Cette semaine le traité STARTIII a été ratifié par les deux chambres du parlement russe. Le 4-6 février à Munich la Russie et les Etats-Unis vont s'échanger les lettres de ratification mettant en vigueur le traité.
La durée du traité est de dix ans après quoi il pourrait être prolongé encore de cinq ans. Mais la ratification du document par les parlements des deux pays s'est accompagnée par nombre de réserves qui peuvent réduire à néant les bonnes intentions à sa base bien avant la date limite de son expiration.
La décision sur le lancement de négociations pour la mise au point d'un nouveau traité avait été adopté par les présidents de la Russie et des Etats-Unis à Londres le 1 avril 2009. Après un travail intense le 8 avril 2010 à Prague les présidents ont signé le traité en s'entendant pour une ratification simultanée dans les parlements. Mais l'opposition des républicains au Sénat américain a failli faire échouer la ratification. A quelques jours du Nouvel An les sénateurs ont finalement ratifié le traité en l'accompagnant d'une multitude de réserves. Ces réserves peuvent porter un coup fatal au traité, estime le directeur du Centre d'études politiques, Vladimir Evseev.
"Premièrement, les réserves incluent la nécessité de poursuivre les travaux dans la création des lignes de défense antimissile en Europe. Si ces travaux sont effectués sans une participation de la Russie, Moscou peut avoir des inquiétudes bien fondées. Surtout en 2018, l'année à laquelle est fixée le déploiement des anti-missiles en Pologne."
L'une des résolutions note la nécessité pour Washington et Moscou de commencer les négociations sur les armes nucléaires tactiques. Les deux pays ont pourtant des approches substantiellement différentes à ce problème. Les armes tactiques russes sont déployées à l'intérieur du territoire du pays. Tandis que celles américaines sont déployées notamment en Europe. Avant de commencer les négociations Washington devrait le retirer de l'Europe. C'est l'une des réserves faites par les députés russes à la ratification du traité.
Désormais les armes nucléaires tactiques deviendront un des thèmes clés dans les relations russo-américaines, estime Pavel Zolotarev, adjoint au directeur de l'Institut des Etats-Unis et du Canada.
"Mais l'essentiel, ce n'est pas le niveau des armes nucléaires tactiques, mais leur emplacement. La position des Etats-Unis est déjà exprimée dans la nouvelle stratégie de l'OTAN adoptée à Lisbonne. Elle soulève le retrait d'Europe des armes nucléaires tactiques américaines et russes. Mais lorsque les Etats-Unis retirent les armes à l'intérieur de leur propre pays, la Russie en revanche est censée de limiter le déploiement de ces armes sur sa partie européenne ce qui est inacceptable."
Les experts estiment que les négociations autour du problème des armes nucléaires tactiques et du bouclier antimissile commun en Europe seront plus dures que lors de l'élaboration du traité START. Pour assurer une approche responsable et pondérée à ces problèmes de la sécurité mondiale Moscou et Washington devront faire preuve de beaucoup de volonté politique.
