Cette affaire, vieille de plus de dix ans, fait un véritable nœud gordien. Loin de se résoudre, elle se complique et s’envenime. Les téléspectateurs russes revoient de temps en temps sur leurs petits écrans une femme avec des traces de fatigue sur le visage qui semblent lui offrir un soutien sans condition : l’actrice Natalia Zakharova n’a toujours pas retrouvé le droit de garde de sa fille Macha, séparée de sa mère, et mène une lutte solitaire contre le Goliath de l’injustice. L’affaire connaît des rebondissements comme celui d’il y a quelques jours : « la police française a interpellé l'actrice russe Natalia Zakharova venue en France pour assister aux audiences judiciaires sur la garde de sa fille Macha âgée de 15 ans », rapporte le correspondant de RIA Novosti. L’actrice risque trois ans de prison. « Tout cela pour trop aimer sa fille », vont s’indigner beaucoup d’âmes sensibles en Russie. Car l’affaire émeut jusqu’aux larmes.
Disons à ceux qui n’en savent rien : depuis 1998, Natalia Zakharova, est séparée de sa fille Maria, née en 1995 de son mariage avec le Français Patrick Ouary. Après leur divorce, les autorités judiciaires françaises ont placé Macha, contre la volonté de sa mère, dans une famille d'accueil pour lui éviter de rester au centre du conflit qui oppose ses parents. Une histoire de couple déchirante et tragique, dans laquelle les deux parties ont commis des erreurs. Celles de Natalia sont pourtant graves : non respect des droits du père, tentatives illégales d’emmener sa fille à Moscou et surtout l’incendie volontaire dans l’appartement de son ex-époux. Ce dernier acte a poussé les autorités françaises à la poursuivre en justice. Sommes-nous devant une femme désespérée ? Certainement. Une femme qui a tout essayé pour récupérer sa fille : les médias, la Cour européenne des droits de l'homme, et même la haute diplomatie : son affaire a, à une époque, fait l'objet d'un entretien particulier entre Jacques Chirac et le président Vladimir Poutine. La partie adverse, celle de M. Ouary. évoque de sa part des menaces, des intimidations et, particulièrement, le peu de responsabilité chez la mère de Macha. Et c’est loin d’être tout. Il est clair que malgré son haut degré de médiatisation l’affaire est tellement confuse qu’elle ne permet pas de porter des jugements rapides et rend douteuses toutes tentatives d’instrumentalisation – assez fréquentes, avouons-le, face à la hausse des situations conflictuelles dans les foyers mixtes.
Le Ministère français des affaires étrangères vient d’annoncer la création d’un conseil franco-russe pour la solution des conflits familiaux, avec la participation des deux parties. Voilà enfin un bon augure.