Un spectacle pittoresque a précédé le sommet de l’UA tenu le 30 janvier à Addis-Abeba ayant suscité un vif intérêt des habitants de la capitale éthiopienne : les hauts participants sont arrivés au quartier général de l’UA en Mercedes 230. Or, ces véhicules ont été achetés par l’empereur Hailé Selassié en prévision du premier sommet des pays africains ayant institué l’OUA le 25 mai 1963. L’image politique du continent a sensiblement changé depuis. L’empereur a été renversé en septembre 1974 et l’OUA a été transformée en UA en 2002. Conformément à la Charte de l’UA, un sommet sur deux se déroule à Addis-Abeba et les délégués y arrivent en ces « Mercedes ». « Il est difficile d’énumérer tous ceux qui voyageaient en ces véhicules ces 50 dernières années », a dit avec fierté le mécanicien Melese Shibeshi aux journalistes. Le sommet, écrit Alexei Grigoriev, a réuni les chefs d’Etat et de gouvernement de 30 pays. Les délégués des pays d’Afrique noire, les responsables de l’UA et le secrétaire général de l’ONU Ban Ke-Moon ont participé au 15ème sommet à Campala. La France préside actuellement le G8 et le G20 et c’est pour ça, probablement, que le président Nicolas Sarkozy a été l’unique leader occidental invité au sommet. « Vers une coopération et une intégration plus étroite grâce aux valeurs communes », telle est l’idée maîtresse du sommet. Ce problème a été plus d’une fois porté à l’ordre du jour des sommets et n’a pas été activement débattu cette fois. Par contre, la crise en Côte d’Ivoire, le référendum au Soudan du Sud, les problèmes somaliens, la situation en Tunisie et en Egypte, l’économie du continent et les perspectives d’assistance internationale dans le contexte d’une brusque montée des prix aux marchés mondiaux des vivres ont suscité des débats acharnés. Le président Sarkozy a abordé ces sujets dans son allocution au sommet. Ayant signalé le succès du continent dans le règlement de la crise mondiale, il a accordé une grande attention aux aspects politiques ayant dit que la France était toujours prête à jouer le rôle d’ambassadeur d’Afrique devant la communauté financière mondiale. Voici les extraits de l’allocution empruntés au site officiel de l’Elysée.
Tout porte à croire, écrit notre observateur, que le président Sarkozy a évité d’aborder les questions urgentes dans son allocution de plus de vingt minutes. Or, il a mentionné avec un optimisme non dissimulé le nom du président de Guinée Alpha Conde. Les élections authentiquement démocratiques ayant assuré la victoire à Alpha Conde se sont déroulées pour la première fois depuis 52 ans de dictature militaire. La Guinée mérite aujourd’hui le droit de servir d’exemple pour plusieurs pays du continent. Cela est d’autant plus important que les présidentielles et les législatives doivent avoir lieu cette année dans près de vingt pays du continent. Il importe qu’ils ne suivent pas le scénario postélectoral ivoirien ayant entraîné une crise politique profonde. Jean Ping, président de la Commission de l’AC, qui a dit sans ambages que «l’UA reconnaissait Monsieur Alassane Dramane Ouattara comme Président élu ». Poursuivant, Jean Ping a insisté pour dire que « l’UA ne reviendrait pas en arrière». Autrement dit, il a exigé à nouveau de la part de la Communauté internationale, de l’UA et de la CEDEAO la démission de Laurent Gbagbo s’étant proclamé chef de l’Etat. Ce dernier a, d’ailleurs, ses partisans au sein de la communauté africaine. Les délégués au sommet ont adopté à l’unanimité la décision de former le palet des présidents de Mauritanie, d’Afrique du Sud, du Tchad, de Tanzanie et du Burkina Faso chargé de régler dans l’espace d’un mois le problème de la présidence en Côte d’Ivoire. Le groupe annoncera sa décision sous le nouveau président de l’UA : le Président équato-guinéen Théodoro Abiang Nguema.