Les événements en Côte d’Ivoire et l’unité africaine

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La Côte d’Ivoire est depuis près de six semaines en état «ni guerre ni paix», écrit Alexei Grigoriev. La Commission électorale centrale a proclamé à l’issue du second tour des présidentielles tenu le 28 novembre Alassane Ouattara chef de l’État.


La Côte d’Ivoire est depuis près de six semaines en état «ni guerre ni paix», écrit Alexei Grigoriev. La Commission électorale centrale a proclamé à l’issue du second tour des présidentielles tenu le 28 novembre Alassane Ouattara chef de l’État. Le président sortant Laurent Gbagbo la accusée de falsification. Le Conseil constitutionnel a soutenu Gbagbo lui ayant laissé le mandat présidentiel. Ainsi, on est en présence d’une dualité du pouvoir: deux présidents, deux gouvernements et leurs partisans. La dualité du pouvoir a provoqué une crise politique sérieuse ayant placé le pays au seuil d’une guerre civile. Pour prévenir le pire scénario en Côte d’Ivoire et éviter l’emploi de la force, la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) regroupant 14 pays de la région a convoqué un sommet urgent ayant exigé que Gbagbo transfère les prérogatives de chef de l’État à Alassane Ouattara. Sinon, la CEDEAO menace d’envoyer en Côte d’Ivoire les troupes collectives de 3 mille hommes. La CEDEAO a réservé à Gbagbo la possibilité de céder bénévolement la présidence et a envoyé la semaine dernière à Abidjan la mission de médiation : les présidents Boni Yayi (Bénin), Ernest Koroma (Sierra Leone) et Pedro Pires (Cap-Vert). La Mission a échoué, Laurent Gbagbo ayant refusé d’accomplir la décision de la Communauté. Gbagbo se sent parfaitement à son aise pendant cinq semaines qui se sont écoulées depuis le scrutin. Il contrôle toujours les médias y compris la télévision nationale et bénéficie de soutien de la plupart de l’armée ivoirienne. La mission de la CEDEAO s’est rendue à nouveau mardi dernier à Abidjan. Cette fois le Premier ministre kényan Raila Odinga envoyé par l'Union africaine y participe. « Cette mission de protection de la démocratie et de la voix du peuple en Côte d'Ivoire », a-t-il déclaré à une conférence de presse à Abidjan. Tout comme la CEDEAO, l’UA a exigé le départ de Gbagbo et a brandi la menace d'une opération militaire si le sortant refuse de se retirer et elle se prépare à une telle attaque, en « dernier recours » si la diplomatie ne donne rien. Cette fois les médiateurs ont enregistré des résultats positifs. Laurent Gbagbo a laissé entendre qu’il était prêt à s’entretenir avec son rival Alassane Ouattara et à lever le blocus de son quartier général à Golf Hôtel d'Abidjan gardé jour et nuit par 800 « casques bleus » du contingent onusien de près de 10 mille hommes stationné en Côte d’Ivoire sur décision du Conseil de sécurité. Gbagbo insiste sur le retrait du contingent en proposant, en tant que condition préalable des pourparlers, de former un Comité pour le règlement de la crise postélectorale. Le bilan de la Mission lors d’un entretien avec le président Alassane Ouattara est tout différent. Celui-ci a décliné les pourparlers avec le rival ayant exigé qu’il observe inconditionnellement les décisions de l’UA. Ouattara décline également l’idée de réviser le bilan du scrutin en déclarant que Gbagbo gagne tout simplement du temps. Devancé par son rival au plan informationnel et militaire, Alassane Ouattara bénéficie du soutien de la communauté internationale. Les États-Unis, la France, plusieurs pays de l’UE, l’ONU et l’UA ont adressé à Gbagbo l’ultimatum l’ayant exhorté à céder le pouvoir à Ouattara pour sortir du jeu en toute dignité. Le président américain Barack Obama y a fait allusion dans son message à Gbagbo ayant proposé de lui offrir, en cas de sa démission bénévole, un asile politique aux États-Unis. D’après certaines informations, le président Obama a essayé fin décembre de s’entretenir par téléphone avec Gbagbo mais celui-ci a refusé.

 

L’ancienne métropole, poursuit Alexei Grigoriev, doit sans doute jouer un rôle non négligeable dans la crise ivoirienne. La France a ses intérêts économiques et financiers sérieux en Côte d’Ivoire. La plus grande colonie française en Afrique : plus de 15 mille personnes s’est installée depuis longtemps dans ce pays. Au début de sa présidence Laurent Gbagbo a qualifié la France d’alliée. Aujourd’hui il l’accuse d’ingérence dans les affaires intérieures de la Côte d’Ivoire et, pour reprendre son expression, de participation au coup d’État du côté de son adversaire politique Ouattara. Gbagbo exige que Paris retire son contingent militaire : 900 soldats de la mission Licorne stationnés depuis 2000 pour protéger les citoyens français. En adressant ses vœux Nouvel An aux militaires à la base aérienne Saint Dizier, le président Sarkozy a déclaré que le contingent français ne saurait s’ingérer dans les affaires intérieures de la Côte d’Ivoire sans mandat de l’ONU, bien que le pays soit au seuil d’une guerre civile. Ayant reconnu légitime la position du peuple ivoirien qui a élu président Alassane Ouattara, Nicolas Sarkozy a exhorté les parties à régler le conflit par des moyens pacifiques. Selon le président nigérian Goodluck Jonathan présidant, en outre, la CEDEAO, elle sera aussi en quête d’une « issue diplomatique » à la crise ivoirienne. « Le règlement de la crise prendra du temps », a-t-il dit sur France Info. Selon lui, l'année politique en Afrique: avec 6 élections prévues cette année dont une tendue au Nigeria dépendra grandement du règlement de la crise ivoirienne. Si Gbagbo reste au pouvoir en Côte d’Ivoire, ce serait désastreux pour plusieurs pays de la région, a affirmé le président nigérian. « Il faut sortir de cette crise, estime le ministre sénégalais des affaires étrangères sur RFI. Il y va de la crédibilité de l'Afrique ».

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