L'annonce du départ de Ben Ali dans la nuit de vendredi à samedi après un mois de contestation a été suivie de scènes de pillages par des bandes semant la terreur dans les rues de Tunis, ont rapporté des témoins. L'armée a été déployée pour tenter de rétablir l'ordre alors qu'un couvre-feu nocturne a été décrété. Le départ de Ben Ali pourrait ne pas suffire à combler les aspirations au changement des manifestants, qui contestent plus globalement le régime mis en place par l'ancien chef de l'État.
Ben Ali a cédé le pouvoir à son Premier ministre Mohamed Ghannouchi, nommé chef de l'État par intérim. M. Ghannouchi, qui a prévu de diriger le pays jusqu'à la tenue d'élections, est intervenu par téléphone en direct à la télévision pour assurer qu'il mettrait tout en oeuvre afin de rétablir l'ordre. Il a prevu de mener des consultations samedi en vue de la formation d'un nouveau gouvernement d'unité.
«Je rencontrerai les représentants des partis politiques afin de former un gouvernement qui, je l'espère, répondra aux attentes», a-t-il dit dans une interview téléphonique avec une chaîne de télévision privée. Cette promesse pourrait ne pas satisfaire les manifestants. «Demain, nous serons de retour dans la rue pour poursuivre cette désobéissance civile jusqu'à la chute du régime. La rue a parlé», a déclaré Fadhel Bel Taher, dont le frère est l'une des dizaines de personnes tuées depuis le début du mouvement de contestation.