Le partage du Soudan met en cause la sécurité de plusieurs pays africains

Le partage du Soudan met en cause la sécurité de plusieurs pays africains
Le partage du Soudan met en cause la sécurité de plusieurs pays africains - Sputnik Afrique
S'abonner
Les membres du CS de l’ONU ont apprécié positivement le 18 janvier le référendum sur le futur statut du Soudan du Sud.


Les membres du CS de l’ONU ont apprécié positivement le 18 janvier le référendum sur le futur statut du Soudan du Sud. Le référendum ayant duré une semaine depuis le 9 janvier s’est déroulé dans une ambiance calme, constatent, en particulier, les observateurs internationaux. Le bilan du référendum sera rendu public vers février. Or, les experts indiquent que la majorité absolue des Soudanais du Sud, les habitants du Nord du pays et de plusieurs pays étrangers se sont prononcés pour le séparer de Khartoum. Les procédures doivent être terminées vers le 9 juillet qui sera le Jour de l’indépendance du nouvel État. «Le Soudan et toute l’Afrique peuvent être fiers d’avoir créé le modèle de partage civilisé qui peut servir d’exemple aux autres», a déclaré le représentant permanent soudanais à l’ONU. Le référendum dans le Sud du Soudan s’est déroulée conformément à l’accord de paix de 2005 ayant mis fin à la guerre civile entre le Nord arabo-islamique et le Sud afro-chrétien du pays ayant duré un demi-siècle et fait plus de deux millions de victimes. Il convient de féliciter les Soudanais du Sud et Khartoum ayant accepté leur choix. Dans le même temps, écrit Alexei Grigoriev, il est pratiquement impossible de présager si une cohabitation pacifique des deux parties d’un pays sera prolongée. L’initiative d’un représentant soudanais à l’ONU de mettre à profit l’expérience soudanaise de règlement des conflits interethniques et interconfessionnels est, semble-t-il, infondée. Cette confrontation a provoqué une guerre civile en 1955. Une victoire de l'option sécessionniste mènerait à la partition du Soudan, plus vaste pays d'Afrique, pourrait avoir l’effet domino et entraîner un regain d’activité du séparatisme sur le continent. Plusieurs pays africains : les plus grands et petits en ressentent l’effet. Au micro le chef du Comité international du Conseil de la Fédération, chambre haute du parlement russe, Mikhaïl Marguelov :

«Il convient de rappeler que le principe d’intangibilité des frontières en Afrique a été spécifié lors de la formation de l’UA et l’unique partage sanctionné par l’Union est celui de l’Erythrée et de l’Ethiopie. C’est pour ça que la situation en Somalie est aussi compliquée. C’est pour ça que toute tentative de partager un État africain suivant le principe ethnique est interprétée comme le séparatisme et est proclamée illégale. Si le référendum au Soudan débouche sur le partage du pays, l’UA et l’ONU seront contraintes de le reconnaître. Or, cela ne signifie pas qu’elles sanctionneront le partage des États africains suivant le principe ethnique ou religieux. L’Afrique a hérité de l’époque coloniale un partage territorial pas toujours équitable au mépris de la spécificité ethnique ou religieuse des colonies. Ouvrir la boîte de Pandore signifierait un crime».

La République démocratique du Congo a été en proie à trois dénommées «guerres du Shaba» provoquées par les séparatistes de la province Katanga, la plus riche en ressources minérales. Or, la première tentative de séparer la Katanga a été entreprise aussitôt après le 30 juin 1960 lorsque le Congo, colonie belge, a eu accédé à l’indépendance. La lutte contre les séparatistes de Katanga a entraîné la mort du premier chef du gouvernement congolais Patrice Lumumba assassiné il y a un demi-siècle : le 17 janvier 1961. Des tentatives de partager le Congo ont été entreprises dans les années 1990 et après 2000 lorsqu’un conflit sérieux a éclaté dans l’Est du pays qualifié, d’après son ampleur, de «première guerre mondiale» en Afrique. Le conflit a été provoqué par le Rwanda et l’Ouganda voisins ayant insisté sur la fondation de l’État tutsi, tribu habitant au Rwanda, au Burundi et au Congo. Il a été proposé, en outre, d’instituer un État hutu en déplaçant les Hutus du Rwanda et du Burundi au Congo. Le conflit a été finalement réglé mais les tendances séparatistes ne sont pas disparues. Le Nigeria, pays africain géant de 150 millions d’habitants, est constamment menacé de partage. Ce pays a déjà connu une guerre pour la séparation du Biafra, l’État le plus riche du pays essentiellement chrétien. Le leader libyen Mouammar Kadhafi s’est prononcé pour désintégrer le Nigeria en deux États pour mettre fin aux violences religieuses entre les habitants islamiques des États du Nord et ceux du Sud chrétien sur le modèle de l'ex-Yougoslavie. « Les propos sensibles et souvent irresponsables du colonel Kadhafi, ses attitudes théâtrales et sa grandiloquence chaque fois qu'il en a l'occasion sont trop nombreuses pour être énumérées», a dit le ministère nigérian des Affaires étrangères. D’autres pays du continent se montrent sérieusement préoccupés par le séparatisme. Au Sénégal une telle menace émane des séparatistes de la province Casamance. L’Angola est préoccupée par les intentions des séparatistes du Cabinda de former un État indépendant. Ainsi, il existe beaucoup d’États menacés de séparatisme ethnique ou religieux. On ne saurait pas affirmer que le scénario pacifique de règlement du problème au Soudan s’avère aussi inoffensif dans d’autres pays et régions africains.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала