Ce qui se passe autour de cette catastrophe n’est qu’un exemple de ce comment l’Etat cesse en fait de fonctionner. Quand il devient impossible d’établir même un horaire normal pour le trafic ferroviaire ! Les autoroutes aussi sont chez nous tout simplement catastrophiques. Et donc, l’état de l’aviation, surtout militaire, ne fait pas exception. Malheureusement, le désordre général et le refus des hommes politiques d’assumer la responsabilité pour les décisions prises ne font que détériorer la situation. Et pourtant ce n’est pas la première catastrophe aérienne à se produire en Pologne. On peut rappeler l’accident de l’hélicoptère du Premier ministre Miller : alors tous n’ont survécu que par miracle. La situation est telle que l’irresponsabilité des politiques entraîne celle de tous les autres, y compris des pilotes et de tous ceux qui préparent directement les vols. De ce point de vue, l’Etat polonais fonctionne de manière fatale, et, hélas, il n’y a pas d’espoir que la situation change rapidement vers le mieux, puisque personne ne montre de volonté politique dans ce sens.
Monsieur l’ingénieur, à votre avis peut-on mettre un point final à l’enquête de la catastrophe près de Smolensk ou bien c’est quand même un point de suspension ?
Je crois que les débats politiques vont se poursuivre, c’est évident. Parce qu’une partie veut endosser la responsabilité aux Russes – et ce sont les « dividendes » du parti d’opposition « Droit et Justice », donnant dans la russophobie et gagnant des points auprès des électeurs. Tandis que l’autre partie – gouvernemental – cherche à décliner toute responsabilité. Les pilotes se trouvent à la fin même de cet enchaînement, où l’on observe l’absence de toute responsabilité et en tout. On savait que c’était un aérodrome fermé et pourtant on a pris la décision de le choisir pour point de destination. Je pense que beaucoup de « choses différentes » nous attendent encore. Mais si la Pologne veut fonctionner normalement, il convient d’infléchir cette tendance, et j’espère que de tels hommes politiques vont tôt ou tard se manifester. Je voudrais attirer l’attention aux paroles du président Komorowski : « La vérité est telle qu’elle est. Elle est tragique pour les Polonais, et toute la responsabilité incombe à la partie polonaise, y compris à l’équipage, qui a été mal formé, et le vol n’a pas été préparé ».
Je vous remercie pour cet entretien, monsieur l’ingénieur