Le gazoduc Nabucco est-il en péril ?

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Le couloir sud est une équation à multiples inconnues pour l’Union européenne. C’est ainsi que les experts russes qualifient le projet d’acheminement du gaz de la région caspienne vers l’Europe du Sud en contournant la Russie.

Le couloir sud est une équation à multiples inconnues pour l’Union européenne. C’est ainsi que les experts russes qualifient le projet d’acheminement du gaz de la région caspienne vers l’Europe du Sud en contournant la Russie. Ce projet a émergé après la visite du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso en Azerbaïdjan et au Turkménistan.

Bakou et Achkhabad ont confirmé leur soutien politique à Nabucco, l’un des trois gazoducs du futur couloir sud à travers la Turquie. Cependant, les présidents azéri et turkmène ont laissé entendre que pour eux, il ne s’agissait pas d’un slogan politique mais d’un intérêt économique. Bien plus, le président turkmène a noté la priorité du partenariat de son pays avec la Russie dans le domaine pétro-gazier, et a parlé notamment de la haute valeur de l’expérience des compagnies russes. Le président de la Commission européenne n’a rien trouvé à répondre ; il n’a cité aucun investisseur, aucune compagnie intéressés dans la construction du couloir sud. Voici l’opinion de Serguei Pravosoudov, directeur de l’Institut de l’énergie nationale :

« En fait, la visite de M.Barroso n’a rien ajouté au projet Nabucco. L’Azerbaïdjan avait déjà dit qu’il était prêt à vendre son gaz à tout consommateur prêt à payer un prix acceptable. Mais si un contrat avait été signé engageant l’Azerbaïdjan à fournir du gaz, s’il y avait eu des prix définis, des volumes de livraisons, alors cela aurait constitué une avancée sérieuse. Mais il n’y a rien eu de tel. Fut signé un nouveau protocole d’entente ».

En outre, le gaz azéri ne suffirait pas à remplir le gazoduc Nabucco si jamais il était construit, a noté le directeur de l’Institut d’études de pétrole et de gaz, Anatoli Dmitrievski :

« L’Europe devra chercher d’autres fournisseurs de gaz dont l’adhésion au projet est assez problématique. La participation du Turkménistan repose sur la résolution du litige sur les territoires sud de la mer Caspienne, y compris le litige sur les champs gaziers revendiqués tant par le Turkménistan que par l’Azerbaïdjan. Tant que ce désaccord territorial n’est pas résolu, la connexion du gaz turkmène à Nabucco sera reportée. L’adhésion de l’Iran se heurte à des problèmes politiques. Tandis que l’idée d’un acheminement du gaz irakien n’est pas du tout à l’ordre du jour ».

Un autre problème pour l’UE sont les risques d’acheminement du gaz caspien vers le sud de l’Europe via la Turquie. Voici l’opinion du politologue Iosif Diskin :

« Compte tenu de la question kurde en Turquie qui provoque toujours plus de tensions, les investisseurs vont penser dix fois avant d’investir dans un couloir aussi explosif. En même temps, les livraisons de gaz russe via l’Ukraine ou par le futur gazoduc South Stream sont beaucoup plus sûre. L’Europe devient progressivement consciente qu’il lui vaut mieux avoir affaire à une Russie stable que de se jeter dans des aventures géopolitiques au Proche Orient où l’on ne sait jamais où cela va exploser ».

Le couloir sud est tout de suite devenu une équation à multiples inconnues. Vu le bilan de la visite de Barroso à Bakou et à Achkhabad, la Commission européenne semble vouloir reléguer la solution de cette équation aux investisseurs et aux opérateurs gaziers. Cependant, ces derniers ne sont pas pressés d’accepter la donne ayant comme alternative des marchés stables et des couloirs sûrs.

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