos sociétés et nos Etats. Ce sont les cybermenaces. Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague avait promis de parler de la nécessité d’un "code de conduite international" sur internet et de sa volonté d'organiser prochainement une conférence sur ce thème à Londres.

Apparemment, la cybermenace pour la communauté ne relève pas du terrorisme classique, mais de ce qu’on appelle "l’affaire Julian Assange." D’une manière ou d’une autre, ce thème sera forcement abordé à Munich.

Le thème est clair. L’utilisation intelligente des technologies informatiques a permis à Barack Obama d’arriver au pouvoir aux Etats-Unis. Et c’est une bonne chose. Mais dans le cas présent, la "liberté d’internet" à montré ces capacités en Tunisie et en Egypte, en menaçant de concrétiser plus grand cauchemar du début des années 2000: la guerre totale des extrémistes musulmans contre l’Occident. Il s’est avéré que dans tous les cas, les initiateurs des actions de protestation étaient des clones locaux d’Assange. Des "combattants de la liberté" avec peu d’éducation, un esprit grégaire, le sentiment d’infériorité, la haine contre le gouvernement et tous ceux qui ont réussi dans la vie. On connaît l’expression du "singe avec un fusil." Mais l'image du singe devant un ordinateur est tout aussi éloquente. Internet et les réseaux sociaux se sont avérés être des armes à double tranchant. Est c’est bien là le problème.

La Russie et l’OTAN: amis ou ennemis?

Et bien sûr Munich devait devenir le lieu d'une discussion décisive, franche et ouverte entre les représentants de Moscou et de l’OTAN concernant l’ABM. La question était posée de la manière suivante: si après la signature et la ratification du Traité de réduction des armes stratégiques (START) il n’y avait aucun progrès concernant l’ABM, notamment en Europe, Moscou prendrait des mesures de "rétorsion" pour se défendre.

L'OTAN affirme qu'il faut parler du système ABM commun avec la Russie et il est nécessaire, d’une certaine manière, d’être amis. Moscou estime que si les discussions servent à couvrir la création par les Etats-Unis et l’OTAN de leur propre ABM, dirigé en fait contre la Russie, dans ce cas les progrès survenus récemment dans les relations entre la Russie et l’Occident sont totalement vains.

Tout ceci masque une histoire longue et intéressante. Le fait est que Dmitri Medvedev et Barack Obama ne sont pas les premiers à avoir "redémarré" les relations russo-américaines et russo-occidentales. Cela s’était déjà produit. On pourrait se rappeler Mikhaïl Gorbatchev, qualifié d’ami par Ronald Reagan. Ou George Bush qui a regardé Vladimir Poutine dans les yeux (à l’issue de cette rencontre, les Etats-Unis et la Russie ont signé une déclaration stipulant que les pays n’étaient plus ennemis). Ou deux documents sur les principes des relations entre la Russie et l’OTAN (signés en 1997 et en 2002).

Mais les événements réels (la guerre en Yougoslavie en 1999 ou dans le Caucase en 2008) ont montré que les papiers n’avaient aucune utilité. Un bureaucrate expérimenté expliquera que les autres documents, au niveau inférieur, sont restés les mêmes. Selon ces derniers nous sommes toujours ennemis. Et les déclarations sont seulement faites pour rassurer les naïfs.

Il est temps d’avancer

Cette fois, Moscou et les forces politiques importantes américaines et européennes ont sincèrement tenté d’avancer. Dmitri Medvedev s'est rendu au sommet de l’OTAN à Lisbonne le 19 novembre 2010 et a promis de "s'atteler au développement du partenariat stratégique", et à la même occasion Moscou a été invité à participer au système ABM commun. L'actuelle conférence de Munich s’est déplacée à Moscou pour une réunion spéciale en octobre 2010. D’ailleurs elle a été présidée par Wolfgang Ischinger, principal organisateur des conférences de Munich. Mais dans l’ensemble, les déclarations n’apportent rien.

Il faut faire quelque chose de tangible pour abattre le mur de la méfiance. A Munich on saura s’il est possible de le faire, notamment lors des nombreuses consultations entre experts.

Il est impossible d’attendre plus longtemps pour des raisons techniques: au cours de l’année, des décisions seront prises pour déterminer s’il faut créer un système ABM conjoint ou deux systèmes ABM distincts.

Ce n’est pas Dmitri Medvedev mais le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov qui s’est rendu à Munich pour présenter le rapport sur l’ABM. Lors de la conférence de presse en janvier, le ministre avait déjà annoncé sa position, et elle n’a pas dû changer au cours des derniers jours.

En ce qui concerne les thèmes de la sécurité qui ont fondu sur les invités à Munich, ils pourront influencer la question de l’ABM de deux manières. La première: tout le monde comprend que la Russie n’est pas un ennemi, laissez-nous tranquilles avec votre ABM, nous avons des problèmes ici. La seconde: toutes les menaces apparues dernièrement sont telles que la position de la Russie est importante. Pour cette raison il est nécessaire de créer un système ABM commun.

Ce texte n’engage pas la responsabilité de RIA Novosti

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