Les aiguilleurs du ciel de l’aérodrome « Smolensk – Severny » ont agi sous pression et ont ainsi mal guidé les pilotes de l’avion du président polonais Lech Kaczynski, qui volait dans des conditions météorologiques difficiles. C’est ce qu’a déclaré le ministre de l’Intérieur polonais et chef de la commission d’enquête nationale, Jerzy Miller. Or, des experts internationaux réputés, dont certains sont polonais, sont persuadés que l’équipage de l’appareil Toupolev-154 est responsable du crash. C’est aussi ce qu’ont démontré les résultats de l’enquête du Comité intergouvernemental d’aviation (MAK).
Les accusations polonaises portent sur les contrôleurs aériens de l’aérodrome. Ils auraient prévenu trop tard les pilotes quant au danger de voler aussi bas et ne les auraient pas informés de la nécessité de se dérouter vers un autre aérodrome. Or, le vol de l’avion qui transportait Lech Kaczynski avait le statut international. Celui-ci ne prévoit pas la fermeture des aérodromes pour de mauvaises conditions météorologiques.
La tentative de rendre coupable les contrôleurs aériens contredit le règlement des vols internationaux, a indiqué un expert renommé de l’aviation, Andreï Fomine.
« Nous savions que ce vol, indépendamment du type d’appareil, serait effectué selon les règles de l’aviation civile internationale. Par conséquent, le vol doit se conformer à ces règles qui ne sont à mettre en doute. La décision concernant l’atterrissage, comme tout le parcours du vol, est prise par le commandant de bord. Il est possible de conseiller de dérouter l’avion vers un autre aérodrome pour de mauvaises conditions météorologiques. Cela a d’ailleurs été fait. Un contrôleur aérien peut interdire l’atterrissage pour des problèmes liés à l’aérodrome où l’appareil se prépare à atterrir et non à cause de mauvaises conditions météorologiques », reprend-il
Les déclarations polonaises au sujet d’une « pression » exercée sur les contrôleurs aériens russes sont infondées. Le chef de la commission technique du MAK, Alexeï Morozov a soutenu, le 12 janvier, que la totalité des enregistrements des communications du service des aiguilleurs du ciel avaient été analysés par des experts indépendants puis transmis à la Pologne. Ils démontrent que les contrôleurs aériens ont agi indépendamment, sans aucune « pression ». Pour éclairer ces questions, le MAK a décidé de publier, avec autorisation des chefs de l’enquête, la copie intégrale des enregistrements de toutes les communications et conversations
Le rapport de Jerzy Miller n’a révélé aucun détail prouvant que les contrôleurs aériens russes avaient volontairement induit en erreur l’équipage de l’avion. L’ingénieur Thomas Hypki, secrétaire du Conseil d’aviation de Pologne, s’en est dit convaincu.
Ils ont transmis à l’équipage uniquement les renseignements indiqués par leurs appareils. Ils n’ont jamais dit qu’il faisait beau alors que le temps était mauvais. Les conditions météorologiques ne permettaient pas qu’un avion atterrisse. Les aiguilleurs du ciel l’ont maintes fois répété. Quant à la décision d'atterrir ou non, elle ne pouvait et ne devait être prise que par les Polonais. « L’information que nous a fournie la commission Miller n’a rien ajouté de substantiel à la situation. On ne peut pas accuser les Russes uniquement parce qu’ils sont Russes et blanchir les pilotes ou les hommes politiques polonais seulement parce qu’ils sont Polonais. Je le dis en tant que patriote polonais ».
Selon Thomas Hypki, les principales questions qui se posent sont liées à la qualité de la préparation de ce vol, aux raisons qui ont poussé l’équipage à poser l’avion et à la décision de ne pas s’être dérouté vers un autre aérodrome.
En tant qu’organisation internationale jouissant de l’autorité, le MAK s’est exprimé très clairement à ce sujet : les fautes de l’équipage qui a subi une pression des passagers de l’avion présidentiel polonais sont à l’origine du crash dramatique.